Fiche du document numéro 3718

Num
3718
Date
Mercredi 20 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
16426258
Pages
0
Sur titre
Journal de 20 heures [4:29]
Titre
Nicolas Sarkozy : « Il faut que d'urgence tout le monde s'y mette pour que les combats cessent ! »
Sous titre
Des centaines et des centaines de réfugiés meurent à la frontière entre le Rwanda et le Zaïre.
Nom cité
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Résumé
- Last night [July 19] we asked one of our special envoys to Rwanda the simplest and at the same time the most complex question: "what can we do to avoid the worst?". Tonight the question is over, the humanitarian catastrophe has begun. Hundreds and hundreds of refugees are dying on the border between Rwanda and Zaire.

- More and more deaths in Goma: over three kilometres, we counted a hundred. Died of exhaustion, disease, dehydration, abandonment. Their shroud: a tied mat for those who still have a family.

- We must dig mass graves. But the volcanic rock outcrops very quickly and you can't go very deep. Here it will be the French army and its bulls who will be solicited. Caritas takes care of another pit. But there is no quicklime in Goma. And it was very hot.

- The risks of epidemics are increasing day by day. 80 cases of cholera would have been identified today. And then there are the dying, exhausted, who no longer accept anything, not even a little water. Death is on the loose among the Rwandan refugees leaving Goma and relief is still arriving only in dribs and drabs.

- Nicolas Sarkozy: "When we see that we are upset! But that's why France acted and intervened. The question we should ask ourselves is 'why are we the only ones?'. Aside from a few of our African friends who have sent men, logistics and equipment, why do you think Prime Minister Edouard Balladur was, a few days ago, pleading before the Security Council to draw the attention of the international community? Everyone must urgently get involved so that the fighting stops! So that humanitarian aid increases! So that the means in men and material can arrive! So that humanitarian associations can intervene! But imagine what these images would be like if there was no security zone? If the French soldiers of Operation Turquoise had not done what they did with a tremendous courage? When you think that there was a beginning of controversy to know if France should intervene. But when we see images like the ones you have just shown, we are revolted! And we say to ourselves: 'But the logic, the honor, the morality, is that the whole of the international community should have intervened on our side'. I don't ask myself the question of the usefulness of France's intervention. But why are we alone?".

- In the face of this tragedy, international aid obviously seems very derisory and yet it has begun to organize itself since the cessation of fighting on the ground. The United States seems to have accepted the idea that it was their duty to commit to bringing relief to the populations.

- Rwanda will have had a hard time climbing like last night [July 19] to the front page of American television, obsessed for several weeks by Haiti and its refugees off the coast of Florida. But last night, on the spot, President Clinton's special envoy for refugees did not mince his words. "I don't think, said Mr. Atwood, that we have seen such a tragedy since the Holocaust".

- According to our information, the White House could quickly send military personnel to the Zaire border to regulate air traffic in Goma and even expand the airport. The American authorities are also considering setting up a powerful refugee radio station to counter the alarmist calls broadcast by supporters of the former Rwandan government.

- In Washington itself, the Rwandan embassy has been officially closed. The ousted government's diplomats have until Friday [July 22] to leave the US capital.

- But the Americans will not go, like the French, to play peacekeepers in Rwanda. They do not recognize any government there for the moment but are in contact with the new authorities in Kigali at the highest level.
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of June 28, 1994 is visible in its entirety here: https://www.youtube.com/watch?v=fPDzqbctflg
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Étienne Leenhardt :] Nous posions, euh, hier soir [19 juillet] à l'un de nos envoyés spéciaux au Rwanda la question la plus simple et en même temps la plus complexe qui soit : "que peut-on faire pour éviter le pire ?". Ce soir la question est dépassée, la catastrophe humanitaire a commencé. Des centaines et des centaines de réfugiés meurent à la frontière entre le Rwanda et le Zaïre comme en témoigne le reportage extrêmement pénible de nos envoyés spéciaux Patricia Coste et Philippe Jasselin.

[Patricia Coste :] Les morts de plus en plus nombreux à Goma [une incrustation "Goma, Aujourd'hui" s'affiche à l'écran] : sur trois kilomètres, nous en avons décompté une centaine. Morts d'épuisement, de maladie, de déshydratation, d'abandon [gros plans sur des cadavres allongés dans les rues de Goma]. Leur linceul : une natte ficelée pour ceux qui ont encore une famille [on voit une rangée de corps recouverts d'une natte].

Il faut creuser des fosses communes. Mais la roche volcanique affleure très vite et on ne peut pas aller très profond. Ici ce sera l'armée française et ses bulls qui seront sollicités [on voit une pelleteuse en train de creuser une fosse commune]. Caritas se charge d'une autre fosse.

Mais il n'y a pas de chaux vive à Goma [on voit un homme sortir un corps de petite taille d'un camion et le jeter dans une fosse au milieu de nombreux autres cadavres]. Et il a fait très chaud. Les risques d'épidémie s'accroissent de jour en jour [on voit à présent quatre hommes porter un corps d'adulte jusqu'à la fosse commune]. 80 cas de choléra auraient été recensés aujourd'hui.

Et puis il y a les mourants, à bout, qui n'acceptent plus rien, même pas un peu d'eau [gros plan sur un jeune homme mourant couché par terre]. La mort cavale chez les réfugiés rwandais au sortir de Goma et les secours n'arrivent toujours qu'au compte-goutte.

[Étienne Leenhardt pose à présent une question en plateau à Nicolas Sarkozy.]

Étienne Leenhardt : Euh, juste un mot sur ce drame Nicolas Sarkozy. Ces…, ces images sont…, sont terribles. Euh, est-ce que vous avez l'impression que…, que ce qu'a fait le France, euh, a…, a finalement servi a quelque chose ? On est complètement désemparé quand on voit le…, le reportage de nos envoyés spéciaux.

Nicolas Sarkozy, "Ministre du Budget, Porte-Parole du Gouvernement" : Non mais quand on voit ça on est bouleversé ! Mais c'est bien pour ça que la France a agi et est intervenue. La question qu'on devrait se poser c'est "pourquoi sommes-nous les seuls ?". Mis à part quelques-uns de nos amis africains qui ont envoyé des hommes, de la logistique, du matériel. Pourquoi croyez-vous que le Premier ministre Edouard Balladur a été, il y a quelques jours encore, plaider devant le Conseil de sécurité pour appeler l'attention de la communauté internationale ? Il faut que d'urgence tout le monde s'y mette pour que les combats cessent ! Pour que l'aide humanitaire, euh, augmente ! Pour que les moyens en hommes, euh, puissent arriver ! En matériel ! Pour que les…, les associations humanitaires puissent intervenir ! Mais imaginez un peu ce que seraient ces images s'il n'y avait pas la zone de sécurité ? Si les soldats français de l'opération Turquoise n'avaient pas fait ce qu'ils ont fait avec un courage formidable ? Quand vous pensez qu'y a eu un début de polémique pour savoir si la France devait intervenir. Mais quand on voit des images comme celles que vous venez de montrer, on est révolté ! Et on se dit : "Mais la…, la logique, l'honneur, la morale, c'est que l'ensemble de la communauté internationale aurait dû intervenir à nos côtés". Je…, je ne me pose pas la question de l'utilité de l'intervention de la France. Mais pourquoi sommes-nous seuls ?

[Étienne Leenhardt :] Précisément en face de…, de ce drame, l'aide internationale semble, euh, évidemment bien dérisoire et pourtant elle…, elle commence à s'organiser depuis l'arrêt des combats sur le terrain. Les États-Unis semblent avoir accepté l'idée qu'il était, euh, de leur devoir de s'engager pour porter secours aux populations. À Washington Jean-Marc Illouz.

[Jean-Marc Illouz :] Le Rwanda aura eu bien du mal à se hisser comme hier soir [19 juillet] à la Une des télévisions américaines, obsédées depuis plusieurs semaines par Haïti et ses réfugiés aux larges des côtes de Floride [gros plan sur une femme en train de recouvrir le corps d'un enfant décharné].

Mais hier soir, sur place, l'envoyé spécial du Président Clinton pour les réfugiés ne mâchait pas ses mots [on voit un homme allongé au sol devant une femme ; la scène suivante montre des réfugiés en train de puiser de l'eau dans le lac Kivu. "Je ne pense pas, disait Monsieur Atwood, que l'on ait vu pareil drame depuis l'Holocauste" [on voit Brian Atwood en train de répondre à une interview par téléphone].

Selon nos informations, la Maison-Blanche pourrait envoyer rapidement du personnel militaire à la frontière du Zaïre pour réguler le trafic aérien à Goma et même agrandir l'aéroport [on voit un avion marqué "WFP" se poser sur l'aéroport de Goma].

Les autorités américaines envisagent aussi la mise en place d'une radio-réfugiés puissante pour faire pièce aux appels alarmistes diffusés par les partisans de l'ancien gouvernement rwandais [on voit notamment des réfugiés en train de frapper d'autres réfugiés avec des bâtons].

À Washington même, l'ambassade du Rwanda a été officiellement fermée [gros plan sur la façade de l'ambassade]. Les diplomates du gouvernement déchu ont jusqu'à vendredi [22 juillet] pour quitter la capitale américaine [la caméra zoome sur la plaque de l'ambassade "1714 / Embassy of the Republic of Rwanda"].

[Jean-Marc Illouz, face caméra, devant l'ambassade du Rwanda à Washington : "Mais les Américains n'iront pas comme les Français jouer les soldats de la paix au Rwanda. Ils n'y reconnaissent pour l'instant aucun gouvernement mais sont en contact avec les nouvelles autorités à Kigali au plus haut niveau".]
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