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HUIT semaines après le début des massacres orchestrés par les forces
gouvernementales rwandaises, le Front patriotique rwandais (FPR) est de
plus en plus maître de la situation militaire. Ce week-end, les
combattants du FPR ont poursuivi leur progression vers le sud du pays.
Des responsables de l'ONU ont confirmé que le FPR s'était emparé jeudi
du village de Kabgayi et d'un camp où 38.000 réfugiés étaient pris au
piège, vivant dans la peur d'être massacrés par les milices
présidentielles. Kabgayi est situé à 5 kilomètres au sud de Gitarama,
où se trouve désormais ce que le FPR appelle la « clique d'assassins »,
c'est-à-dire les héritiers du dictateur Habyarimana tué dans
l'explosion de son avion, le 6 avril dernier.
Gitarama justement est l'objectif prioritaire du FPR, qui a accentué
samedi sa pression contre ce qui est devenu le nouveau siège du «
gouvernement ». La ville a été pilonnée à l'artillerie et au mortier
mais, comme l'indique un responsable de la MINUAR (Mission des Nations
unies pour l'assistance au Rwanda), « ça ne va pas être une partie de
campagne ». En effet, « Gitarama est bien fortifiée et protégée par de
nombreuses troupes ».
La capitale, Kigali, est l'autre lieu névralgique qui déterminera
l'issue de la confrontation militaire. Hier, les forces du gouvernement
ont tiré deux obus de mortier sur l'aéroport, où un avion de l'ONU
venait d'atterrir. L'appareil, à bord duquel se trouvait le secrétaire
d'Etat italien aux Affaires étrangères, Franco Rochetta, a été obligé
de redécoller en catastrophe. « C'est le plus grave incident en
présence d'un appareil. Les FAR (forces du gouvernement rwandais)
savent exactement quand un de nos avions se trouve sur le tarmac (de
l'aéroport) puisqu'il nous donne l'autorisation d'atterrir », a
commenté le commandant Jean-Guy Plante, porte-parole de l'ONU. Les
Nations unies se voient ainsi obligées de suspendre une nouvelle fois
les opérations d'évacuation des civils.
Le FPR contrôle désormais les deux tiers du territoire rwandais et le
gouvernement s'est replié dans quelques bastions menacés par les forces
armées du mouvement d'opposition. L'issue semble proche et le futur
pouvoir trouvera un pays exsangue. Plus de deux millions de Rwandais
sont sans abri, plus de 500.000 ont fui vers les pays voisins, dont
320.000 vers la seule Tanzanie. Des millions d'habitants sont menacés
de famine et toute opération de ravitaillement et de secours est rendue
impossible par les combats. De plus, dans leur retraite, les milices
présidentielles continuent de massacrer ceux qui appartiennent à
l'ethnie tutsie ainsi que les Hutus, membres de l'opposition. Ce qui
fait dire au FPR que le nombre des victimes de ce génocide prémédité
s'établit désormais à un million de personnes. Les organisations
humanitaires, quant à elles, parlent toujours de 500.000 personnes
tuées.
