Fiche du document numéro 1729

Num
1729
Date
Dimanche 21 août 1994
Amj
Taille
78193
Titre
La Suisse confirme l'expulsion de l'ancien directeur de Radio Mille Collines
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Suite à des révélations et protestations de la presse, les autorités
helvétiques ont confirmé, vendredi 19 août, l'expulsion, la veille, vers
le Zaïre de Félicien Kabuga, président et principal actionnaire de
l'ex-radio gouvernementale rwandaise Mille Collines, qui s'était
sinistrement distinguée par ses incessants appels au massacre des Tutsis
et de l'opposition démocratique. Un communiqué du département fédéral de
justice et police (DFJP) précise que M. Kabuga était arrivé en Suisse,
le 13 juin, accompagné de sa femme et de leurs sept enfants et qu'il
avait déposé une demande d'asile le 9 août à Genève.

Alors que le Nouveau Quotidien de Lausanne titre. « La Suisse laisse
délibérément filer un criminel rwandais
 », la télévision romande s'est
demandée si M. Kabuga n'a pas bénéficié de « protections » dans
l'administration pour s'en tirer à si bon compte. En tout cas, les
explications fournies trahissent l'embarras. Selon le porte-parole du
DFJP, Viktor Schlumpf, M. Kabuga s'était vu accorder un visa le 9 juin
par le chef de l'Office fédéral des étrangers, tandis que, le 14 juin,
le ministère des affaires étrangères contactait l'ambassade de Suisse à
Kinshasa en lui enjoignant de refuser le visa ou de l'annuler s'il était
déjà délivré.

Pendant plusieurs semaines, M. Kabuga et sa famille ont vécu sans être
inquiétés dans un hôtel de Berne. Interrogés le 27 juin par un
journaliste qui voulait en avoir confirmation, les deux départements
concernés avaient nié qu'il séjournait en Suisse.

Se référant à l'avis des observateurs internationaux, le DFJP a été
amené à constater que la radio a expressément appelé au massacre des
Tutsis et a également incité les Hutus à fuir vers le Zaïre. Berne note
cependant que, pour établir la responsabilité personnelle de M. Kabuga
dans cette campagne, « il aurait fallu longuement enquêter sur place, ce
qui n'est pas facile
 ». Enfin, les autorités fédérales indiquent avoir « pris des mesures pour éviter que des personnes soupçonnées de
participation au génocide au Rwanda trouvent refuge en Suisse
 ».

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