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NAIROBI, 11 mai, Reuter - La progression des rebelles et les
  bombardements qu'ils ont déclenchés ont semé mercredi la panique parmi
    la population de la capitale rwandaise Kigali, poussant bon nombre de
   personnes liées au gouvernement provisoire à faire leurs bagages et à
                            préparer leur fuite.
      Le gouvernement semble en plein désarroi et un grand nombre de
    responsables s'apprêtent à quitter le pays avec leurs familles
, a
     déclaré à Reuter Abdul Kabia, directeur exécutif de la Mission
             d'assistance des Nations unies au Rwanda (Minuar).
   Une bonne partie de la soirée de mardi, les lueurs des explosions ont
  pu être observées sur les hauteurs environnant la capitale. De violents
   combats entre les rebelles du FPR (Front patriotique du Rwanda) et les
  forces gouvernementales ont également été signalés dans les banlieues
                 nord de Kigali: Ruhengeri, Tumba et Nkumba.
   La majeure partie du centre-ville de Kigali est toujours aux mains des
    forces gouvernementales, mais les combattants du FPR cherchent à les
   encercler et à leur couper toute possibilité de fuite en direction du
                  sud et de la frontière avec le Burundi.
   Le FPR bombarde non seulement les objectifs militaires mais aussi les
       cibles civiles. Tout le monde ou presque ici se cache dans les
                   habitations
, a déclaré un habitant.
     Rares sont ceux qui s'aventurent encore dans les rues de la ville,
 hormis des jeunes, avec des armes à feu, qui aident l'armée à contrôler
           les barrages routiers et à ériger des fortifications.
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                        Boutros-Ghali optimiste
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  Une folie meurtrière s'est emparée du Rwanda depuis que son président,
   Juvenal Habyarimana, et son homologue burundais ont été tués dans un
    tir de roquette contre leur avion le 6 avril. Depuis, on estime à au
   moins 200.000 le nombre de personnes massacrées dans les luttes entre
   factions. La plupart des victimes appartiennent à l'ethnie Tutsi, mais
    de nombreux membres de la tribu du défunt président, les Hutus, ont
              également trouvé la mort dans le bain de sang.
      Face à cela, un mois après le déclenchement des massacres, la
   communauté internationale envisage d'envoyer une force de maintien de
   la paix pour mettre fin au bain de sang. Les Nations unies ont proposé
     l'envoi de 5.500 casques bleus chargés de protéger les civils et
                     d'aider aux opérations de secours.
    A Paris, le secrétaire général de l'Onu, Boutros Boutros-Ghali, a
    estimé mercredi qu'il était possible d'arrêter le bain de sang au
  Rwanda. Il a précisé que trois pays d'Afrique avaient accepté d'envoyer
                         là-bas des casques bleus.
   Je m'attends à ce que le Conseil de sécurité adopte des mesures dans
     les jours à venir
, a-t-il dit. Prié de dire si à son avis 5.500
    casques bleus suffiront à arrêter les massacres, il a répondu par
                               l'affirmative.
  Au Rwanda, Joseph Nzirurera, secrétaire général du parti du président
   assassiné, le Mouvement républicain national pour le développement, a
   estimé qu'une telle force de casques bleus ne serait acceptable que si
                     elle restait véritablement neutre.
     Il nous faut une force de l'Onu neutre, et non pas la force de la
        Minuar soupçonnée de pencher du côté du FPR
, a-t-il dit.
 A Genève, l'organisation humanitaire Médecins sans frontières a réclamé
     mercredi une riposte internationale ferme aux massacres en cours au
  Rwanda, notamment par la création de zones de sécurité
 sous contrôle
               de l'Onu pour donner refuge aux blessés. /EXF
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