Résumé
- The Quai d'Orsay confirmed earlier the closure of the French Embassy. Almost all of the French are now evacuated. But on the spot the fighting continues, they have already made thousands of deaths. And we fear a new bloodbath: the rebels this morning were preparing to return to Kigali.
- The French embassy in Kigali has closed its doors and the ambassador left the Rwandan capital early this morning.
- All this gives an impression of the beginning of an apocalypse, especially as at the side of the roads and tracks, we continue to see lynched bodies alongside which the probable murderers stand, axes and machetes in hand.
- The evacuation of the Belgians is also continuing, there were 1,500 in Kigali. 400 arrived in Brussels this morning, 400 more will be repatriated in the afternoon.
- At Roissy, 205 people arrived overnight. All of them tell of the terrible scenes they have lived through for the past five days. Yesterday, the Red Cross also took care of 80 orphans evacuated during the night.
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] Autre guerre maintenant, celle qui continue à faire rage au Rwanda en Afrique. Le Quai d'Orsay a confirmé tout à l'heure la fermeture de l'ambassade de France. La quasi-totalité des Français est maintenant évacuée. Mais sur place les combats continuent, ils ont déjà fait des milliers de morts. Et on craint un nouveau bain de sang : les rebelles ce matin s'apprêtaient à rentrer dans Kigali. Sur place, dans la capitale du Rwanda, notre envoyé spécial Gauthier Rybinski.
[Par téléphone, Gauthier Rybinski :] Les évènements se précipitent à Kigali. Durant la nuit des troupes du Front patriotique rwandais, qui s'oppose au pouvoir en place, se sont rapprochées de la capitale. Ce matin les tirs à l'arme lourde étaient encore plus perceptibles [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR au combat] et les troupes civiles et belges qui poursuivaient l'évacuation des civils étrangers ont fait accélérer le mouvement. Les militaires français du 3ème RPIMa attendent d'ailleurs l'ordre de plier bagages dans les plus brefs délais [on voit des soldats français au béret rouge en train d'évacuer des civils dans la capitale].
L'ambassade française à Kigali a fermé ses portes et l'ambassadeur a quitté tôt ce matin la capitale rwandaise [on voit deux hommes noirs et deux militaires français en train de brûler les archives de l'ambassade de France]. Tout cela donne une impression de début d'apocalypse, d'autant qu'au bord des routes et des pistes on continue d'apercevoir des corps lynchés aux côtés desquels se tiennent les meurtriers probables, haches et machettes à la main [diffusion d'images de cadavres jonchant les rues de Kigali ainsi que de la célèbre scène de massacre filmée par Nick Hughes]. Et lorsqu'elles ne tuent pas, ces armes servent au pillage en règle du magasin. Tout cela sous le regard des Casques bleus de l'ONU, présents depuis un an et demi au Rwanda et incapables d'empêcher le chaos.
[Jean-Pierre Pernaut :] Gauthier Rybinski nous l'a dit : les Français sont maintenant presque tous évacués. Il en reste quand même une centaine. L'évacuation des Belges se poursuit également, ils étaient 1 500 à Kigali. 400 sont arrivés à Bruxelles ce matin, 400 autres seront rapatriés dans l'après-midi. La communauté belge était la plus importante du Rwanda. Dès leur arrivée en Belgique en tout cas, le roi et la reine de Belgique ont rendu… visite à quelques…-uns de ces réfugiés évacués à l'hôpital [on les voit à l'image].
Et puis à Roissy, 205 personnes sont arrivées dans la nuit. Tous, euh, racontent les scènes épouvantables qu'ils ont vécu depuis cinq jours. Reportage d'Arnaud Lapeyre.
[Une femme noire : "On a pu apercevoir des morts pas très loin de chez nous…, étalés partout. Plus d'une dizaine de morts. Autour de nous seulement".
Un homme blanc : "Tout le monde a craint. Tout le monde… Non, vraiment, à ce moment-là, vous n'avez pas le choix, il faut…, il faut déguerpir, hein".]
[Arnaud Lapeyre :] Des scènes de violence et dans certains cas de massacres et de pillages, les ressortissants étrangers au Rwanda évacués vers la France ont été témoins des pires atrocités. Mais la plupart sont restés claquemurés chez eux en attendant d'être pris en charge par l'armée [on voit des Blancs sortir du terminal d'arrivée de l'aéroport Charles de Gaulle].
[Une autre femme noire : "On devait attendre que les militaires français viennent…, viennent nous délivrer, quoi. Parce que sinon, nous, on était restés à la maison, pendant quatre jours, sans courant, sans téléphone".
Une femme blanche : - "Personne ne sortait, personne. Vous n'aviez pas intérêt à sortir". Une journaliste : - "Pourquoi ?". Réponse : - "Parce que les gens étaient tous armés avec des machettes, avec tout. Ils auraient pu vous attraper, euh…, n'importe quel moment. Et ils pouvaient vous descendre, ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient".]
Pour certains, c'est le moment des retrouvailles et le soulagement d'avoir échappé au pire, même si l'on a dû laisser derrière soi des biens ou des amis.
[Une dame blanche, embrassant un enfant métis : "Eh bien, disons qu'on est déjà à l'abri. C'est déjà pas mal".
Un homme blanc : "C'est toujours regrettable de… [sourire ironique], de laisser un pays dans un…, dans une telle situation, un pays… Et puis les gens avec qui on a travaillé au quotidien pendant un certain temps, qui pour la plupart sans doute, sont…, sont morts maintenant".]
À Roissy hier [11 avril], la Croix-Rouge a également pris en charge 80 orphelins évacués dans la nuit. Les familles qui attendent encore leurs proches avec anxiété devraient les retrouver lors des rotations prévues dans les jours qui viennent.