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Après plus d'une année de négociations laborieuses, le gouvernement et
le Front patriotique rwandais (FPR) ont signé, mercredi 4 août à Arusha,
dans le nord de la Tanzanie, un accord de paix qui doit mettre un terme
à près de trois ans de guerre. Des institutions provisoires, incluant
des représentants de l'ancienne rébellion, doivent être mises en place
avant la mi-septembre.
Dans les camps de réfugiés, la nouvelle de la signature de l'accord de
paix a été accueillie par des youyous et des danses, signale l'AFP. De
cessez-le-feu rompus en négociations suspendues, la population rwandaise
ne croyait plus en un règlement pacifique de la crise qui a coûté si
cher au pays. Mais au cours d'une cérémonie solennelle, le chef de
l'Etat, Juvenal Habyarimana, et le président du Front patriotique
rwandais (FPR), Alexis Kanyarengwe, ont finalement fait la paix, en
s'engageant à « éradiquer les causes profondes qui ont donné naissance à
cette guerre ». Cet accord devra être mis en application de manière
scrupuleuse pour que disparaisse un scepticisme général nourri par
l'expérience.
Depuis l'offensive lancée par le FPR le 1er octobre 1990, à
partir de l'Ouganda, massacres et exodes se sont succédés. Hutus victimes
des exactions de l'agresseur, le FPR, Tutsis victimes des sanglantes
représailles des Hutus au pouvoir... La haine ancestrale entre l'ancien
maître tutsi, chassé du pays à l'indépendance, en 1962, et le pouvoir
hutu a fait des milliers de morts chez les civils. En mars dernier, un
huitième de la population (neuf cent mille personnes) était sur les
routes ou dans des camps de réfugiés. Les délais prévus pour réconcilier
les frères ennemis sont courts : trente-sept jours après la signature de
l'accord, un Parlement provisoire et un gouvernement de vingt-deux
ministres, dont cinq issus du FPR, doivent être mis en place. D'un
commun accord, il a été décidé que le cabinet serait dirigé par M.
Faustin Twagiramungu, président du Mouvement démocratique républicain
(MDR, opposition). Première anicroche : le MDR, qui s'était prononcé sur
un autre nom, signalait mardi aux « parrains » de l'accord d'Arusha (le
président tanzanien Ali Hassan Mwinyi et les observateurs britanniques,
belges, américains et français) que M. Twagiramungu avait été exclu de
leur parti.
Le départ des militaires français
Reste aussi à mettre en
pratique la clause sur l'intégration des combattants du FPR au sein de
l'armée nationale. Alors que les négociations achoppaient sur cette
question épineuse, il a été décidé que l'armée intégrerait les anciens
éléments rebelles dans ses rangs à hauteur de 40 % à la base et de 50 %
au niveau du commandement dès que les institutions provisoires seront
mises en place. Puis, dans les vingt-deux mois suivant la signature de
l'accord, des élections législatives et présidentielle devront être
organisées. L'accord prévoit également le départ des troupes étrangères
à partir de l'entrée en fonction d'une « force internationale neutre ».
Les deux compagnies françaises environ trois cents hommes restées au
Rwanda malgré l'accord conclu à Dar-es-Salaam le 7 mars dernier, devront
donc quitter le pays dès que cette force sera à pied d'oeuvre. L'ONU ne
dispose que de trente-sept jours pour la mettre en place. Aussi, selon
plusieurs sources, s'oriente-t-on d'un commun accord vers un
élargissement du Groupe d'observateurs militaires neutres (GOMN) de
l'Organisation de l'unité africaine (OUA), sur place depuis plusieurs
mois. Sous commandement de l'ONU, le GOMN pourrait tenir lieu de « force
internationale neutre ».