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Les écoles primaires de Kigali, dévastées et désolées, ont rouvert
leurs portes lundi pour une rentrée où de nombreux élèves manquent à
l'appel. Dans le centre scolaire Muhima au nord ouest de la ville,
Marie-Thérèse Minimongi, n'a retrouvé que vingt des quelque 100 élèves
de 3e CD qu'elle avait avant le 6 avril. Les autres sont morts, tués
par les miliciens extrémistes hutus, Interahamwe, ou se sont enfuis
avec leurs parents à l'arrivée des forces du Front patriotique
rwandais (l'ex-rébellion de la minorité tutsie) le 4 juillet).
Ils ont été remplacés par des petits élèves venus du Burundi, les
enfants des Tutsis qui avaient fui le pays après la révolution hutue
de 1959 et sont revenus après la victoire du FPR. La classe est dans
un état épouvantable, il y a des excréments sur le sol. Sur le tableau
noir, le mot Interahamwe est écrit. C'était pendant la guerre, dit
Marie-Thérèse.
Dans une autre classe, il est écrit à la craie: Tous les Interahamwe
doivent mourir. Le sol est jonché aussi de vieux cahiers et bulletins
scolaires. Avec quelques élèves, Marie-Thérèse, a commencé à faire le
ménage. Les autres sont alignés devant la porte et disent qu'ils sont
contents que l'école reprenne. Ils attendaient cela avec impatience
après des mois d'enfer, dit une mère.
Dans la classe voisine, la 3e EF, Facuzia Murekatete, qui dresse une
liste très précise des anciens et des nouveaux, n'a compté que 25 des
94 élèves qu'elle avait avant. Elle se désole de l'état de sa classe:
On ne nous avait pas dit, on nous a dit seulement de venir
aujourd'hui. C'est une rentrée sans livre, sans cahier, sans crayon,
les élèves n'ont rien, seulement un stylo et une feuille pour dresser
les listes.
Dans l'école de la Sainte-Famille, cette église qui fut un des hauts
lieux de l'horreur à Kigali, refuge toujours incertain de centaines de
gens totalement démunis, menacés par les Interahamwe, les classes sont
moins sales, juste vieilles et sombres. Je m'attendais à ce que ce
soit pire, dit Esther Mukambuje, les tableaux, les bancs sont en bon
état. Son mari a été tué. Elle a demandé à être affectée ici pour être
avec des parents, des amis. La directrice dresse les listes. Les
élèves chahutent comme à la récréation.
Par ailleurs, l'opération de rapatriement, par la Mission des Nations
unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), des Rwandais qui s'étaient
réfugiés dans la zone humanitaire sûre de l'opération française
«Turquoise», a commencé « à petite échelle » lundi, a indiqué le
porte-parole de la Minuar (ONU) à Kigali. Les réfugiés hutus doivent
être reconduits dans un premier temps dans les seules régions de
Butare et Gitarama et « pas plus loin dans le sud est du pays » comme
prévu. (AFP.)