Fiche du document numéro 13892

Num
13892
Date
Vendredi 17 juin 1994
Amj
Hms
14:07:00
Taille
87720
Titre
Combats au Rwanda malgré les pourparlers de paix
Cote
reutfr0020011106dq6h00w6o
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 17 juin, Reuter - Des miliciens hutus ont attaqué vendredi un
hôtel de Kigali où sont réfugiés quelque 500 Tutsis alors que des
représentants de l'armée gouvernementale et du Front patriotique du
Rwanda (FPR) ont entamé des pourparlers de paix dans un autre secteur
de la capitale rwandaise.

La Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar) a
annoncé qu'un casque bleu uruguayen avait été tué par un tir de
grenade. Un Bangladeshi se trouvant dans le véhicule marqué du sigle de
l'Onu a été blessé par l'explosion.

La Minuar a précisé que les deux hommes - les commandants Juan Sosa et
Munshi Ahsanur Rahmna - se rendaient à Ruhengeri, ville tenue par les
gouvermentaux à 20 km au nord de Kigali. Un officier a déclaré que la
grenade RPG avait été tirée de près.

A Bruxelles, les neuf pays membres de l'Union de l'Europe occidentale
(UEO) se sont réunis pour étudier une possible intervention afin
d'empêcher de nouveaux massacres. Des diplomates ont dit douter que
cette réunion donne des résultats une opération militaire suscite des
réticences.

A Kigali, les rebelles du FPR et l'armée gouvernementale ont repris
leurs pourparlers de paix sous les auspices du commandant de la Minuar,
le général Roméo Dallaire, dans la matinée après de violents combats à
l'arme lourde dans la capitale.

Ces nouveaux affrontements ont empêché l'évacuation par l'Onu de
quelque 300 civils pris au piège dans la ville.

Pendant que leurs chefs négociaient, des miliciens hutus ont envahi
l'hôtel des Mille Collines, situé dans une zone gouvernementale de la
capitale, à la recherche de membres de la minorité tutsie sur laquelle
s'appuie les rebelles du FPR.

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Européens réticents
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Le commandant Jean-Guy Plante, porte-parole de la Mission des Nations
unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar), a précisé que les
miliciens, accusés de nombreux massacres depuis début avril, avaient
commencé à tirer dans les chambres.

On ignore pour le moment le bilan de cette opération.

Pour la Minuar, cette attaque constituait apparemment une riposte à la
prise d'une église dans la nuit par des rebelles du FPR. Les rebelles
sont entrés dans le centre religieux de la Sainte-Famille, en zone
gouvernementale, pour libérer des civils tutsis. Mardi, des miliciens
avaient enlevé 60 enfants tutsis, réfugiés dans cette église, puis les
avaient massacrés.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait
affirmé jeudi que toute intervention au Rwanda de la France, de ses
partenaires européens et de plusieurs pays africains devait être une
opération humanitaire et d'une durée limitée. Mais le FPR, qui
critique sévèrement le soutien apporté par la France au régime hutu, a
de nouveau rejeté vendredi toute présence de troupes françaises au
Rwanda.

Enfin, Mouammar Kadhafi a tenu à donner son opinion sur la guerre au
Rwana en estimant que le seul moyen de mettre fin au conflit était de
diviser le pays entre les Hutus et les Tutsis.

Selon l'agence officielle JANA, le numéro un libyen a déclaré à des
chefs d'Etat africains: Il y a eu des massacres similaires en 1959 et
en 1973 (...) le seul moyen d'empêcher d'autres massacres entre Tutsis
et Hutus est d'envoyer une force internationale pour s'interposer et
pour les séparer définitivement
. /WEM

(c) Reuters Limited 1994

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