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«Frères juifs, frères tutsis, frères humains » : tel est le titre du voyage qu'ont fait 30 Français de 20 à 30 ans, étudiants et professionnels, du 23 au 30 septembre au Rwanda, puis du 5 au 12 octobre en Israël. Organisée par le mouvement juif de jeunesse Hachomer Hatzaïr, avec la communauté rwandaise de France et le conseil régional des jeunes d'Île-de-France, cette « initiative positive de tolérance, de connaissance et de passerelle » - selon le livret qui explique cette « aventure sans précédent » - est née d'un constat : lors des commémorations annuelles de la Shoah, les juifs prononcent l'engagement sincère « Plus jamais ça ! », mais les génocides du XXe siècle et du début du XXIe siècle le contredisent.
De plus, les génocides arménien (en Turquie en 1915) et tutsi (au Rwanda en 1994) sont peu enseignés à l'école. « Ce projet a été construit afin que tous, participants et accompagnateurs (dont certains sont rescapés des camps nazis et du génocide tutsi), puissent revenir avec précision sur les circonstances de ces tragédies », explique Yoni Smadja, 23 ans, porte-parole du mouvement Hachomer et étudiant en relations internationales à l'École des hautes études en sciences sociales.
De retour du Rwanda, il estimait que les temps forts du voyage - outre les rencontres officielles avec l'épouse du président Paul Kagamé et avec l'ambassadeur de France - avaient été les visites dans trois lieux de mémoire du génocide, notamment à Kigali et près de Butare (Sud). De même, un concert au grand stade de Kigali le 24 septembre a permis de récolter 7 500 € pour financer l'association Études sans frontières, qui aide des étudiants orphelins. Yoni Smadja, qui a porté ce projet Rwanda-Israël avec le directeur de Hachomer, Schlomo Glikerman, reste également très marqué par la rencontre avec le Fonds d'assistance aux rescapés du grand génocide (Farge) qui s'occupe de la santé, de l'éducation et du logement de 300 000 rescapés tutsis. « Beaucoup vivent toujours dans des huttes d'argile, souligne Yoni, et il n'y a que quatre psychiatres et un seul hôpital psychiatrique pour tout le pays ! »
Une réflexion sur les génocides et un témoignage que, dès novembre, ces 30 jeunes et d'autres membres de Hachomer porteront en milieu scolaire. « Nous sommes déjà attendus dans une cinquantaine d'établissements », assure Yoni.
Lesegretain Claire