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Le dimanche 8 mars, dès qu'il avait appris par la radio la nouvelle
de ces violences ethniques, il était parti en voiture avec sa femme
vers le Bugesera. Il avait [p. 105] eu du mal à franchir les
barrages mis en place par les militaires du camp de Gako, avant
d'arriver «~dans la région où tout brûlait, où des bandes
d'adolescents shootés au chanvre et à la bière de banane
circulaient avec des casse-tête sans être inquiétés, parce qu'il
n'y avait aucun militaire. J'ai réussi à entamer une conversation
avec l'un de ces jeunes qui répétait : ``On nous attaque, on se
défend''~», raconte le colonel Robardey. Après un tour dans la
région, Robardey s'arrête à Nyamata et rencontre Antonia Locatelli
[...] Depuis le matin, Antonia est suspendue au téléphone pour
alerter tous les gens qu'elle connaît afin qu'ils fassent quelque
chose pour enrayer les violences. Elle est très excitée et demande
à l'officier français de faire venir du secours. Robardey promet
de revenir le lendemain et rentre sur Kigali où il fait un
compte-rendu à l'attaché de défense [Cussac] et à l'ambassadeur.
Pour montrer que la France désapprouve vigoureusement les violences
ethniques, Robardey repart le lendemain vers le Bugesera,
accompagné par le premier secrétaire de l'ambassade, c'est-à-dire
par un représentant officiel de la France, pour -- officiellement
-- faire le tour des ressortissants français, mais surtout montrer
que la France s'intéressse de très près à ce qui se passe. Mais,
juste avant de partir, Robardey a appris que Locatelli avait été
assassinée dans la nuit... Le lendemain, il
revient, cette fois avec le consul de France, pour assister aux
obsèques de l'Italienne. Le 11 mars, il est revient [sic], une
nouvelle fois dans le Bugesera avec des militaires de Noroît pour
acheminer de l'aide alimentaire à ceux qui ont eu leurs maisons
brûlées et n'ont plus rien... Puis, le 12 mars, l'officier de
gendarmerie revient encore une fois pour chercher l'épouse tutsie
de son boy... p105