Extrait de
MIP, Rapport, pp. 138, 156-157
Citation
Dans le rapport qu'il établit le 30 avril 1991, au terme de sa
deuxième mission de conseil, le Colonel Gilbert Canovas rappelle les
aménagements intervenus dans l'armée rwandaise depuis le 1er octobre
1990 parmi lesquels figurent notamment :
- la mise en place de secteurs opérationnels afin de faire face à un
adversaire menaçant l'ensemble de la frontière rwando-ougandaise et
une grande partie de la frontière rwando-tanzanienne ;
- le recrutement en grand nombre de militaires du rang et la
mobilisation des réservistes qui a permis aux FAR un quasi doublement
de leur effectif passant de 11 000 en octobre 1990 à 20 000 en janvier
1991 ;
- la réduction du temps de formation initiale des soldats, limitée à
l'utilisation de l'arme individuelle en dotation. [...]
Dans un rapport qu'il établit le 30 avril 1991 sur les forces armées
rwandaises, le Colonel Gilbert Canovas préconise un certain nombre de
mesures visant notamment à améliorer l'organisation, le renseignement
et la formation des forces de l'armée rwandaise. En annexe de ce
rapport, il dresse le bilan des visites qu'il a effectuées dans la
première quinzaine de février 1991 dans l'ensemble des secteurs
opérationnels.
Au terme de cet audit, le Colonel Gilbert Canovas suggère au Chef
d'état-major de l'armée rwandaise la création de cinq zones de
défense, dont la configuration serait fonction du type de menace, la
zone de Kigali disposant d'une réserve générale. Il insiste par
ailleurs sur la formation, l'encadrement des troupes et le contrôle de
l'instruction.
Le Colonel Gilbert Canovas établit ensuite pour chaque secteur
opérationnel un bilan de situation, en février 1991, dans lequel il
souligne les difficultés rencontrées dans la zone et propose des
solutions concrètes pour améliorer la sécurité et l'efficacité de
chaque dispositif.
Dans le secteur de Mutara, en majorité hostile aux FAR, il indique
qu'environ 150 000 personnes ont été déplacées. Il suggère la mise sur
pied d'un élément d'intervention rapide.
Dans le secteur de Gisenyi, il propose un meilleur emploi de la
Gendarmerie, dont il constate qu'elle est écartée de la mission de
défense du secteur, plutôt pour des raisons politiques que
stratégiques.
Dans la zone de Ruhengeri, il note « la hargne » et « le zèle » des
populations lors des opérations de ratissage et de contrôle routier,
mais aussi le découragement et la peur de tous ceux qui se sont enfuis
de chez eux pour se regrouper dans des lieux plus urbanisés. Il
propose, pour remédier à l'insécurité de ces populations, vivant au
sud du Parc des Volcans, « la mise en place de petits éléments en
civil, déguisés en paysans, dans les zones sensibles, de manière à
neutraliser les rebelles généralement isolés ».
Dans le secteur de Rusumo, il préconise la sécurisation du Pont de
l'Akagera avec l'installation de projecteurs et d'une mitrailleuse
supplémentaires, ainsi que le piégeage des accès possibles par la
vallée.
Enfin, dans le secteur de Byumba, il relève notamment la difficulté de
contrôler un front très large et très accidenté. Il suggère de
« valoriser le terrain en piégeant des carrefours, confluents de
thalwegs, et de points de passage possibles de l'adversaire ». Il note
sur ce point particulier qu'il s'agit d'une « mesure en cours
d'exécution avec la participation du détachement Noroît ».
La ville de Kigali lui semble souffrir de mauvaises liaisons radio ou
téléphoniques et ne dispose pas de réserve d'intervention locale.