Fiche du document numéro 2232

Num
2232
Date
Mardi 2 mars 2010
Amj
Taille
82779
Titre
La veuve de l'ex-président du Rwanda a été libérée
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Difficile de ne pas y voir une relation de cause à effet. Quelques
jours après la visite de réconciliation de Nicolas Sarkozy à Kigali,
Agathe Habyarimana, veuve du président rwandais assassiné en avril
1994, a été interpellée mardi à Courcouronnes, dans l'Essonne. Elle
est soupçonnée d'avoir joué un rôle dans le génocide. Quelques heures
plus tard, elle été remise en liberté et placée sous contrôle
judiciaire.

Kigali réclame son extradition depuis 2004 et c'est sur la base d'un
mandat d'arrêt international émis par les autorités rwandaises qu'elle
aurait été arrêtée, de source proche du dossier. Une nouvelle qui
sonne donc comme un gage de bonne volonté envers Kigali, dans un
contexte de réchauffement des relations diplomatiques entres les deux
pays, distendues depuis trois ans.

« Nous voulons que les responsables du génocide soient retrouvés et
soient punis
 », avait déclaré Nicolas Sarkozy vendredi dernier, lors
d'une conférence commune avec son homologue rwandais Paul
Kagamé. « Est-ce qu'il y en a en France ? C'est à la justice de le
dire. Nous venons de refuser l'asile politique à des personnes
concernées et il y a une procédure judiciaire engagée
 », avait-il
ajouté, faisant référence sans la citer à Agathe Habyarimana.
Trois demandes d'extradition vers Kigali refusées,
Agathe Habyarimana est souvent présentée comme membre de l'« Akazu », le
premier cercle du pouvoir qui a fomenté le génocide, ce qu'elle
nie. L'attentat contre l'avion transportant son époux, le 6 avril
1994, est considéré comme le signal déclencheur du génocide, qui fit
environ 800.000 morts.

Evacuée par des militaires français vers la France dès les premiers
jours du génocide, la veuve du président assassiné était installée en
France depuis 1998. En 2007, elle s'était en effet vu refuser sa
demande d'asile - déposée en 2004 quand le Rwanda s'est lancé à sa
poursuite - par l'Office français de protection des réfugiés et
apatrides (OFPRA). Ce rejet avait ensuite été confirmé par la
Commission des recours des réfugiés (devenue la Cour nationale du
droit d'asile), en vertu des Conventions de Genève et pour son
implication présumée dans la politique génocidaire du régime
rwandais. Une décision définitivement validée en octobre dernier par
le Conseil d'Etat.

« Son arrestation est une bonne nouvelle, parce que ça veut dire
qu'elle ne restera pas impunie
 », analyse Michel Laval, avocat du
Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), joint par
lefigaro.fr. En 2007, le collectif avait déposé une plainte à
l'encontre de la veuve pour complicité de génocide « mais l'information
judiciaire est au point mort
 », relève-t-il. « Enfin, on semble donc
considérer son cas avec plus d'attention
 », se félicite l'avocat.
Reste pour la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris à
statuer sur la demande d'extradition de Kigali. Si la justice
française a autorisé l'extradition de plusieurs Rwandais soupçonnés
d'être impliqués dans le génocide vers le Tribunal pénal international
(TPIR) d'Arusha, elle s'est en revanche opposée à trois reprises à des
extraditions vers Kigali, jugeant que la justice rwandaise n'était pas
à même de garantir un « procès équitable » et l'accès à une justice
indépendante. Il y a un mois, la cour d'appel de Bordeaux a décidé de
renvoyer au 3 juin sa décision concernant la demande d'extradition à
l'encontre d'un médecin rwandais accusé d'avoir participé au
génocide. En tout, treize enquêtes contre des Rwandais ont été
ouvertes par la justice française depuis 1995.

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