Fiche du document numéro 13942

13942

Dimanche 19 juin 1994

19940619

14:21:00

Barrouhi, Abdelaziz

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Tunis veut lancer un plan Marshall pour l'Afrique

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Reuters

Boudiguet

Dépêche d'agence

FR

TUNIS, 19 juin, Reuter - La Tunisie, qui vient d'accéder à la
présidence de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), se prépare à
lancer une offensive en direction des pays riches en faveur d'un plan
Marshall pour l'Afrique, en proie à une succession de conflits et de
crises.

Dans une interview à Reuter dressant le bilan du sommet de Tunis qui
vient de s'achever, Habib Ben Yahia, ministre tunisien des Affaires
étrangères, annonce également que les pays africains ont déjà approuvé
l'envoi de 3.000 soldats pour le maintien de la paix au Rwanda dans le
cadre des efforts du Conseil de sécurité pour y faire respecter le
cessez-le-feu.

Mettant en pratique les recommandations du sommet, la Tunisie, qui a
déjé des troupes au Rwanda, a décidé samedi de renforcer ces effectifs
dont le nombre n'est néanmoins pas rendu public.

Les crises au Rwanda, en Somalie, au Libéria, au Burundi ne sont que
la face visible de l'iceberg des défis qu'affronte l'Afrique. Il y a
des défis cachés que l'OUA a essayé cette fois-ci de dégager d'une
façon concrète (...) Il s'agit de l'équation à trois inconnues que sont
le développement, la démocratisation et la stabilité, a-t-il ajouté.

Durant le sommet, la plupart des chefs d'Etats ont souligné le fait
que la page de la décolonisation et de l'apartheid est définitivement
tournée. La phase nouvelle est celle du développement pour parachever
l'indépendance politique par le progrès économique, souligne Habib Ben
Yahia.

Le président Zine al-Abidine Ben Ali adressera au groupe des Sept
(pays industrialisés les plus riches) qui se réuniront à Naples le 9
juillet prochain, un message faisant appel à leur conscience, a
annoncé le ministre tunisien. Il s'agit de l'intérêt des pays
industrialisés.

Tunis suggère que les pays industrialisés adoptent un plan Marshall
qui sera financé par la dette des pays africains pour résoudre les
problèmes de développement et d'environnement dans le cadre de la
globalisation de l'économie mondiale.

La dette africaine a atteint 282 milliards de dollars en 1992.

Je m'empresse de dire que la Tunisie, sur le plan de la dette, est un
pays solvable, crédible, et paye à temps, mais elle voit loin,
rappelle le ministre.

Il souligne que dans le cadre du programme d'action qui s'est dégagé
lors du Sommet de Tunis, les ministres de l'Economie et du Commerce de
l'OUA vont se réunir au mois d'octobre à Tunis pour défendre les
intérêts africains en consultation avec le GATT et la CNUCED.

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Nouvel essor à l'OUA
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La réunion de Tunis doit se pencher sur la place que doit occuper
l'Afrique dans ce nouvel ordre commercial et économique international à
la suite de la signature des actes de l'Uruguay round (cette année) à
Marrakech.

Nous allons nous réunir non pas pour faire de la philosophie et parler
de la place de l'Afrique d'une façon idyllique, mais voir comment
défendre les intérêts de l'Afrique dans un monde où la concurrence va
être très sévère.

Cette réunion d'octobre sera suivie, avant la fin de l'année, d'un
conseil extraordinaire des ministres des Affaires étrangères pour
discuter des défis du développement des pays africains.

Les remèdes ont été identifiés, il s'agira surtout de trouver
l'ingrédient qui manque, comment mobiliser les ressources nationales,
régionales et internationales et quelles sont les priorités, souligne
le ministre.

Il se félicite du fait que c'est à Tunis que les 42 chefs d'Etats
africains présents ont réussi, après de longues heures de
concertations, à trouver une formule pour engager un processus de
solution africaine à la crise au Rwanda, permettant aux parties en
conflit de conclure un cesse-le-feu.

Nous insistons sur le fait que la crise du Rwanda ne concerne pas
seulement les Africains (...) Le Conseil de sécurité est le premier
responsable s'agissant du respect du cessez-le-feu..., a-t-il dit.

A la question de savoir si la Tunisie est favorable à l'initiative
française d'envoyer des troupes multinationales au Rwanda, Habib ben
Yahia répond: Le défi est tellement important qu'on a besoin de
l'intervention de toutes les nations...

Il précise que durant sa présidence de l'OAU pendant un an, la Tunisie
s'efforcera de faire en sorte que les résolutions de l'organisation ne
restent pas lettre morte.

Je crois que cette fois-çi à Tunis nous n'avons pas adopté des
résolutions pour (nous contenter de) cataloguer les problèmes. Il y a
un programme d'action que nous allons mettre en oeuvre en coordination
avec tous les intervenants.

Je peux vous assurer que la présidence tunisienne s'y emploiera (...)
Nous n'avons pas de baguette magique, mais le président Zine al-Abidine
Ben Ali (nouveau président de l'OUA), qui est un homme d'action,
donnera j'en suis certain un nouvel essor à l'OUA.

L'entrée de l'Afrique du Sud au sein de l'OUA et la personnalité de son
président, Nelson Mandela, qui est aussi mermbre du bureau présidentiel
chargé de superviser l'action de l'organisation entre les sommets
donnera un coup de pouce salutaire à l'OAU, souligne Habin Ben Yahia.
/AB

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