Fiche du document numéro 27242

Num
27242
Date
Lundi 2 mai 1994
Amj
Taille
347539
Titre
Le Conseil de sécurité de l'ONU refuse de parler de génocide
Nom cité
Résumé
Much of the debate at the UN Security Council on April 29, 1994 focused on the advisability of using the word "genocide" to qualify the butchery underway in Rwanda. This term was ultimately not retained. For his part, the RPF representative in New York notably condemned all those who have relations with "this group of murderers" and particularly denounces the French government "which received at the highest level a delegation of these criminals, thus supporting their policy of extermination and their inhuman acts".
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
LE secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, a demandé vendredi au Conseil de sécurité d'envisager un recours à la force pour arrêter les tueries au Rwanda, même si cela nécessite des renforts de casques bleus. Après neuf heures de délibération, le Conseil de sécurité a rejeté cette demande et adopté par consensus une déclaration condamnant les massacres. La responsabilité de ces tueries a été clairement déterminée par les membres du Conseil de sécurité qui soulignent que celles-ci ont été perpétrées «en particulier» dans des régions sous contrôle de «membres ou des partisans» des forces gouvernementales. Ils ont demandé au secrétaire général de rendre compte, en consultation avec l'Organisation de l'unité africaine (OUA), «des nouvelles initiatives qui pourraient être prises en vue d'aider à rétablir l'ordre au Rwanda et à assurer la sécurité des personnes déplacées». Environ 200.000 personnes sont mortes au Rwanda, au cours des trois dernières semaines, a indiqué M.Boutros-Ghali, selon qui de nouveaux massacres sont en préparation. Une grande partie des débats ayant précédé l'adoption de la déclaration de samedi a porté sur l'opportunité d'utiliser le mot «génocide» pour qualifier la boucherie. Ce terme n'a finalement pas été retenu, le Conseil de sécurité se contentant d'indiquer que «l'élimination des membres d'un groupe ethnique avec l'intention de détruire ce groupe totalement ou partiellement constitue un crime qui tombe sous le coup du droit international»... Le représentant du Front patriotique rwandais (FPR) à New York, Claude Dusaidi, a déclaré que M.Boutros-Ghali aurait dû recommander «il y a deux semaines» l'action énergique qu'il a préconisée vendredi, en ajoutant qu'une telle intervention serait maintenant catastrophique. «Le Rwanda est le théâtre d'une tragédie humaine à une échelle sans précédent, ouvertement observée par toute la communauté internationale», a déclaré samedi soir le FPR sur les ondes de Radio-Muhabura. «Cette tragédie s'est transformée en un véritable génocide et en un crime contre l'humanité, perpétré par une bande d'extrémistes et par une faction de l'armée. En moins de trois semaines, ils ont décimé l'opposition démocratique et orchestré le massacre de plus de 200.000 personnes appartenant à tous les groupes ethniques», poursuit la radio du Front. Le FPR condamne tous ceux qui entretiennent des relations avec «ce groupe de meurtriers» et dénonce tout particulièrement le gouvernement français, «qui a reçu au plus haut niveau une délégation de ces criminels, soutenant ainsi leur politique d'extermination et leurs actes inhumains». Ces massacres, souligne le FPR, font partie d'un plan d'extermination préparé depuis un certain temps par l'entourage du général-président défunt, Juvénal Habyarimana.

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