Fiche du document numéro 13488

Num
13488
Date
Mercredi 11 mai 1994
Amj
Hms
17:06:00
Taille
86879
Titre
Panique à Kigali face à l'imminence d'un assaut
Cote
reutfr0020011106dq5b011wf
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
NAIROBI, 11 mai, Reuter - La progression des rebelles et les
bombardements qu'ils ont déclenchés ont semé mercredi la panique parmi
la population de la capitale rwandaise Kigali, poussant bon nombre de
personnes liées au gouvernement provisoire à faire leurs bagages et à
préparer leur fuite.

Le gouvernement semble en plein désarroi et un grand nombre de
responsables s'apprêtent à quitter le pays avec leurs familles
, a
déclaré à Reuter Abdul Kabia, directeur exécutif de la Mission
d'assistance des Nations unies au Rwanda (Minuar).

Une bonne partie de la soirée de mardi, les lueurs des explosions ont
pu être observées sur les hauteurs environnant la capitale. De violents
combats entre les rebelles du FPR (Front patriotique du Rwanda) et les
forces gouvernementales ont également été signalés dans les banlieues
nord de Kigali: Ruhengeri, Tumba et Nkumba.

La majeure partie du centre-ville de Kigali est toujours aux mains des
forces gouvernementales, mais les combattants du FPR cherchent à les
encercler et à leur couper toute possibilité de fuite en direction du
sud et de la frontière avec le Burundi.

Le FPR bombarde non seulement les objectifs militaires mais aussi les
cibles civiles. Tout le monde ou presque ici se cache dans les
habitations
, a déclaré un habitant.

Rares sont ceux qui s'aventurent encore dans les rues de la ville,
hormis des jeunes, avec des armes à feu, qui aident l'armée à contrôler
les barrages routiers et à ériger des fortifications.

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Boutros-Ghali optimiste
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Une folie meurtrière s'est emparée du Rwanda depuis que son président,
Juvenal Habyarimana, et son homologue burundais ont été tués dans un
tir de roquette contre leur avion le 6 avril. Depuis, on estime à au
moins 200.000 le nombre de personnes massacrées dans les luttes entre
factions. La plupart des victimes appartiennent à l'ethnie Tutsi, mais
de nombreux membres de la tribu du défunt président, les Hutus, ont
également trouvé la mort dans le bain de sang.

Face à cela, un mois après le déclenchement des massacres, la
communauté internationale envisage d'envoyer une force de maintien de
la paix pour mettre fin au bain de sang. Les Nations unies ont proposé
l'envoi de 5.500 casques bleus chargés de protéger les civils et
d'aider aux opérations de secours.

A Paris, le secrétaire général de l'Onu, Boutros Boutros-Ghali, a
estimé mercredi qu'il était possible d'arrêter le bain de sang au
Rwanda. Il a précisé que trois pays d'Afrique avaient accepté d'envoyer
là-bas des casques bleus.

Je m'attends à ce que le Conseil de sécurité adopte des mesures dans
les jours à venir
, a-t-il dit. Prié de dire si à son avis 5.500
casques bleus suffiront à arrêter les massacres, il a répondu par
l'affirmative.

Au Rwanda, Joseph Nzirurera, secrétaire général du parti du président
assassiné, le Mouvement républicain national pour le développement, a
estimé qu'une telle force de casques bleus ne serait acceptable que si
elle restait véritablement neutre.

Il nous faut une force de l'Onu neutre, et non pas la force de la
Minuar soupçonnée de pencher du côté du FPR
, a-t-il dit.

A Genève, l'organisation humanitaire Médecins sans frontières a réclamé
mercredi une riposte internationale ferme aux massacres en cours au
Rwanda, notamment par la création de zones de sécurité sous contrôle
de l'Onu pour donner refuge aux blessés. /EXF

(c) Reuters Limited 1994

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