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QUELQUE 120 personnes - des Tutsi venus de l'ex-Zaïre devenu République démocratique du Congo, réfugiés au Rwanda - ont été massacrées vendredi à la machette et au fusil dans l'attaque d'un camp situé non loin de la frontière, a déclaré le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à Genève. Trente personnes ont également été blessées, précise un porte-parole du HCR, Pamela O'Toole. Le camp de Mudende a été attaqué de nuit. Il se situe dans la préfecture de Gisenyi (nord), le fief de l'ancien dictateur Habyarimana. Une zone d'insécurité, où pullulent les ex-FAR (Forces armées rwandaises, l'armée de la dictature défaite en 1994 par les combattants du FPR) et Interahamwe (les milices auteurs du génocide d'avril-juillet 94). Selon la porte-parole du HCR, le camp abrite quelque 8.000 Tutsi de la RDC, qui avaient fui les pogroms organisés par l'administration mobutiste dans la région du Masisi, dans l'est de l'ex-Zaïre, en 1995-1996.
Selon le HCR, 107 réfugiés tutsi zaïrois ont été tués. Les autorités rwandaises, dont un convoi militaire a pu se rendre sur place, ont porté le bilan à quelque 120 morts en y incluant des victimes rwandaises, a ajouté Mme O'Toole.
Le gouvernement a dit soupçonner des « personnes infiltrées ». En clair, des responsables du génocide de 1994 qui avaient fui au Zaïre où ils avaient établi des bases de guérilla en se servant de centaines de milliers de réfugiés rwandais comme bouclier. Le Rwanda accueille toujours aujourd'hui quelque 15.000 réfugiés de l'ex-Zaïre dans différents camps. Toute la partie nord et ouest du Rwanda est depuis le début de l'année le théâtre d'assassinats et d'attaques qui ont forcé la plupart des organisations humanitaires à se retirer.
JEAN CHATAIN.