Citation
N° Document : aramis/001
MINISTERE DE LA DEFENSE
Paris le 17 juin 1994
ETAT MAJOR DES ARMEES
14, rue Saint Dominique
00456 ARMEES
Declascifié nar décision
du ministre de (a Üéfense Tél : 42.19 41.48
N°" 622153 du 12H 2021
N° /DEF/EMA/COIA/CAS/CD
NOTE
pour le général de division commandant l'état-major interarmées
de planification opérationnelle
OBJET : Intervention au Rwanda.
La guerre civile au Rwanda et les massacres systématiques qui s'y
déroulent rendent inacceptable la situation dans ce pays. Le gouvernement
français envisage une intervention militaire avec dans la mesure du possible une
participation européenne et/ou africaine de faible niveau.
En conséquence, je vous demande de réaliser les travaux de
planification d'une intervention armée à but humanitaire au Rwanda.
Sa mission est de mettre fin aux massacres partout où cela lui sera
possible, éventuellement en utilisant la force.
Cette action, pour laquelle un mandat des Nations Unies est recherché,
devrait bénéficier des dispositions du chapitre VII de la Charte afin de permettre l’accomplissement de la mission.
Le découpage de cette opération est le suivant :
- dans un premier temps, marquer le caractère humanitaire de celle-ci
par la protection rapide de la zone de rassemblement des personnes déplacées
de Cyangugu, et simultanément se déployer sur la plateforme de GOMA ;
- dans un deuxième temps, contrôler progressivement l'étendue du pays
Hutu en direction de Kigali et intervenir sur les sites de regroupement pour
protéger les populations ;
- dans un troisième temps, passer le relais à la MINUAR II.
Le dispositif à mettre en place serait du volume d'un groupement
protégé de l’ordre de 2500 hommes, avec moyens d'appui organiques,
bénéficiant d'un soutien aérien appui et reconnaissance. L'emploi des unités
professionnalisées prépositionnées doit être recherché en priorité.
Le déploiement au Rwanda se ferait par voie routière à partir du Zaïre
depuis Goma, Bukavu et éventuellement, depuis Bujumbura.
Si le déploiement à Bujumbura devait être remis en cause, les unités
prévues pourraient être gardées en réserve Sur le théâtre, à la disposition du
commandant de l'opération.
Les conclusions de l'étude devront faire ressortir :
- la définition précise du groupement de forces à engager,
- une étude précise de la chronologie de l'engagement prenant en
compte l'intervention possible du COS dès sa mise en place à Bangui (1),
- les règles d'engagement et de comportement à adopter par nos
unités,
- l’organisation du commandement avec participation de l'EMIA au
PCIAT. Vous la définirez en liaison avec le général Lafourcade que le CEMA a
désigné pour commander l’opération.
Par ailleurs, le soutien logistique de l'opération devra être étudié pour
une durée de deux mois. Il pourra éventuellement être prolongé, en cas de
retard dans la mise en place de la MINUAR.
En outre, l'étude de cette opération sous commandement national doit
prévoir la possible participation de pays membres de l'UEO et africains.
Les travaux, qui devront revêtir un niveau de confidentialité élevé,
seront présentés au CEMA le lundi 20 juin 1994, dans la matinée (à confirmer).
Le Général de division R. GERMANOS
Sous-chef d'état-major "Opérations”
de l'état-major des armées
Déclassifié par décision
du ministre de la Défense
Copies à:
- EMAT
- EMAA
- EMM
1 - La planification des mouvements de mise en place des unités vers le théâtre sera prise en charge par le COIA/BTMAS.