Fiche du document numéro 28928

Num
28928
Date
Lundi 30 mai 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
13387718
Sur titre
Journal de 13 heures [3:16]
Titre
Dans les zones contrôlées encore par les forces gouvernementales, la vie des Tutsi regroupés dans des camps, que l'on peut appeler des camps de concentration, est plus que jamais menacée
Sous titre
À Kabgayi, la Croix-Rouge est totalement dépassée. Avec l'avance des rebelles, ce camp risque d'être en partie exterminé si aucun couloir humanitaire n'est ouvert.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- The rebel advance continues to cause the flight of thousands of Hutus. And in areas still controlled by government forces, the lives of Tutsi grouped together in camps, which we can call concentration camps, are more threatened than ever.

- In Kabgayi, the Red Cross is totally overwhelmed by the scale of the displacements. For Aalane Fereydoun, head of the mission of the Red Cross, "The others must come! Because it is the great catastrophe now here".

- With the advance of the rebels, the Kabgayi camp risks being partly exterminated if no humanitarian corridor is opened.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] À l'étranger toujours des combats à Kigali, au Rwanda, ce matin. L'avance des rebelles continue à provoquer la fuite de milliers de personnes, notamment des Hutu cette fois. Et dans les zones contrôlées encore par les forces gouvernementales, la vie des Tutsi regroupés dans des camps -- que l'on peut appeler des camps de concentration -- est plus que jamais menacée. À Kabgayi, reportage de nos envoyés spéciaux Marine Jacquemin et Thierry Froissart.

[Marine Jacquemin :] Ce voile blanc dans la misère souffle l'espoir [une incrustation "Camp de Kabgayie [Kabgayi], Rwanda" s'affiche à l'écran]. Elle s'appelle Bernadette, elle a 30 ans et appartient à l'ethnie tutsi, la plus menacée. Pour porter secours à ces milliers de personnes en détresse, elle risque sa vie à tout moment. Pour ce camp, elle est une Madone [on voit la Sœur Bernadette déambuler au milieu des réfugiés].

[Sœur Bernadette : "Au début quand ils ont commencé à venir, ils étaient au nombre de 8 000, on comptait dans les 8 000. Et maintenant ç…, ça va jusqu'à 14 000 !".]

La mission des frères des Sainte-Croix nous a accueilli pour la nuit. Des fenêtres de notre chambre monacal, la vision est difficile : être né du bon ou du mauvais côté. La nuit s'achève, pluvieuse. L'humidité les glace jusqu'aux os. Certains ont si froid qu'ils dorment debout. Ils manquent de tout : rares sont les tentes, à peine deux couvertures par famille [on voit des réfugiés pataugeant dans la boue, trempés de pluie, transis de froid et on entend des gens tousser]. Un repas tous les trois jours : du maïs qui provoque des diarrhées sanglantes. La Croix-Rouge installée en face est totalement dépassée par l'ampleur des déplacements.

[Aalane Fereydoun, "Chef Mission Croix Rouge, Camp de Kabgayie [Kabgayi]" : - "Ils livrent de la nourriture et des…, et des médicaments dans des autres camps, maintenant, qui sont surpeuplés. Il y en a environ 130 000 sur la route entre ici et Kigali. Et on est en train de livrer !". Marine Jacquemin : - "Vous êtes vous-même totalement dépassé par la situation ?". Réponse : - "Complètement débordé ! Et puis on est les seuls dans le pays pour le moment qui ont une présence. Il faut que les autres viennent ! Il y a…, parce que c'est la grande catastrophe maintenant ici".]

Dans un coin du camp, les plus forts creusent les tombes des plus faibles. Il meurt une dizaine de personnes par jour, voire plus [on voit des hommes en train de creuser des trous]. La faim, les épidémies mais aussi les viols et surtout les massacres qui continuent [on voit à l'image un jeune garçon noir au visage tuméfié et on entend une voix d'homme expliquer : "Il y avait des Interahamwe qui…" [la séquence est coupée]].

[Un homme noir précise : - "Il voudrait dire que… il y a des…, l'armée qui viennent ici pour…, pour prendre les…, prendre le monde ici". Marine Jacquemin : - "Oui". L'homme poursuit : - "Et qui le met…, et qui le…, le met dehors…, dehors ce camp, là. Et ils les tuent".

Sœur Bernadette : - "On vient, on cherche, on prend des gens, on les tue devant nous". Marine Jacquemin : - "Et vous-même, vous êtes tutsi ma sœur ?". Réponse : - "Oui [sourire inquiet]". Marine Jacquemin : - "Est-ce que vous n'avez pas peur ?". Réponse : - "Est-ce que je peux dire que je n'ai pas peur ? J'ai un peu peur mais… je dépasse ma peur".]

Car dans leur folie les femmes et les enfants ne sont pas épargnés. La Croix-Rouge aussi n'y peut rien changer [gros plan sur une maman et son bébé très amaigri].

[Aalane Fereydoun : "On essaie de contacter les autorités militaires mais hééé…, les autorités militaires, c'est où maintenant ?".]

Avec l'avance des rebelles, ce camp de Kabgayi risque d'être en partie exterminé si aucun couloir humanitaire n'est ouvert. Les uns après les autres nous lancent leurs appels au secours [gros plans sur des réfugiés totalement meurtris].

[Un homme noir : "J'écoute des radios étrangères. J'ai été en France depuis…, en 90. J'ai fait un stage là-bas. J'ai vu les médias. Il faut que vraiment l'opinion, tant nationale qu'internationale…, qu'internationale, soit vraiment, euh, sensibilisée sur les évènements et sur la tragédie du Rwanda".

Un autre homme noir ajoute : "Intervention rapide [un autre homme confirme : "Intervention rapide"]. Rapide ! Sinon des gens vont toujours mourir".]

On ne dira jamais assez qu'au Rwanda, il est encore urgent d'agir [gros plans sur des visages d'enfants qui regardent à travers un mur grillagé].

[Jean-Pierre Pernaut :] On revient en France avec, euh…, le cinquantenaire de la Libération. […]

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