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L’ancien secrétaire général de l’Elysée Hubert Védrine a dénoncé vendredi « les
accusations monstrueuses » sur son rôle et celui de la France dans le génocide
des Tutsi du Rwanda en 1994, lors d’une audience en diffamation contre l’ancien
militaire Guillaume Ancel.
L’ancien secrétaire général de l’Elysée Hubert Védrine a dénoncé vendredi « les
accusations monstrueuses » sur son rôle et celui de la France dans le génocide
des Tutsi du Rwanda en 1994, lors d’une audience en diffamation contre l’ancien
militaire Guillaume Ancel.
Près d’un an après la publication du rapport Duclert ayant conclu à des
« responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans cette tragédie, M.
Védrine poursuivait M. Ancel pour injure publique et diffamation.
En cause, une série de 24 publications, tweets et articles publiés par M. Ancel
entre mars et juillet 2021.
« A titre personnel, et en tant qu’ancien collaborateur et admirateur de
François Mitterrand, j’en suis arrivé à la conclusion que trop c’est trop », a
déclaré M. Védrine, en s’indignant à plusieurs reprises contre des
« accusations monstrueuses » et en se livrant une nouvelle fois à une défense
de la politique française menée par l’ancien président socialiste entre 1990 et
1994.
« Il est monstrueux de penser que la France de François Mitterrand a pu
contribuer, même de façon indirecte, à un génocide alors que la politique
française visait justement à l’empêcher », a-t-il dit, « même si elle n’a pas
réussi ».
Sur son propre rôle de secrétaire général de l’Elysée à cette période, « je ne
me suis jamais spécialement occupé de l’affaire du Rwanda, j’avais mille choses
à traiter », a-t-il affirmé.
« Lanceur d’alerte »
Premier à prendre la parole lors de l’audience, le prévenu Guillaume Ancel,
ex-militaire déployé au Rwanda pendant Turquoise, opération controversée
militaro-humanitaire française de fin juin à fin août 1994, a expliqué avoir
voulu demander des « explications » à des responsables d’une politique « qui
nous a menés aux portes de l’enfer ».
Il a estimé que son accusateur voulait « le faire taire », et l’a exhorté
d’avoir « le courage d’expliquer pourquoi, à l’Elysée, ils ont apporté un
soutien au régime génocidaire, quelles sont les raisons pour lesquelles ils se
sont fourvoyés à ce point ».
« Je n’ai jamais prêté d’intention génocidaire à M. Védrine », a répété M.
Ancel, tout en estimant que l’ancien responsable « portait des thèses
négationnistes en reprenant le thème du double génocide » contre les Hutu, ce
qu’a nié M. Védrine.
Dans sa plaidoierie, l’avocat de M. Védrine, Me Alexandre Mennucci, a accusé M.
Ancel d’avoir « bafoué la présomption d’innocence, le respect dû aux personnes,
ou l’exigence du respect d’un débat contradictoire ».
Le rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994, objet de débats passionnels
pendant des décennies, et qui a empoisonné les relations entre les deux pays, a
trouvé une réponse historique avec la publication du rapport Duclert en mars
2021. Ce rapport de plus de 1000 pages, fruit de deux années d’analyse des
archives françaises, a conclu aux responsabilités « lourdes et accablantes » de
la France et mis en cause le président d’alors François Mitterrand et son
entourage, « aveuglés idéologiquement ».
Le rapport Duclert, qui avait toutefois écarté toute « complicité » de génocide
de la France, a permis un réchauffement spectaculaire des relations entre Paris
et Kigali.
Le génocide au Rwanda, orchestré par le régime extrémiste hutu, a fait plus de
800.000 morts, essentiellement Tutsi, massacrés entre avril et juillet 1994.