Fiche du document numéro 10262

Num
10262
Date
Mardi 30 août 1994
Amj
Auteur
Taille
100547
Titre
Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Rwanda
Type
Langue
FR
Citation
NOTE
à l’attention de

Monsieur le Président de la République

(s/c de Monsieur le Secrétaire Général)


OBJET : Rwanda

I - Situation :

- Après le départ des troupes françaises l'exode annoncé n’a
pas eu lieu, essentiellement parce que les troupes du Front patriotique
rwandais (FPR) ne sont pas entrées dans la zone humanitaire. La
situation demeure toutefois très fragile : le HCR ne relève aucun
mouvement significatif de retour des réfugiés (menacés par les milices
dans les camps ou dirigés dans des centres de tri au Rwanda s'ils
acceptent de rentrer), alors que plus d’un millier de rwandais quittent
quotidiennement la zone contrôlée par le FPR à l’est du pays pour
rejoindre les camps de Tanzanie.

- 3700 casques bleus sont actuellement déployés au Rwanda.
L'ONU a confirmé que le bataillon inter-africain resterait dans sa zone de
déploiement actuelle (Kibuye) et ne serait pas relevé comme l'avait
souhaité le chef du FPR, Paul Kagame.

- À Kigali, le gouvernement ne dispose d’aucun moyen
d'action (absence d’administration, de moyens matériels), et reste
dominé par le FPR hostile à une réelle ouverture en direction de la
majorité hutue.

II - Questions

- Date du retrait du Zaire de notre dispositif

L'Etat major prévoit un retrait progressif, du 15 au 30
septembre, de notre détachement ( 500 hommes à partir du 4 septembre)
qui assure le contrôle de l'aéroport de Goma, une aide humanitaire et le
soutien logistique du bataillon africain francophone. Rester au-delà du
mois de septembre n’est pas souhaitable d'autant que les relations entre
militaires zairois (prédateurs) et français (de plus en plus sollicités pour
le maintien de l’ordre) se tendent. Cependant les Nations-unies ne nous
ont pas encore donné l'assurance que la prise en charge du bataillon
africain sera effective avant la fin septembre.

- Accréditation d’un ambassadeur rwandais à Paris.

Elle est sollicitée par le gouvernement rwandais.

La question de notre contribution à la reconstruction du
Rwanda sera également posée prochainement. Pour des raisons
budgétaires elle devrait être très limitée sur un plan bilatéral et
s’exprimera essentiellement dans le cadre européen.

- Désarmement et démantèlement des forces armées
rwandaises (FAR).

La présence au Zaire des FAR (28 000 personnes avec les
familles), avides de revanche, pose problème aux organisations
humanitaires et aux autorités zairoises. Des négociations sur leur
désarmement entre le gouvernement de Kigali et celui de Kinshasa (qui
se sont déroulées à Goma ces derniers jours en présence d'officiers
américains), n’ont pas abouti. Les américains, pour lesquels l’Ouganda
est devenu le point d'ancrage de leur politique dans cette partie de
l'Afrique, nous demanderont très certainement de faire pression sur le
Président Mobutu pour que le Zaire contrôle puis disperse ces troupes
rwandaises qui constituent une menace tant pour ‘le nouveau Rwanda’

que pour le Burundi. Il est possible que Washington en fasse une
condition de son aide au gouvernement zairois de M. Kengo Wa Dondo.
Pour notre part il n’y a pas lieu de nous impliquer sur ce terrain,
d'autant plus que la logique des accords d’Arusha prévoit la fusion et
l'intégration des Forces armées rwandaises et du FPR.


Général QUESNOT Bruno DELAYE

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