Citation
ROME, 2 juin, Reuter - Le président Bill Clinton devait être jeudi le
premier dirigeant étranger à rencontrer le nouveau président du Conseil
italien Silvio Berlusconi.
Le magnat de la presse italienne attend du chef de la Maison blanche,
qui visite l'Europe à l'occasion du cinquantenaire du débarquement
allié de Normandie, une sorte d'aval implicite à la présence de
ministres néo-fascistes dans son gouvernement.
Le président américain, arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi à Rome,
a d'abord été reçu dans la matinée au Quirinal par son homologue
italien Oscar Luigi Scalfaro avant de se rendre au Vatican pour une
audience avec Jean Paul II.
Clinton a jusqu'à présent refusé de se laisser entraîner dans la
polémique qui fait rage en Europe sur la présence des héritiers
politiques de Benito Mussolini au sein d'un cabinet italien pour la
première fois depuis la dernière guerre.
Le Mouvement social italien (MSI), qui forme avec Forza Italia et les
fédéralistes de la Ligue du Nord la nouvelle coalition au pouvoir à
Rome, avait été fondé en 1946 pour maintenir vivant l'héritage du
Duce
.
Je raisonne comme un Italien et je dis que Berlusconi a été élu.
Donnons-lui une chance et soutenons-le
, avait déclaré Clinton la
semaine dernière à la télévision italienne au plus grand plaisir de
Berlusconi.
Vittorio Zucconi, éditorialiste au grand quotidien turinois La Stampa,
estime que le voyage de Clinton dans la péninsule - bien que prévu
avant l'élection d'Il Cavaliere
- est un signe ostensible d'appui à
la nouvelle équipe dirigeante.
Dans l'entourage du président américain on ne se montre pas outre
mesure alarmé par le présence au gouvernement italien de membres du MSI
et de leurs satellites politiques de l'Alliance nationale.
Ce qui compte c'est la politique du gouvernement italien, pas les
étiquettes politiques. Jusqu'à présent nous sommes très contents de la
politique
, confie un collaborateur de Clinton.
Clinton restera deux jours en Italie et une semaine en Europe où le
clou de sa visite sera la célébration du débarquement allié sur les
plages de Normandie, prélude à la défaite de l'armée hitlérienne.
Mais de source autorisée américaine, on dément que son séjour sera
purement protocolaire. Ainsi, sa rencontre avec le pape doit notamment
porter sur le Proche-Orient, le Rwanda, la situation en Somalie et la
liberté religieuse au Viêtnam.
L'audience au Vatican portera en outre sur un désaccord délicat entre
les Etats-Unis et le Saint-Siège, l'avortement et le contrôle des
naissances. /MD
(c) Reuters Limited 1994
