Fiche du document numéro 13733

Num
13733
Date
Jeudi 2 juin 1994
Amj
Hms
11:27:00
Taille
88855
Titre
Rwanda - toujours pas de perspective de trêve
Cote
reutfr0020011106dq6200ufb
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 2 juin, Reuter - Les rebelles du Front patriotique rwandais et
l'armée régulière ont accepté jeudi de coopérer avec les Nations unies
pour faciliter l'évacuation de milliers de réfugiés bloqués à Kigali
mais aucun progrès n'a été enregistré sur la conclusion d'un
cessez-le-feu.

Les espoirs d'aboutir à une trêve lors des seconds entretiens entre les
belligérants sous l'égide de l'Onu ont été déçus par un assaut rebelle
contre des positions gouvernementales dans la capitale au moment où les
deux délégations étaient réunies. Le FPR a d'ailleurs affirmé qu'il
poursuivrait la lutte.

Démentant les accusations selon lesquelles il bénéficiait du soutien du
Rwanda, le colonel FPR Franck Mugambage a déclaré: Nous sommes
capables de nous battre et nous continuerons à nous battre, avec ou
sans assistance de qui que ce soit
.

De source proche du Comité international de la Croix-Rouge à Kigali, on
déclare qu'une quarantaine de personnes, dont dix enfants et dix
soldats, ont dû être hospitalisés à la suite de cette attaque.

Durant cette attaque, des officiers des deux camps se sont rencontrés
au QG de l'Onu et sont convenus de coopérer à l'évacuation des
réfugiés, qui reprendra demain (vendredi)
, a déclaré le porte-parole
des Nations unies, le commandant Jean-Guy Plante.

La radio gouvernementale a diffusé jeudi un appel pour que la capitale
soit défendue, accusant certains éléments des forces de sécurité
régulières de déserter la ville.

De source proche de l'Onu on ne s'attend pas à ce que le FPR respecte
une trêve avant d'avoir atteint son objectif - la prise de la capitale
- au terme de huit semaines de combats meurtriers et massacres qui
auraient fait jusqu'à un demi-million de morts.

Je crois que le FPR pourrait même accepter une trêve (...) mais nous
ne nous attendons pas à ce que qu'il arrête les combats jusqu'à ce
qu'il ait obtenu ce qu'il cherche
, a déclaré un responsable de l'Onu.

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Gâchette facile
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En attendant, les massacres continuent, a annoncé à Genève le Haut
Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, dont un délégué a vu
passer mercredi en l'espace d'une demi-heure 25 corps sur le fleuve
Kagera, à la frontière avec la Tanzanie.

Lundi, lors des premiers pourparlers entre le FPR et les autorités
gouvernementales depuis le déclenchement des combats, les rebelles
avaient demandé la cessation des massacres et des appels aux massacres.
La délégation militaire gouvernementale avait répondu qu'elle
transmettrait cette requête à son commandement suprême.

Après la mort d'un casque bleu sénégalais mardi à la suite d'un tir de
mortier des rebelles, de nouvelles procédures ont été mises en place
entre le FPR et l'Onu afin de permettre l'évacuation en toute sécurité
des réfugiés des deux bords.

Il y a des problèmes de communications entre le commandement rebelle
et ses officiers sur le terrain. Les hommes sur le terrain ont la
gâchette facile et il faut les faire obéir
, a expliqué un officier de
l'Onu.

Ils sont en train de gagner, donc ils tirent sur tout ce qui bouge. On
ne peut pas prendre le risque qu'un convoi de réfugié soit atteint.


Les rebelles, qui resserrent leur étau autour de la capitale ont
pilonné à l'arme lourde dans la nuit et dans la matinée de jeudi les
positions des forces gouvernementales dans le centre ville. Celles-ci
ont riposté.

Mais le principal effort de guerre rebelle porte à l'heure actuelle sur
la localité de Gitamara, à 40 km au sud de la capitale, où le
gouvernement s'est retranché, et sur celle de Butare, près de la
frontière burundaise.

Le flux de réfugiés rwandais qui fuient vers le Burundi menace de
propager les massacres entre Tutsis et Hutus dans ce pays où
l'hostilité entre les deux ethnies est tout aussi ancrée, craignent les
représentants sur place des organisations humanitaires.

Ils estiment d'autre part qu'un million de personnes déplacées par la
guerre risquent de mourir si de l'eau potable et de l'aide alimentaire
ne leur parviennent pas rapidement.

Le seul avion qui a atterri jeudi à Kigali ne transportait pas de
vivres pour les 8.000 réfugiés installés de part et d'autre de la ligne
qui sépare les quartiers contrôlés par les forces gouvernementales de
ceux qui sont aux mains des rebelles.

La dernière cargaison de vivre est arrivée lundi à bord d'un C-130.
Soyons francs: si l'aide alimentaire n'arrive pas dans des délais
assez brefs beaucoup de gens vont mourir
, a déclaré Gerry McCarthy de
l'Unicef. /MD/CR

(c) Reuters Limited 1994

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