Fiche du document numéro 23457

Num
23457
Date
Mercredi 10 octobre 2007
Amj
Taille
128288
Sur titre
Héros moderne
Titre
Robert Bourgi : « bonne chance mon papa ! »
Sous titre
Vétéran de la Françafrique, Robert Bourgi agite encore le marigot. Petit portrait et documents qui en appellent d’autres, au cours des prochaines parutions de « Bakchich »
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
L’ami Bourgi a eu son pin’s. Le 27 septembre dernier, l’avocat parisien
s’est vu remettre l’insigne de chevalier de la Légion d’Honneur par le
bon président Sarkozy lui-même. Pas forcément une bonne nouvelle pour
cet « homme de l’ombre », qui a rarement connu une telle publicité que
lors des derniers mois. Pour l’héritier auto-proclamé des réseaux
Foccart – l’homme qui créa les réseaux françafricains sous De Gaulle –,
fort proche des président-démocrates tel le Gabonais Omar Bongo, le
Congolais Denis Sassou Nguesso, l’Ivoirien Laurent Gbagbo ou feu Mobutu,
paraître en pleine lumière équivaut à une chute de son business : jouer
les entremetteurs entre la présidence français et les potentats
africains. Ou, tout le moins, à une guerre des réseaux latente.

Car le bon Bob s’est fait quelques ennemis et une réputation dans sa
carrière. Né le 6 mai 1945 à Dakar, à en croire le passeport
diplomatique sénégalais dont il a joui jusqu’à l’année dernière, dans
une influente famille chiite libanaise, l’avocat a une réputation de
« faiseur ». En gros, de se vanter de bien des choses. Au hasard :
d’avoir plus d’influence que la haute administration française ou d’être
mieux renseigné et plus efficace que la DGSE. Ce qui fait bien entendu
grincer quelques dents, notamment du côté de la nouvelle cellule
africaine de l’Élysée, animé par Bruno Joubert, gentiment surnommé le
« boyscout », qui jure la main sur le coeur que le temps des
margouillats françafricains est révolu. Et, à l’instar d’un autre
habitué du continent, le capitaine Paul Barril, Bourgi traîne la
fâcheuse étiquette de « pompier pyromane ». Ou comment créer un
problème, par exemple en finançant l’opposition gabonaise tout ou
partie, pour ensuite proposer au président Bongo de régler ses soucis…
de l’art de se rendre indispensable.

Mais pire, le bonhomme a une petite tendance à louvoyer. Son passage
avec armes et bagages du villepinisme forcené au sarkozysme zélé en
décembre dernier, comme l’a narré Bakchich, a agacé. Et le clan du
président n’est pas connu pour sa magnanimité envers les anciens affidés
du « poète »… Ainsi Bourgi n’a-t-il pu rentrer au Fouquet’s, le soir du
6 mai, pour fêter la victoire de Nicolas. Mais a réussi à s’incruster
lors de la passation de pouvoir. Et dernièrement, donc, la remise de la
Légion d’honneur, à double tranchant…

Exhumées par Bakchich, les deux notes de 1997, adressées au président
gabonais, sont un petit condensé de Bourgi dans le texte. Un ton fort
familier, que ce soit concernant « Papa » Bongo, le « Masqué »
Villepin ou « Jacques » Chirac. Une promesse d’aider au « dossier
Ali » (Bongo, fils du président gabonais alors en bisbille avec la
justice française). « Jacques Toubon (alors ministre de la Justice) m’a
demandé une note (…) pour le régler rapidement dans le sens souhaité ».
Et en cadeau, la note transmise par ses soins à Dominique de Villepin,
alors secrétaire général de l’Elysée… sur Omar Bongo. Le tout signé au
choix « votre dévoué », pour Villepin ou votre « indéfectiblement
attaché » Robert, pour Bongo.

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