Fiche du document numéro 29073

Num
29073
Date
Jeudi 14 octobre 2021
Amj
Taille
24704
Titre
La mémoire du Congo dormant dans les archives est enfin accessible
Sous titre
Toute la mémoire de l’Afrique centrale déposée en Belgique est désormais accessible via les Archives de l’Etat. Un « GPS de papier » sous forme de guide détaillé aide à parcourir 20 kilomètres d’archives soigneusement balisées.
Lieu cité
Source
Type
Blog
Langue
FR
Citation
C’est en Belgique que dort la mémoire du Congo, du Rwanda et du Burundi : depuis les premiers pas de Stanley mandaté par Léopold II pour lancer l’entreprise coloniale au cœur du continent, depuis le début de la tutelle belge sur les deux anciennes colonies allemandes à l’issue de la première guerre mondiale, l’Afrique centrale est entrée dans le temps de l’écrit.

Les textes sont innombrables : rapports rédigés par les administrateurs de territoire à l’issue de leurs missions sur le terrain, documents administratifs, militaires ou civils, études ethnologiques, évaluation des situations politiques, description des alliances conclues avec des notables locaux ou des résistances opposées par des indigènes à l’avancée coloniale, description de litiges fonciers, diaires produits dans les missions religieuses, notes consignées à l’issue des rencontres entre l’administrateur colonial et les chefs indigènes, dossiers personnels de milliers de fonctionnaires, comptabilité et rapports annuels des sociétés commerciales, notes rédigées par la Sûreté coloniale et jugements des tribunaux civils ou militaires… Sans oublier les cartes dessinées à la main, le relevé du cours des rivières et des pistes anciennes, la description minutieuse de la faune, de la flore, la cartographie des ressources minières et l’évaluation des gisements…

Dès leur arrivée au cœur de l’Afrique, les Belges, pour mieux dominer, ont voulu tout savoir, tout comprendre. Ils ont donc mesuré, décrit, analysé, raconté. Rentrés au pays, ils ont consigné par écrit leurs souvenirs, épinglé leurs photos dans des albums… Collecté par les administrations coloniales, les chefs militaires, les missionnaires, les colons, un savoir considérable a ainsi été engrangé. En Belgique, il a été consigné dans les armoires du Musée royal de l’Afrique centrale, ainsi que dans les archives de l’Etat, dans les caves de plusieurs musées, congrégations religieuses ou anciennes sociétés coloniales, soit plus de 80 institutions de conservation, sans oublier les greniers et les caves des milliers de particuliers… Soutenus par le secrétaire d’Etat pour la politique scientifique fédérale Thomas Dermine, les Archives de l’Etat et les chercheurs de Tervuren se sont lancés dans une entreprise de longue haleine, rassembler en un seul lieu l’ensemble du savoir colonial et le rendre accessible à un large public. Ce travail mené sous l’impulsion de Karel Velle, archiviste général du Royaume, de Guido Grysseels directeur du MRAC à Tervuren, de Pierre-Alain Tallier chef de département aux Archives de l’Etat, de Patricia van Schuylenberg chef du service Histoire et politique à Tervuren, vient d’aboutir, quelques semaines avant la fin des travaux de la commission consacrée à la colonisation. Cette dernière, qui réclamera certainement l’accès aux archives coloniales, recevra, sous forme d’un « Guide des sources de l’histoire de la colonisation » une sorte de GPS en deux volumes qui mènera chercheurs et curieux dans un dédale de vingt kilomètres d’archives linéaires soigneusement balisées. Ces documents minutieusement répertoriés résument toute la mémoire belge sur l’Afrique centrale, un savoir qui peut être découvert dans les locaux des archives de l’Etat ou être accessible gratuitement sur les sites internet www.arch.be, www.brepolsonline.net et www.africamuseum.be.

Un tel instrument de savoir devrait guider les chercheurs ou les curieux de notre pays, mais surtout il devrait restituer leur histoire aux Rwandais, dont les archives ont été détruites en 1994 alors qu’elles étaient déposées dans le stade de Kigali, aux Congolais qui après 1960 ont perdu 20 kilomètres d’archives et aux Burundais qui s’interrogent toujours sur leur histoire. Sans oublier les chercheurs du monde entier qui, au-delà des polémiques et des campagnes de diffamation, souhaiteraient progresser dans leur connaissance du cœur de l’Afrique…

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024