Fiche du document numéro 2543

Num
2543
Date
Samedi 9 avril 1994
Amj
Auteur
Taille
2730889
Titre
Kigali, la mort aveuglément
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Quarante-huit heures après la mort des Présidents Juvénal Habyarimana
du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi,
les combats entre militaires de l'armée régulière et unités de la
Garde Présidentielle ont transformé Kigali en une ville fantôme.[...]
Rien qu'à la morgue de l'hôpital central et devant le bâtiment, on
dénombrait déjà hier soir quatre cent cadavres.[...]
Des sources humanitaires basées à Kigali font état de massacres
perpétrés par les éléments hutus de la Garde Présidentielle à
l'encontre des membres de la minorité tutsie. [...] «~{it la ville
est le théâtre de pogroms et d'une campagne de purification
ethnique}~», affirmait hier de Kigali le représentant du Haut
Commissariat aux réfugiés des Nations Unies. Jeudi, outre ces
victimes «~ethniques~», figurent également les dix-neuf
ecclésisastiques et personnels du centre Christus de Kigali.[...]
Dans la traque lancée dès jeudi contre les opposants par la Garde
présidentielle -- une unité d'élite de l'armée exclusivement composée
de Hutus et farouchement hostile à toute concession en faveur de
l'ethnie minoritaire -- figurent notamment de nombreuses personnalités
rwandaises connues pour leur combat en faveur du processus de
transition qui devait permettre à la minorité tutsie de participer à
la vie politique du pays. Ainsi, le Premier ministre tutsi, Agathe
Uwilingiyimana, a été froidement abattue devant le palais
présidentiel.[...]
Plus chanceux, quatre ministres, onze officiels et leurs familles,
soit un total de soixante et onze personnes, ont pu gagner l'ambassade
de France, dont la sécurité est assurée par un petit détachement d'une
trentaine de militaires français encore présents dans la capitale
rwandaise.[...]
Les combats qui avaient opposé jeudi [7 avril] certains éléments loyalistes de
l'armée rwandaise aux soldats de la Garde présidentielle ont pris
depuis un nouveau tournant. Un bataillon d'anciens rebelles tutsis du
Front patriotique rwandais (FPR), arrivé à Kigali en décembre dernier
pour assurer la sécurité des représentants du FPR devant entrer dans
les institutions de la transition, aurait lancé plusieurs opérations
d'envergure contre les unités de la Garde présidentielle. Selon le
colonel Luc Marchal, commandant des Casques bleus belges, «~{it le
FPR a fait un sérieux nettoyage au niveau de l'unité de la Garde
présidentielle. La leçon a été donnée}~». Selon un diplomate
occidental cité par l'AFP, une interventon du gros des forces du FPR,
basées à Mulindi, près de la frontière avec l'Ouganda, et qui
totalisent de 20 à 30~000 hommes, n'est pas à exclure. Elle ferait
alors «~{it basculer à nouveau le pays dans la guerre civile}~».

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