Fiche du document numéro 35816

Num
35816
Date
Samedi 29 novembre 2025
Amj
Auteur
Fichier
Taille
29806
Pages
2
Titre
Le courage de Jean Carbonare
Sous titre
Petit discours prononcé lors de la remise du prix littéraire « Les écritures du courage, Jean et Marguerite Carbonare - Dieulefit »
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Type
Conférence
Langue
FR
Citation
 

La guerre d’Algérie



En 1956, le gouvernement de Guy Mollet lui demande d’organiser, pour le compte du gouvernement français, des contacts « officieux » avec les responsables de l’Armée de Libération Nationale algérienne. Le gouvernement français veut connaître leur position.

Avec Amiar, il rencontre dans les Aurès un colonel de l’armée de libération algérienne (l’ALN), avec une centaine de maquisards.

A l’époque, l’ALN demandait seulement « la reconnaissance du fait national algérien ». Après cet entretien, il faillit être assassiné par deux maquisards qui ignoraient le pourquoi de la présence de ce Français.

« À minuit, les maquisards partent, Amiar sort un moment, j’étale des peaux de mouton pour me coucher, quand, soudain, entrent deux jeunes maquisards, armés. Ils s’esclaffent en arabe "Ya, el-roumi" (Ah le Français, le Français). Ils avancent, les canons de leur fusil dirigés vers moi et j’entends les gâchettes qui s’enclenchent. Ne parlant pas l’arabe, impossible d’expliquer qu'Amiar était mon ami. Ils brandissent leurs couteaux. L’absence de mon ami me parut longue. Enfin, il arriva, gronda très sévèrement ces jeunes qui avaient vraiment l’intention de me tuer. »

Son heure n’était pas venue. Dieu avait encore quelques missions à lui confier !

Il rencontre ensuite le gouverneur général d’Algérie pour lui faire un rapport de ses entretiens avec les responsables de l’ALN. L’entrevue le remplit d’indignation : « L’armée française torture ».

Les promesses du gouvernement français de ne pas inquiéter ceux qui avaient facilité son voyage ne sont pas tenues. Amiar est arrêté à Besançon, puis relâché avant Noël. Il décide de le mettre en sécurité.

« Le 24 décembre 1957, dans la nuit de Noël, Amiar et moi courrons à perdre haleine, sans lampe électrique, pour atteindre la Suisse, poursuivis par une meute hurlante de chiens policiers français. Nous atteignons la frontière, je conduis Amiar à Montreux, chez Ferhat Abbas, alors président du gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA). »

Le génocide au Rwanda



« C’est seulement à Dakar en novembre 1975 que nous découvrons l’existence de ce petit pays, grâce à Ezéchias Rwabuhihi et Joséphine, nos amis sont tutsi, obligés de s’exiler pour échapper aux massacres des étudiants. Tout notre engagement avec le Rwanda partira de cette rencontre et aboutira à ma participation en janvier 1993 à une enquête internationale sur la violation des droits de l’homme : la FIDH dénonce les pratiques de génocide au Rwanda et la responsabilité des autorités rwandaises dans ces massacres. »

En 1993, Jean voit au Rwanda des barrages partout. Gendarmes, miliciens, contrôlent les cartes d’identité mentionnant l’ethnie. Nos soldats français y participent en lisant les cartes d’identité pour les miliciens analphabètes. Les Hutus circulent librement. Sans laisser-passer, les Tutsis sont abattus.

Revenu en France, il annonce au JT de 20 heures, fin janvier 1993, quelques mois avant le génocide, qu’un génocide se prépare au Rwanda, que notre gouvernement, notre armée sont impliqués.

La cellule africaine de l’Elysée prend peur, demande à Pierre Péan de discréditer Jean Carbonare dans son livre Noires fureurs, blancs menteurs. Tout un chapitre de mensonges sur mon mari. Un coup dur !

Passer pour un menteur aux yeux de la famille, des amis. Jean ne s’en est pas tout à fait remis, malgré le soutien de responsables de l’Église protestante et d’amis.

Nul n’est prophète dans son pays.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024