Sous titre
Mercredi 6 avril 1994. Le Falcon du président rwandais, avec à son bord les présidents du Rwanda Juvénal Habyarimana et du Burundi Cyprien Ntaryamira, s'apprête à atterrir sur l’aéroport de Kigali. Soudain, la piste disparaît.
Citation
Les balises viennent en effet de s'éteindre et l'aéroport tout entier se trouve plongé dans le noir. Quelques secondes plus tard, deux missiles sol-air tirés depuis le camp militaire de Kanombe volatilisent l'appareil. Le Rwanda minuscule pays d'Atique centrale enclavé entre le Zaire, le Burundi, la Tanzanie et l'Ouganda, vient à nouveau de basculer dans l'horreur.
À Kigali, la capitale, avant même que l'avion présidentiel ne soit
abattu, des barrages dirigés par des éléments de la garde
présidentielle apparaissent aux points stratégiques. Vingt minutes
après l'explosion de l'avion, l'endroit du point de chute est déjà
bouclé par les hommes de la garde présidentielle. Radio Mille
Collines, la voix de l'aile dure du pouvoir rwandais, annonce que
ce sont les Casques-bleus belges qui ont abattu l'avion ramenant les
deux présidents d'Arusha [erreur : Dar es-Salaam] en Tanzanie.
Aussitôt la chasse aux Belges est ouverte. [...]
Comment en est-on arrivé à ce sentiment anti-belge de la part des
autorités rwandaises ? [...] La Belgique avait retiré ses troupes en
novembre 1990, puis elle avait refusé de livrer des armes déjà
payées, arguant de la nécessité d'un gouvernement de transition
représentatif et insistant sur le respect des Droits de l'homme. De
plus, en novembre 1993, les militaires français, présents au Rwanda
depuis octobre 1990, furent remplacés par des Casques-bleus. Cette
décision ne remporta jamais l'adhésion de l'entourage du président
Habyarimana, un entourage qui constitue en réalité l'aile dure du
mouvement hutu et qui juge les positions du président, lors des
pourparlers d'Arusha, trop conciliantes. La décision des durs du
régime consistera alors à se débarrasser purement et simplement du
président.
En fait, ce qui s'est passé le 6 avril n'est rien d'autre qu'un coup
d'État orchestré par le colonel Bagasora [Bagosora], cousin du
président par alliance, et sur la pression du clan de l'épouse du
président.