Citation
Le haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, José
Ayala Lasso, devait, après des entretiens, mardi 10 mai, à Bujumbura,
avec des témoins et des rescapés des massacres, se rendre mercredi à
Kigali. Son séjour a été préparé par Louis Joinet, expert en droits de
l'homme et conseiller juridique à l'Elysée, qui s'y trouve depuis le 5
mai. Il présentera un rapport à la Commission des droits de l'homme de
l'ONU lors d'une session extraordinaire qui pourrait se tenir le 20 ou
le 24 mai à Genève.
Officiellement demandée par le Canada, cette session ne sera convoquée
que si une majorité de 27 membres (sur 53) de la Commission sont
d'accord. Dans l'affirmative, elle se déroulera comme celle consacrée à
la Bosnie les 13 et 14 août 1992, et qui avait nommé l'ancien premier
ministre polonais, Tadeusz Mazowiecki, rapporteur spécial sur la
violation des droits en ex-Yougoslavie. On pense, à Genève, qu'un
rapporteur spécial, chargé d'enquêter sur les massacres du Rwanda serait
nommé, que des " moniteurs des droits de l'homme " de l'ONU seraient
envoyés sur place et qu'un tribunal, pour juger les responsables des
tueries, serait constitué.
De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) rappelle
que le Rwanda est " toujours plongé dans l'horreur ". Le CICR vient en
aide, en dépit de tous les obstacles, à quelque 100 000 personnes
déplacées à l'intérieur du pays. Selon René-Luc Thévoz, porte-parole du
CICR, 5 000 civils, qui se sont réfugiés à l'intérieur du stade de
Cyangugu, près de la frontière du Zaïre, survivent dans des conditions
d'extrême précarité. Le CICR a pu y installer un dispensaire de fortune.
Les délégués du CICR apportent également des soins à 400 blessés
rassemblés dans le monastère de Kabgayi. Le personnel médical du CICR
continue à soigner des blessés dans un hôpital provisoire qu'il a mis
sur pied à Kigali. Il fournit également du matériel médical à l'hôpital
central et à l'hôpital du roi Fayçal, les deux principaux établissements
de soins de la capitale.
Pour sa part, le Haut-Commissariat des Nations unies pour réfugiés (HCR)
qui ne fonctionne que grâce à des dons a lancé un appel de fonds de 56,7
millions de dollars pour tenter d'assurer la survie jusqu'au 15 juillet
de 860 000 réfugiés rwandais, notamment regroupés au camp de Benaco
(Burundi), où manquent eau, vivres, abris et installations sanitaires.
Le HCR doit aussi faire face à l'afflux des réfugiés en Tanzanie, où
plus de 250 000 Rwandais ont cherché asile, 1 500 personnes franchissant
la frontière tanzanienne chaque jour.
Le HCR doit aussi poursuivre son assistance à 285 000, réfugiés du
Burundi. Ils avaient fui les massacres consécutifs à l'assassinat du
président Ndadaye, en octobre. 80 000 d'entre eux sont toujours au
Rwanda, 60 000 sont parvenus en Tanzanie et 100 000 au Zaïre, les autres
sont dispersés dans les pays voisins.
