Citation
PEF D2370/1 (2 pages)
/TD KIGALI =—945 ; 19/11/92 09E39 —- 49803 — 1/2
S-DL CONFIDENTIEL DIPLO I PR4
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TD KIGALI 945 LE 19 NOVEMBRE 1992
KGLE LE 19/11/92 A 08Æ32
IMMEDIAT
CHIFFRE CONFIDENTIEL DIPLOMATIE
NB : DISTRIBUTION LIMITEF
AD DIPLOMATIE 945 CQ MINCOOP PARIS 313
CQ MINDEFENSE PARIS 192 CQ ARMEES PARIS 135
TXT
OBJET : ENTREVUE AVEC LE PRESIDENT HABYARIMANA.
LE PRESIDENT HABYARIMANA M'A INVITE HIER SOIR, ACCOMPAGNE
DEMON EPOUSE, DANS SA RESIDENCE DE KANOMBE. A CET ENTRETIEN
PRIVE, QUI A DURE DEUX HEURES TRENTE, ASSISTAIENT EGALEMENT
MADAME HABYARIMANA, LE NONCE APOSTOLIQUE ET L'ANCIEN PREMIER
MINISTRE, M. SYLVESTRE NSANZIMANA.
AU MOMENT OU L'INSECURITE SE DEVELOPPE DANGEREUSEMENT DANS
TOUT LE PAYS, ET ALORS QU'UNE MANIFESTATION EST PREVUE
AUJOURD'HUI PAR L'OPPOSITION POUR RECLAMER LE DEPART DU PRESIDENT,
CELUI-CI SOUHAITAIT AVANT TOUT NOUS ASSURER DE SON ENGAGEMENT A
NE PAS ENTRAVER LA POURSUITE DU PROCESSUS D'ARUSHA. MAIS IL NOUS A REDIT
QU'IL NE POUVAIT ACCEPTER QUE CE PROCESSUS ABOUTISSE A LUI ENLEVER
AINSI QU'A SES PARTISANS, TOUTE POSSIBILITE DE
PARTICIPER A LA GESTION DU PAYS, EN DONNANT LA MAJORITE A UNE
COALITION DU FPR ET DE L'OPPOSITION INTERIEURE. L'UNION DE CELLE-
CI AVEC LA REBELLION N'EST POUR LUI QU'UNE ALLIANCE DE
CIRCONSTANCE DESTINEE A LE CHASSER DU POUVOIR MAIS ELLE NE
REFLETE PAS L'OPINION DE LA MAJORITE DU PAYS.
LE PRESIDENT A AUSSI VOULU NOUS DEMONTRER QU'IL SOUHAITAIT SINCEREMENT UN
COMPROMIS POUR UN PARTAGE EQUITABLE DU POUVOIR ENTRE LES FORCES EN PRESENCE.
LE GOUVERNEMENT EN A DISCUTE HIER ET CONTINUERA A LE FAIRE AUJOURD'HUI, MAIS LE
CHEF DE L'ETAT NE PENSE PAS QU'UN ACCORD SOIT POSSIBLE AVANT
DIMANCHE. AUSSI PROPOSE-T-IL QUE LA PROCHAINE NEGOCIATION
D'ARUSHA TRAITE D'ABORD DE LA QUESTION DES REFUGIES ET DE
CELLE-DE LA FUSION DES ARMEES. DE CE FAIT, LES PARTIS POLITIQUES
DE L'INTERIEUR DISPOSERAIENT DE DEUX SEMAINES DE PLUS POUR
PARVENIR A UN CONSENSUS.
LE CHEF DE L'ETAT EST TOUJOURS ATTACHE AU PRINCIPE DES
ELECTIONS, ET EN PREMIER LIEU AUX ELECTIONS COMMUNALES. JE LUI
AI FAIT REMARQUER QUE LE DIFFEREND PORTAIT SUR LA MANIERE
DONT CES ELECTIONS SERAIENT ORGANISEES. IL M'A CONFIRME QU'IL
ESTIMAIT POSSIBLE DE LES FAIRE PREPARER PAR UNE COMMISSION
NATIONALE FORMEE A CET EFFET. MAIS IL CONTINUE A S'OPPOSER A UN
CHANGEMENT PREALABLE DE L'ADMINISTRATION TERRITORIALE QUI
AURAIT POUR RESULTAT DE PLACER PUREMENT ET SIMPLEMENT LES
HOMMES DE L'OPPOSITION A LA PLACE DES SIENS.
LE PRESIDENT HABYARIMANA TENAIT ENFIN A NOUS FAIRE APPARAITRE QU'IL N'ETAIT PAS
L'INSTIGATEUR DES VIOLENCES QUI SE DEROULENT DANS LE PAYS, QUE CES VIOLENCES
ETAIENT INITIEES TOUT AUTANT PAR LES PARTISANS DE SES ADVERSAIRES QUE PAR LES SIENS.
DANS LES EVENEMENTS RECENTS QUI ONT CAUSE PLUSIEURS MORTS DANS LA COMMUNE DE SHYORONGI,
IL NOUS A INDIQUE QU'ON AVAIT TUE DEUX INTERAHAMWE (JEUNESSE DU MRND) DONT L'UN
AVAIT ETE DECAPITE.
TD KIGALI 945 19/11/92 OSH39 - 49803 —- 2/2
COMME D'HABITUDE, MADAME HABYARIMANA, QUI SERVAIT ELLE-MEME
LES BOISSONS ET LES CANAPES, A APPORTE SA TOUCHE PERSONNELLE,
INSISTANT SUR LA CORRUPTION DE CERTAINS CHEFS DE L'OPPOSITION
QUI ONT FAIT DANS LE PASSE L'OBJET DE POURSUITES JUDICTAIRES,
METTANT AUSSI L'ACCENT SUR L'ETERNEL PROBLEME DES RELATIONS INTER-ETHNIQUES.
SELON ELLE, M. FAUSTIN TWAGIRAMUNGU, PRESIDENT DU MDR, MARIE A UNE FILLE
DE L'ANCIEN PRESIDENT KAYIBANDA, SE SERT DE CETTE ALLIANCE COMME TREMPLIN
POLITIQUE MAIS ENTRETIENT DES MAITRESSES TUTSI ET RECOIT D'ABONDANTS FINANCEMENTS
DU F.P.R. QUANT AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. BONIFACE NGULINZIRA, SES
AFFINITES SONT DICTEES PAR LE FAIT QU'IL A UNE MERE TUTSI. EN REVANCHE,
LE PREMIER MINISTRE, M. DISMAS NSENGIYAREMYE, ''UN VRAI HUTU'' TROUVE QUELQUES GRACES AUX YEUX DE
MADAME HABYARIMANA. ELLE NE MET EN CAUSE NI SA BONNE VOLONTE NI SON HONNETETE.
CES PROPOS MONTRENT UNE FOIS DE PLUS COMBIEN, EN DEPIT DES
EFFORTS QUI SONT FAITS DE PART ET D'AUTRE POUR L'OCCULTER, LE
PROBLEME ETHNIQUE RESTE TRES PRESENT DANS LE CONFLIT
RWANDAIS./.
MARTRES
