Fiche du document numéro 400

Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.
Num
400
Date
Lundi 27 juillet 1992
Amj
Auteur
Fichier
Taille
1445281
Pages
10
Titre
Etat d'esprit des militaires et de la population civile
Mot-clé
Mot-clé
Cote
ICTR-98-41-T P.21 (a)
Source
FAR
Fonds d'archives
Type
Pièce à conviction produite devant un tribunal
Langue
FR
Citation
Pseudonym:
Witness Code: MELVLIN

MELVLIN-25

Melvern
Linda

"Etat d’esprit des militaires et de la population civile", a
confidential letter authored by A. Nsengiyumva ( previously
identified also as ’FARZZZZ-15’)

.......
ForWitnessStatement:
................



REPUBLIQUE RWANDAISE

MINISTERE DE LA DEFENSE NATIONALE
ARMEE RWANDAISE

ETAT-MAJOR


Note au Chef EM AR

OBJET: Etat d’esprit des militaires
et de la population civile.


1. La situation politique de notre Pays et la guerre que nous vivons
suscitent beaucoup de commentaires aussi bien chez nos militaires
que chez la population civile.

Ces commentaires consécutifs à certains événements politiques ou
à la pression ENI créent un certain état d'esprit qu’il importe de
porter à votre connaissance, lequel état d'esprit NE peut manquer
de préoccuper.

Je vous livre ci-après certains commentaires enregistrés, après quoi
je vous donnerai mes avis et considérations.


2. Différents sujets suscitent des commentaires qui sont souvent parta-
gés aussi bien par les civils que par les militaires.

a. L’accord d’ARUSHA

(1) Les commentaires des civils sur ce sujet sont nombreux
je N’y reviens PAS puisque ils sont tenus publiquement et
passent même à la radio à travers les chroniques des partis
politiques ou à travers les reportages des meetings.

Grosso modo, beaucoup de gens critiquent d’une façon acerbe
le contenu de l’accord qui NE favorise que le FPR au détri-
ment du RWANDA. Ils demandent alors que cet accord puisse
être revu pour que les points qui nous désavantagent soient
reconsidérés

La majorité de ceux qui critiquent cet accord s’accordent à
formuler leurs inquiétudes quant à une éventuelle fusion
entre les FAR et les maquisards du FPR.


La population civile désapprouve cela et pense qu’il s’agit
d’une façon alambiquée de prendre le pouvoir au RWANDA
à partir de l’intérieur.


Même les adhérants à certains partis d’opposition, le MDR plus
particulièrement, désapprouvent l’éventualité d’une fusion
entre les FAR et les éléments armés du FPR.
Et tous ceux qui désapprouvent, ajoutent que notre pays est
en train d’être vendu à l’ENI.


La population a donc peur de tout cela, et il y en même qui
disent qu’ils vont déjà préparer leur fuite avant l’arrivée
des INKOTANYI, tout en ajoutant qu’avant de fuir, ils vont
d’abord massacrer les Tutsi.

(2) Côté militaire, beaucoup sont ceux qui désapprouvent avec viru-
lence une possible fusion entre les INKOTANYI et les FAR.
Les Officiers sont parmi ceux qui dénoncent cette rubrique
de l’accord d’ARUSHA. Ils disent que EVENTUELLEMENT,
ils pourraient supporter l’intégration de quelques éléments INKOTANYI,
dans les proportions qui respectent la représentativité
de la population Tutsi dans ce pays.

Si les Tutsi représentent 14% de la population rwandaise, les
INKOTANYI à intégrer devraient représenter 14% des futures
forces armées rwandaises.
Aller au delà, disent les Officîers, et les autres militaires
d'ailleurs, ce serait vendre ce pays à l'ENI et les militaires
NE l'admetteraient PAS.

Certains Officiers, au cours de leurs conversations vont
jusqu'à se demander si les choses doivent rester tel qu’elles
sont, c’est-à-dire des responsables civils qui édictent des ¯
directives, prennent des décisions qui vont à l’encontre des
intérêts de la Nation, tout simplement pour sauvegarder les
intérêts immédiats de leurs partis.

Ils se demandent pendant combien de temps cela va durer, tout
en exprimant leurs inquiétudes sur l’ingérence des politiciens
dans les affaires purement militaires.
Ils concluent qu’il est temps que cette situation change.

Concernant la fusion ou l’intégration des INKOTANYI, les
Officiers disent que le Gouvernement, à travers le MINAFFET
et le MINADEF, devrait, au cours d’une réunion élargie à plus
de responsables militaires, essayer d’expliquer ce sujet et
permettre des débats ouverts, afin de sentir et enregistrer
les inquiétudes des militaires sur ce point, de noter leurs
considérations, et d’en tenir compte lors des prochaines

négociations; ceci se justifie, disent-ils, car ce sont les
militaires qui sont appelés à vivre avec les INKOTANYI, et
NON ces civils.




En tout cas les militaires ont peur d’une éventuelle fusion
des INKOTANYI avec les FAR, et ils pressentent déjà des
massacres de nos militaires, surtout de nos cadres, par les
INKOTANYI qui seraient alors admis massivement.

Il y a même des Officiers qui disent qu’avant de fuir ce pays,
ils vont d’abord régler leurs comptes à ceux de nos
responsables qui auront été à la base du désastre, en acceptant
avec naïveté, toutes les revendications de l’ENI qui nous
combat.


(3) Beaucoup de civils commencent maintenant à approcher les mili-
taires, pour leur dire que les FAR sont le dernier recours,
qu’elles devraient donc redresser à temps la situation, et
mettre fin à ces agissements de civils irresponsables, qui NE
sont guidés que par le gain immédiat dans le cadre des Partis,
au lieu de considérer les intérêts d’ensemble du peuple rwandais.

Donc, en général, il règne un climat d'inquiétude généralisée
au sein de la population civile et au sein de nos militaires,
face à la perspective d’une fusion des FAR avec les INKOTANYI.
Beaucoup sont ceux qui pensent que nos responsables NE sont
PAS guidés par les intérêts de la Nation.
¯


(4) Les Officiers contestent le fait de dire (dans l’accord
d'ARUSHA) qu’on va créer une armée nouvelle, tout en ignorant
que les forces armées rwandaises existent déjà. Ici, ils criti-
quent sérieusement le fait que même la Radio RWANDA NE parle
PLUS de "FORCES ARMEES RWANDAISES", mais plutôt de "FORCES
ARMEES GOUVERNEMENTALES". ¯

Les Officiers soulignent que cette façon de raisonner
laisse pensez que les Forces Armées Rwandaises actuelles sont
une faction d’une future armée au même titre que les élémemts
du FPR. Et ils NE supportent PAS ça.
Ils N’hésitent PAS de dire eux aussi, que "ce pays a été vendu".


(5) Concernant la libération des prisonniers de guerre et des acolytes
de l'ENI, unilateralement par le RWANDA et SANS contrepartie, ça,
la population NE comprend PAS du tout, tous Partis politiques
confondus (moins le Parti Libéral bien entendu).
Pour une grande partie de la population, c’est une preuve
supplémentaire que seul l’ENI tire avantage de l’accord d’ARUSHA,
tandis que le Gouvernement Rwandais se fait rouler continuellement.

Pour certains, il y a parmi nos négociateurs des individus acquis
à l’ENI, et qui sont entrain de lui offrir tout, au détriment
des intérêts de la Nation

...../.-.-



La population demande alors que les FAR puissent faire
quelque chose pour redresser la situation avant que ce
NE soit trop tard.


Il y en a même qui, dans un excès de dépit, vont jusqu’à dire
que nos troupes devraient quitter le front, car il NE sert à
RIEN de se faire trouer la peau, lorsque de prétendus respon-
sables politiques sont en train de vendre le le pays à ce même
ENI que nous combattons.

Les militaires quant à eux tiennent presque le même langage,
Ils demandent quand et dans quelles conditions leurs camarades
qui ont été capturés par l’ENI seront libérés maintenant que
l’ENI a obtenu la libération des siens SANS contrepartie.
Ceci en rajoute bien sûr à leur démoralisation surtout que
certains croient que les Officiers ont donné l’aval à l’opéra-
tion, lors de leur rencontre avec le Premier Ministre et le
MINAFFET à l’ESM. Certains militaires affirment même qu'avant
de fuir devant la poussée massive de l’ENI vers la Capitale,
ils régleront d’abord les comptes aux Officiers qui auront
cédé facilement aux volontés des responsables civils inconscient
(Je NE fais que reprendre ce qui se dit).


Les Officiers de leur côté se disent avoir été victimes de la
supercherie du MINAFFET et du Premier Ministre.
En effet, ils NE comprennent PAS comment ces deux autorités
ont rencontré autant de responsables militaires, soit-disant
pour leur expliquer l’accord d’ARUSHA, et qu'ils aient omis,
sciemment certainement, de leur parler de la libération
unilatérale des prisonniers de guerre et des acolytes de l’ENI,
SANS AUCUNE contrepartie.

Les Officiers disent qu’ils ont été ainsi abusés, car le publiç
civil et militaires croit qu’ils étaient au courant de cette
manoeuvre qui est intervenue le soir même de la rencontre avec
les autorités sus-citées.
C’est avec beaucoup d’amertume qu’ils évoquent ce sujet.

b. LA DESTITUTION DES AUTORITES COMMUNALES (KUBOHOZA)

(1) Certaines personnes pensent que le fait de "KUBOHOZA" qui
consiste notamment à destituer les autorités NON en odeur
de sainteté auprès des Partis politiques d’opposition et
plus particulièrement les Bourgmestres pro-MRND, ce fait
donc risque de créer des désordres dans la pays, si le
Gouvernement N’y met PAS fin à temps
Ceci inquiète d'autant plus que de hauts responsables politi-
ques dont le Premier Ministre, approuvent et appuient


CONFIDENTIEL

officiellement ces actes repréhensibles.

L’on se demande par exemple si le Premier Ministre se sent
toujours Premier Ministre de tout le Gouvernement, quand il
va jusqu’à "KUBOHOZA" lui-même, en s’attribuant lui-même les
insignes du MDR à des Bourgmestres convertis de force,
lors des meetings du Parti.

L’on se demande jusqu’où peuvent aller les choses, si le Chef
de l’Etat se met à faire la même chose au profit de son Parti,
le MRND.

(2) Les mêmes interrogations sont enregistrées quand les gens se
demandent pourquoi des fonctionnaires de l’Etat doivent être
écartés de leurs postes SANS compensation, par le seul fait de
NE PAS appartenir au parti politique, du Ministre.

Ici, beaucoup de gens sont furieux, surtout ceux du MRND et se
demandent si les Ministres du MRND sont réellement engagés
pour défendre les intérêts de leur Parti, ou si certains NE
sont là que pour défendre leurs propres întérêts¯

J’ai enregistré des réflexions de certains Officlers qui,
SANS nécessairement verser dans des interventions partisanes,
qui disaient pourtant que: "Sî ce Président NE défend PAS
ses hommes, s’il NE s’oppose PAS à temps aux manoeuvres de ces
Partis pro-ENI, c’ est-à-dire qu’il sera lui aussi entrain de
défendre ses propres intérêts en ignorant ceux de la Nation
et en abandonnant carrément ceux qui l’ont soutenu jusqu’ici;
et bien, s’il NE réagit PAS à temps face à ces situations
dramatiques pour sauver la Nation et les honnêtes gens, il va
se retrouver seul, car personne NE tient à donner sa peau
pour quelqu’un qui NE le reconnaîtra PAS ".

Et l’on ajoutait: "Ahubwo muzabimutwire abimenye".

Voilà donc ce que pensent certains Officiers sur les désordres actuels.


2. AVIS ET CONSIDERATIONS PERSONNELS



a. L’accord d’ARUSHA a été un accord léonin au profit de l’ENI.

Ce dernier a senti qu’il peut donc aller plus loin et exiger
davantage. Les concessions faites ainsi à l’ENi risquent
d’hypothéquer gravement les intérêts de la Nation.

La population a senti cela, c’est pourquoi elle crie au scandale
de toute part. Même beaucoup d’adhérants des Partis dits d'opposi-
tion dénoncent certains aspects de l'accord et plus particulière


ment ceux relatifs à la formation d’une nouvelle armée nationale,
et ceux relatifs à la libération des prisonniers de guerre et des
acolytes de l’ENI, libération qui a été unilatérale au détriment
du RWANDA.

Les militaires en général N’approuvent PAS du tout l’accord, en
question et pensent que le pays a été "vendu" à l’ENI, et qu’il
N’est donc PLUS nécessaire de continuer à se battre, car tous les
efforts faits dans ce domaine sont annihilés par les responsables
politiques qui ne défendent que leurs propres intérêts.


b. Je pense que cette situation est grave et mérite d’être examinée
de plus près pour redresser les torts causés, si cela est encore
possible.

Pour ce qui regarde les militaires, je pense qu’il est encore temps
d’organiser un large débat sur l’accord pour ce qui
regarde la formation de "la nouvelle armée".
Ce débat permetrait de saisir les sentiments et les préoccupations
des militaires, eux qui sont appelés à vivre avec les INKOTANYI
dans la "Nouvelle armée".


L’on pourrait même s’inspirer de certaines reflexions qui sortiraient
de cette concertation au lieu de subir toujours les décisions qui
vont dans le sens des intérêts politiques du moment, alors que les
conséquences de ces décisons risquent d'hypothéquer gravement
l’avenir des FAR et du pays.


Le Chef de l’Etat avait promis une deuxième reunion avec les respon-
sables militaires. Pourquoi NE PAS saisir l’occasion et organiser
cette réunion où tout le monde cracherait sa vérité, SANS risque
de se faire taper sur les doigts; en effet, une certaine psychose
commence à gagner les Officiers qui NE sont PLUS sûrs de leur avenir,
étant donné que les mutations semblent être téléguidées par les
milieux extérieurs aux FAR. Alors on a peur de dire ce que l’on
pense devant certaines personnes.

Ça il faut se le dire, car il est inutile de se cacher la vérité.

Cette psychose hante maintenant certains certains esprits.

c. Le malaise qui se sent chez les civils est enregistré chez les
militaires aussi. Tout le monde dit SANS se cacher que ce pays
a été vendu, mais qu’il faudrait faire quelque chose pour le sauver.
Les civils comptent sur les Forces Armées, et certains approchent
déjà les militaires pour leur dire que l’heure a sonné pour sauver
le pays du chaos. Cette situation est dangereuse et tout peut
arriver dans ces conditions, surtout quand les gens n'hésitent PLUS
d'affirmer que si le Chef de l’Etat N’est PAS prêt à prendre ses



CONFIDENTIEL

responsabilités pour sauver le pays, il N’a qu’à passe# le relais.
Ceci se dit au grand Jour.

d. Les militaires NE sont PAS prêts à cohabiter avec les INKOTANYI
et NE comprennent PAS du tout comment nous leur demandons de se
battre, lorsque par ailleurs nous libérons les Inyenzi capturés
sur le terrain et les recruteurs qui alimentent le front ENI.
Tout ceci les agacent et la Troupe commence à fustiger les respon-
sables aussi bien civils que militaires.
Les Officiers commencent de plus en plus à perdre confiance en
leurs supérieurs et ils le disent.
Cette situation mérite réflexion et remède.

e. L’accord d’ARUSHA a jeté l’émoi dans toutes les couches de la popu-
lation. C’est le dépit général.
Et pourtant la guerre risque de continuer. Et si la guerre continue,
nous risquons de connaître des problèmes:
- Des militaires fatigués et démoralisés;
- Des difficultés économiques qui s’amenuisent;
- Des partenaires qui risquent de nous lâcher; :
- Des politiciens qui risquent de créer le chaos favorisant
ainsi l’action de l’ENI, etc,..


Et dans ces conditions, ce pays risque de retomber entre les mains
des INKOTANYI, avec toutes les catastrophes que cela comporterait.
Pour nous préparer à la poursuite des hostilités car C’est finale-
ment cela qui va arriver, il faudrait à mon avis:

(1) - Recruter et former des militaires suffisants et dont le moral
est moins entamé, pour s’opposer à l’ENI qui a été ragaillardi
par une série de victoires faciles et une propagande soutenue.


(2) - Nous assurer d’un stock de munitions, suffisant car toute
nouvelle rupture de stock entraînerait un désastre difficile
à réparer.


(3) - Chercher à nous garder les faveurs de nos amis et autres
partenaires, surtout la FRANCE et les ETATS-UNIS.
A l’intention de ces amis et partenaires, il faut préparer
les esprits et leur faire sentir que le cas du RWANDA est
spécifique, qu’il s’agit d’un ENI qui veut reprendre le
pouvoir qu’il a perdu, et que toutes les autres bonnes
intentions NE sont que des subterfuges qui NE visent qu’à la
conquête du pouvoir et ainsi passer â la revanche pour venger
les victimes de la révolution de 1959 et tout ce qui a suivi
jusqu’en 1973.



Ces amis et partenaires nous aideraient ainsi à faire fléchir
l’ENI qui demande à obtenir encore plus.
Ainsi, nous pourrions facilement faire passer le concept de
la représentativité au sein des FAR suivant les proportions
ethniques de la population rwandaise, au lieu d’une fusion
pure et simple, qui, si elle intervenait, aboutirait à la cata-
strophe d’une guerre civile plus meurtrière. Ça, les politiciens
devraient le comprendre aussi.


(4) - Amener nos amis et partenaires à privilégier le processus
démocratique au lieu de s’enliser dans d’autres considérations
insidieuses de la part de l'ENI.

Ceci appelle bien sûr un consensus national pour que nous
parlions un même langage face à la guerre.

Les Partis comme le PL et d’autres qui travaillent dans son
giron devraient revenir à la réalité pour privilégier les
intérêts de la Nation.
D’ailleurs, s’ils NE le font PAS, le peuple risque d’agir
lui-même, maintenant qu’il commence à se rendre compte qu’il
est dupé. Et l’action des masses populaires est difficile
à canaliser.


(5) - Puïsque la population et les FAR sont agacées par les actions
du Gouvernement qui NE se livre qu’à des manoeuvres politicien-
nes (je ne fais que reprendre ce qui se dit), ce Gouvernement
risque d’être amené à démissionner. Il faudrait donc amener
nos amis à NE PAS nous abandonner sous prétexte que nous NE
faisons montre d’aucun signe de bonne volonté.

Pour cela, le processus démocratique lui, doit dans ce
cas être préservé et brandi chaque fois devant la face du monde,
pour dire que, malgré nos difficultés du moment, nous sommes
quand même attaché à la démocratie ou plutôt au processus vers
la démocratie.

f. Il est pour moi aberrant que, au moment où l’ENI menace le pays
et jure de prendre le pouvoir à KIGALI (il se trouve à une cinquantai-
ne de Km de la Capitale), à l’intérieur, le peuple s’entredéchire sous
le prétexte des Partis politiques et avec la bénédicÇion des
responsables de ces Partis.

Ce n’est PAS dans ce contexte que nous parviendrons à nous unir
contre cet ENI qui nous menace. Ces querelles devraient cesser,
de même que les histoires de "KUBOHOZA", que certains responsables
appuient SANS réserve.


CONFIDENTIEL

Les gens (les Bourgmestres surtout) devraient se sentir sécurisés,
si nous leur demandons d’asseoir la sécurité à l’Intérieur du pays.
Certains responsables (cas du Bourgmestre GATETE et autres,...)
devraient être laissés en paix et NON être victimes de leur zèle
dans l’intérêt de la Nation.

Les agents de l’Etat NE devraient PAS être victimes des injustices
liées aux Partis politiques, SANS quoi ils deviennent des mécontents
gratuitement et grossissent les rangs des contestataires, agravant
ainsi le malaise qui sévit dans ce pays.


Je souligne en passant que l'entree en force des éléments Tutsi ou
du PL dans l’administration agace beaucoup les agents Hutu écartés.
La tension est vive.

4. CONCLUSIONS


a. La population est mécontente et démoralisée par l'action du
Gouvernement qui favorise l’ENI. Les militaires sont démoralisés
et démobilisés. Ils NE sont PAS prêts à cohabiter avec les INKOTANYI.

b. Le climat est malsain en général et beaucoup sont ceux qui
réclament des changements, allant jusqu’à inviter les militaires
à faire quelque chose pour sauver le pays.
L’accord d’ARUSHA qui est largement critiqué est venu mettre
de l’huile sur le feu.

c. L’ENI profite de cette situation politique qui lui est favorable
pour faire pression, sur le terrain et politiquement, et il risque
de nous submerger.



d. Quelque chose devrait être fait pour dénouer cet imbroglio.
En même temps, nous devrions nous préparer à la poursuite de la
guerre si l’ENI opte pour cette solution, mais en même temps,
nous devons nous assurer des bonnes prédispositions de
nos amis et partenalres.
Une action diplomatique (même informelle) est donc obligatoire.


NSENGIYUMVA Anatole
Lt Col BEMS
¯ G2 EM FAR

Copie: SEM le Président
de la République

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