Fiche du document numéro 24361

Num
24361
Date
Mercredi 8 mai 2019
Amj
Taille
138178
Titre
Militaires. Un éclairage sur le stress post-traumatique
Sous titre
Le documentariste larmorien Richard Bois est en passe d’achever son film sur des militaires qui souffrent d’un stress post-traumatique. Son angle d’attaque : le rôle de la parole dans la réparation, à travers quelques témoignages poignants.
Nom cité
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Comment avez-vous eu l’idée de ce documentaire, que vous avez intitulé « Tuer le silence » ?

J’avais réalisé un précédent film sur le Centre de rééducation fonctionnelle de Kerpape. Des membres du collectif « Debout Marsouins », qui rassemble des blessés de guerre du 3e RIMa de Vannes, ont vu mon travail et m’ont demandé si je pouvais me pencher sur le sujet. Je crois qu’ils ont aimé le fait que je ne jette pas un regard larmoyant sur les personnes handicapées que j’ai vues à Kerpape. Mon discours était plutôt de montrer comment on s’en sort, comment on se reconstruit.

C’est aussi le spectre sous lequel vous abordez ce nouveau documentaire sur des militaires traumatisés lors d’opérations extérieures...

Ce film montre des gens qui sont partis en mission et en sont revenus très abîmés. Une femme et quatre hommes aux profils différents. Il y a Cécile Trompette, une jeune femme qui a été assez médiatisée après sa blessure en Afghanistan. Jean-Louis Zoude, un militaire du 3e RIMa qui a vécu des choses terribles au Rwanda et qui se sont réveillées quand il était en Afghanistan. Il y a aussi un pilote d’hélicoptère, un militaire qui était présent à la tuerie de Gwan et y a également été blessé, et enfin un ex-militaire du 1er RIMa dont le véhicule a sauté sur une mine. Ce qui m’intéresse dans leur témoignage, c’est le rapport à la parole. À quel moment et pourquoi quelqu’un qui est en situation de stress post-traumatique se décide à parler ? C’est cela que ce film montre.

Comment avez-vous trouvé vos cinq témoins ?

Cela a été très long. Pour faire ça bien, je suis d’abord passé par le Sirpa (1), mais ils n’ont pas été d’une grande aide. Le collectif des marsouins m’a aidé, l’Office national des anciens combattants aussi, notamment le colonel Allavena, qui y est responsable du bureau des blessés et qui a vraiment fait beaucoup pour ce film. Je n’ai pas retenu tous ceux qui étaient d’accord pour témoigner, soit parce que leur profil psychologique ne rentrait pas dans le sujet, soit parce qu’ils tenaient un discours revanchard sur l’institution. Là aussi, c’était hors-sujet.

Vous avez réalisé 5 h 30 d’interview alors que cela fait déjà plus de trois ans que vous travaillez sur ce projet. Pourquoi est-ce si long à mettre en place ?

Il y a toujours un gros travail de préparation quand on réalise un documentaire, parce qu’il faut faire les bons choix. J’ai aussi beaucoup travaillé avec Jacques Brélivet, psychologue au sein des commandos de marine de Lorient. Et puis il a fallu chercher des financeurs. France TV, le CNC (2), la Région Bretagne nous aident à hauteur de 120 000 €. Mais il manque encore 70 000 € pour boucler le budget. J’en profite pour pousser un coup de gueule contre certaines grandes entreprises de l’industrie militaire qui brassent des milliards d’euros mais n’ont pas un centime à donner à mon projet, me répondant que ce n’est pas leur objet. Elles ont la même attitude scandaleuse de désintérêt pour les associations d’aide aux blessés de guerre. C’est tout simplement stupéfiant.

Quand sortira votre documentaire ?

Il reste quelques scènes à tourner et à le montage à terminer. Je pense que le documentaire de 52 minutes sera fini pour octobre, pour une diffusion début 2020. Mais j’espère aussi pouvoir en faire un film long format qui sera distribué dans les salles de cinéma.

(1) Service d’information et de relations publiques de l’armée.

(2) Centre national du cinéma.

Pratique

Contact : tuerlesilence@ruwenzori.fr

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