Résumé
The Paris Armed Forces Tribunal is seized of all the archives of the Elysee Palace and very senior officials of the time, including the civilian and military advisers of the African Elysee cell, will have to answer for the decisions taken in 1994 , resulting in the most serious indictment possible: complicity in crimes against humanity, complicity
 of genocide.
 
Citation
Il aura donc fallu treize ans
 pour que soit dévoilé un pan
 important de la vérité française
 à propos du Rwanda : à la veille
 du génocide, les plus hautes
 autorités du pays et surtout la
 cellule africaine de l’Elysée
 étaient parfaitement informées
 de la dérive du régime Habyarimana
 et des projets de massacres
 systématiques de civils tutsis.
 Ces informations n’auront
 pas servi : en dépit des nombreux
 avertissements et mises
 en garde, l’appui aux extrémistes
 hutus s’est poursuivi durant
 les trois mois du génocide et notamment
 durant l’Opération Turquoise.
 Tous ceux qui, depuis
 lors, tentaient de percer le mur
 du silence et du déni ont été démentis,
 injuriés, calomniés et
 des bibliothèques entières ont
 été consacrées à une littérature
 négationniste, amplifiée encore
 par l’ordonnance du juge Bruguière.
 Ce dernier, après avoir
 enquêté uniquement à charge,
 avait inculpé neuf hauts dirigeants
 rwandais, désigné le FPR
 de Paul Kagame comme l’auteur
 de l’attentat contre l’avion présidentiel,
 l’accusant indirectement
 d’avoir provoqué le massacre.
 Certes, la mission d’enquête parlementaire
 dirigée par Paul Quilès
 avait déjà fait la lumière sur
 certaines complicités françaises,
 mais sans aller jusqu’au bout du
 droit d’inventaire, et des citoyens
 français, réunis entre autres
 autour du regretté François
 Xavier Verschave, de l’association
 Survie, avaient tenté de faire la
 lumière et de susciter une « enquête
 citoyenne » sur les responsabilités
 de la France au Rwanda.
 Mais l’étape actuelle va plus
 loin. Désormais, le Tribunal aux
 armées est saisi de la totalité des
 archives de l’Elysée et de très
 hauts responsables de l’époque,
 dont les conseillers civils et militaires
 de la cellule africaine de
 l’Elysée, vont devoir répondre
 des décisions prises en 1994,
 avec à la clé l’inculpation la plus
 grave qui soit : complicité de crimes
 contre l’humanité, complicité
 de génocide.
 Il est à l’honneur de la démocratie
 française de constater que
 d’aussi brûlantes archives ont
 pu être consultées par les avocats
 défendant les victimes et on
 ne peut qu’espérer que le Tribunal
 aux armées pourra poursuivre
 ses investigations sans être
 entravé par le secret de la défense
 ou le secret d’Etat. Ce qui n’a
 pas été le cas jusqu’à présent…