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Patrouilles de reconnaissance, recensement des personnes menacées,
explications sur le caractère humanitaire de l'opération, début de la
protection des sites où sont réfugiés essentiellement des Tutsis :
l'opération française au Rwanda se met peu à peu en place, tandis que
les combats se poursuivent à Kigali l'hôpital y a encore été bombardé,
vendredi 24 juin, faisant quarante blessés graves. Peu après leur entrée
au Rwanda, les Français ont, en outre, découvert « quelques fosses
communes », a annoncé à Paris le général Raymond Germanos, sous-chef
d'état-major des armées, chargé des opérations.
Commencée officiellement jeudi, avec l'entrée des premiers parachutistes
dans l'est du Rwanda depuis des bases avancées à Bukavu, en territoire
zaïrois, l'opération « Turquoise » devait être complétée progressivement
samedi, a-t-on indiqué de sources militaires françaises au Rwanda. De
nouvelles troupes sont attendues au Zaïre pour renforcer les premiers
éléments arrivés sur place. Si l'intervention a débuté à partir de
Bukavu, notamment vers le camp de Nyarushishi non loin de la frontière
où sont réfugiés plus de 8 000 Tutsis, l'essentiel des troupes doit
être déployé à Goma, l'autre base française sur la frontière au nord de
Bukavu.
Depuis jeudi, les militaires français multiplient les patrouilles de
reconnaissance et de surveillance. De petits groupes de parachutistes
cinq ou six hommes généralement circulent sur les routes tortueuses qui
serpentent à travers les collines. Ces patrouilles visent à assurer la
protection des réfugiés, généralement tutsis, contre d'éventuelles
menaces, mais aussi, selon un officier supérieur, à localiser d'autres
personnes menacées.
C'est dans la région de Cyangugu que les Français ont découvert des
fosses communes. Le général Germanos a précisé que les forces sur place
ignoraient l'appartenance ethnique des victimes. Il n'a pas, non plus,
indiqué le nombre exact de corps découverts. Depuis le début de
l'opération, les quelque soixante militaires français détachés sur place
ont visité cinq localités entre Cyangugu et Kibuye, sur le lac Kivu, où
ils n'ont rencontré aucune résistance, a déclaré le général Germanos,
selon lequel « l'opération se déroule dans des conditions satisfaisantes ». Les Français ont toutefois constaté la présence de « jeunes portant
des armes blanches et des bâtons ». Ces derniers n'ont manifesté aucune
hostilité vis-a-vis des troupes françaises, a-t-il ajouté.
Pour sa part, l'amiral Jacques Lanxade, chef d'état-major des armées, a
indiqué que, vendredi soir, un millier d'hommes étaient déployés sur
l'ensemble du dispositif « Turquoise », la très grande majorité se
trouvant au Zaïre. Les cinq sites visités par les troupes françaises
sont, outre Cyangugu, le camp de déplacés tutsis de Nyarushishi, la
ville de Bugarama à l'est, et, plus au nord, le camp de Rwanbuka, et la
ville de Kibuye, sur le lac Kivu, où ils ont rencontré des religieuses
engagées dans des actions humanitaires. Toutes ces localités sont sous
le contrôle des forces gouvernementales, à majorité hutue.
L'amiral Lanxade a précisé que l'objectif poursuivi par les forces
françaises, appelées à faire de fréquentes navettes entre leurs bases du
Zaïre et le Rwanda, était de « juger de la situation et essayer de
calmer le jeu », tout en restant près de la frontière zaïroise. « Notre
intention et nos instructions ne sont pas de nous implanter de façon un
peu durable au Rwanda. Donc, à partir des bases arrières nous faisons
des reconnaissances et nos gens restent quelques heures, voire une nuit », a expliqué l'amiral Lanxade. (AFP, Reuter.)