Fiche du document numéro 10016

Num
10016
Date
Mardi 1er octobre 1996
Amj
Taille
133817
Titre
Révélations sur l'assassinat de Dulcie September
Sous titre
Selon un ancien membre des escadrons de la mort sud-africains, la représentante en France de l'ANC a été assassinée par la police secrète de Pretoria
Nom cité
Nom cité
Nom cité
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
CHAQUE jour apporte son lot de révélations sur les actions des escadrons de la mort pilotés par le régime d'apartheid. Avant-hier, on apprenait que la « piste sud-africain » était le plus vraisemblable pour expliquer l'assassinat du premier ministre suédois Olof Palme.

Hier, Dirk Coetzee, l'ancien chef de la Vlakplaas (unité secrète chargée des «mauvais coups» pendant l'apartheid), a affirmé à l'AFP que la police secrète sud-africaine était responsable de l'assassinat, en mars 1988 à Paris, de Dulcie September, représentante de l'ANC en France. « Je sais que la section A des services sud-africains était impliquée, mais je n'ai pas de détail sur cette opération spécifique », a déclaré le commandant Coetzee dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

Dulcie September, une métisse de quarante-deux ans exilée en France en 1984 après avoir été bannie de son pays natal, a été tuée par balles sur le palier de son bureau parisien le 29 mars 1988. A l'époque, les autorités sud-africaines avaient formellement démenti toute responsabilité dans son assassinat qui est resté non élucidé à ce jour. Selon le commandant Coetzee, l'opération contre Dulcie September a été préparée par l'unité A que dirigeait le « super-espion » Craig Williamson depuis une ferme des environs de Pretoria aujourd'hui détruite.

« Cette unité spéciale de la police était chargée de la lutte contre les militants antiapartheid et ce plus particulièrement à l'étranger », a dit Dirk Coetzee qui a, par le passé, révélé les activités d'une autre unité de la police secrète, la très redoutée cellule du Vlakplaas qu'il a dirigée jusqu'en 1985.

Un haut diplomate sud-africain exilé en Belgique dans les années quatre-vingt à cause de ses activités antiapartheid avait affirmé en août devant la commission Vérité et Réconciliation avoir été lui-même victime de deux tentatives d'assassinat menée par un escadron de la mort dépêché par les autorités sud-africaines de l'époque. Selon Godfrey Motsepe, devenu aujourd'hui haut fonctionnaire des Affaires étrangères, l'assassinat de September fut sans doute « l'oeuvre de ce même escadron de la mort qui parcourait l'Europe dans le but d'éliminer les membres de l'ANC ».

Le commandant Coetzee, qui a demandé une amnistie pour ses activités, doit à son tour témoigner début novembre devant la commission Vérité et Réconciliation chargée de faire la lumière sur les agissements du régime d'apartheid. Ses révélations ont contribué à l'arrestation, en mai 1994, du colonel Eugène De Kock, qui lui a succédé à la tête du Vlakplaas jusqu'à sa dissolution en 1993. Le colonel De Kock, qui se qualifie lui-même d'« assassin d'Etat », en procès depuis dix-huit mois et reconnu coupable par la cour suprême de Pretoria de 89 crimes, a mis en cause, au cours d'une confession-fleuve, tout le gotha de l'apartheid pour les atrocités commises sous le régime raciste. Il a aussi nommément accusé le commandant Williamson d'être impliqué dans l'assassinat toujours non élucidé du premier ministre suédois Olof Palme, en février 1986.

Célèbre « exécuteur » des basses oeuvres de l'apartheid, le commandant Williamson avait officiellement pris sa retraite de la direction opérationnelle des renseignements de la police sud-africaine en décembre 1985 pour créer une société de conseil baptisée « Longreach ». Selon Dirk Coetzee, cette société était « à 100% une société-écran de la sécurité sud-africaine ». Parmi ses collaborateurs figurait selon lui un certain James Anthony White, mercenaire qu'il a cité comme l'auteur de l'assassinat de Palme lors d'une mission baptisée « Opération Longreach ».

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