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Après la guerre des ondes et des communiqués entre Paris et l'Alliance
de Laurent-Désiré Kabila, les deux parties esquissent un rapprochement
par le truchement de plusieurs ONG. Depuis avril déjà, l'ONG logistique
Atlas, souvent sollicitée par le secrétariat à l'Action humanitaire
d'urgence de Xavier Emmanuelli, est de retour à Kisangani. L'un de ses
anciens membres, surnommé ``Junior'', a certes été récusé pour de
prétendues dangereuses liaisons militaires, mais deux autres - un homme
et une femme -, précédemment basés à Kampala, sont sur place. Plus
politique encore est la « mission pour faciliter le retour des réfugiés »
que Kabila a confié, le 7 mai, à Jean-Jacques Andrieux, directeur de
l'Association pour la sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence
(AFSA). Le 20 mai, Andrieux, qui avait déjà adressé au chef rebelle une
« note » au début de l'année pour attirer son attention sur les « enfants
non accompagnés » dispersés dans l'est du Zaïre, est venu à Lubumbashi en
compagnie du général Jeannou Lacaze, ex-d'état-major de l'armée
française, ex-conseiller militaire du maréchal Mobutu et... président
d'une petite ONG, Association pour les relations avec le tiers monde.
« Nous nous sommes vus à trois pendant deux heures », précise Andrieux,
qui ajoute qu'il serait « sorti s'il s'était agi de questions
militaires ».
Reste que le directeur de l'AFSA - qui n'est pas à Kisangani - se voit
confier la mission d'examiner les modalités d'un retour au Rwanda « dans
la dignité et la sécurité » des réfugiés cachés dans la forêt près de
Biaro, lieu de massacres entre les 21 et 25 avril; ce qui fait enrager
les ONG et agences de l'ONU se heurtant, elles, aux restrictions
imposées par les représentants locaux de Kabila. « Je suis un
franc-tireur », affirme Jean-Jacques Andrieux, conscient qu'il y a « une
grande partie diplomatique dans cette affaire », Kabila cherchant à
« renouer le dialogue » avec la France, très critique au sujet de ses
exactions. Andrieux étant par ailleurs le premier adjoint de Jacques
Toubon à la mairie du 13ème à Paris, on peut se demander s'il n'est pas,
aussi, instrumentalisé par le nouveau président de la République
démocratique du Congo. A moins que le gouvernement français n'ait tapé
d'autant plus fort sur le chef rebelle coupable de « comportements
criminels » et de « violations de conventions humanitaires » qu'il
cherchait à faire récupérer le futur chef de l'Etat par les réseaux
RPR...