Fiche du document numéro 14655

Num
14655
Date
Lundi 22 août 1994
Amj
Taille
153696
Titre
Juppé appelle Kigali à « rassurer la population »
Sous titre
Opération Turquoise: les dernières unités ont quitté le Rwanda
Page
32
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Cote
n° 16712
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
« Il n'y a plus de Français au Rwanda », a annoncé hier le porte-parole de l'armée française à Goma, le général Alain Rambeau. Les dernières unités des forces françaises de l'opération Turquoise au Rwanda ont quitté discrètement hier la « zone humanitaire sûre » qu'elles avaient créée dans le sud-ouest du Rwanda début juillet avec l'aval des Nations unies. Le drapeau tricolore a été remplacé par les couleurs de l'Ethiopie et de l'ONU. Afin d'éviter tout mouvement de panique parmi les réfugiés, le passage des troupes françaises vers le Zaïre s'est effectué à un poste peu utilisé. Quelque 500 soldats resteront cependant stationnés sur l'aéroport de Goma, officiellement pour y assurer la sécurité des installations françaises sur l'aéroport où, par ailleurs, le service de l'armée va renforcer son antenne chirurgicale.

A Paris, l'Elysée et Matignon ont publié un communiqué conjoint pour confirmer le retrait des forces françaises : « La France a tout fait pour que le départ de ses forces se passe dans de bonnes conditions et pour favoriser le maintien des populations rwandaises dans leur pays (...). La France a rempli son devoir et elle a fait prendre conscience du sien à la communauté internationale. Il appartient aux autorités rwandaises et à la communauté internationale d'assumer aujourd'hui toutes leurs responsabilités. La France continuera pour sa part son action humanitaire au profit des populations rwandaises. » Sur le plan diplomatique, Alain Juppé a adressé un ferme avertissement au nouveau pouvoir à Kigali en déclarant que l'envoi rapide de troupes dans la « zone humanitaire sûre » serait « une grave erreur », ajoutant que les nouvelles autorités devaient avant tout chercher à « rassurer la population ». Le vice-président et ministre de la Défense rwandais, Paul Kagamé, avait estimé récemment que l'envoi de troupes dans cette zone était « une question de temps ». Par ailleurs, un diplomate français, Jacques Courbin, est arrivé vendredi à Kigali pour diriger une antenne diplomatique et « établir tous les contacts nécessaires avec les autorités ».

Fermeture des frontières zaïroises



Du fait du départ des troupes françaises, et dans la crainte d'un déferlement de réfugiés, le Zaïre avait décidé de fermer ses frontières. Plusieurs milliers de Rwandais se sont retrouvés bloqués. Des bousculades se sont produites au pont de Ruzizi I, au sud du lac Kivu, et la sécurité zaïroise a dû tirer en l'air pour empêcher les réfugiés de franchir la frontière, provoquant un mouvement de panique. Kinshasa est revenue sur sa décision et un point de passage a été rouvert dans l'après-midi au pont de Ruzizi II.

Le nouveau pouvoir rwandais à dominante tutsie continuait hier d'encourager les réfugiés à revenir pour entamer la reconstruction du pays et la réconciliation nationale. Le président Pasteur Bizimungu, son Premier ministre Faustin Twagiramungu, le vice-Premier ministre et une douzaine de ministres se sont rendus à Byumba (Nord-Est) pour assurer les réfugiés qu'ils pouvaient retourner chez eux sans crainte. Les organisations humanitaires ont estimé cette semaine qu'environ 43.000 Rwandais, soit 4,3 % du million de réfugiés autour de Goma, étaient revenus dans leur pays.

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