Abstract
- Edouard Balladur will visit the French troops of Operation Turquoise on the border between Zaire and Rwanda on Sunday [July 31]. He announced it this morning while he was in Senegal, the first stop on an African tour that will also take him to Côte d'Ivoire and Gabon.
- Edouard Balladur is a little upset: he organized this trip two months ago with the aim of making his mark in French-speaking Africa and explaining to Africans that he does not break with the traditional policy of France in the for Africa. But then, the events that have occurred in the meantime in Rwanda scramble his message a little and force him to speak more than he would have liked about the presence of France in Rwanda. Like this afternoon for example in front of the French forces based in Senegal. Edouard Balladur: "And now all the countries of the world are discovering, while we were sincere, the exceptional gravity of the situation and are starting to mobilize".
- The Prime Minister will have found in any case in the person of the President of Senegal, Abdou Diouf, a partner. Together, they are working to convince other African heads of state to take over from France in Rwanda.
- The presence of the Americans in Kigali, Edouard Balladur the clairvoyant judge and he has not stopped repeating since the beginning of his trip that the French were the first to react to the tragedy in Rwanda. It is also not excluded that the Prime Minister will go on Sunday [July 31] inside this country, more exactly in the humanitarian zone of the southwest, just to mark the French presence a little more.
- Britain in turn is preparing to send troops to Rwanda. But this will not happen for a fortnight. The Americans, for their part, are still hesitating about the quantity of soldiers to send there.
- The Chief of Staff of the French Army, Admiral Lanxade, visited the French troops. First of all to those who bury the remains of cholera victims, in Goma, then to the soldiers who hold the humanitarian security zone.
- They bury corpses by the thousands, 4,000 a day here since Sunday [July 24]. They organize the collection of the dead from cholera. They dig mass graves with a backhoe in an unbearable smell without seeing the end. This is the task of the French soldiers in Goma, the one that the Chief of Staff of the Armed Forces, Admiral Lanxade, came to honor first. Jacques Lanxade: "It is the French who do the dirty work. It is their honor. It is the honor of the French army".
- Admiral Lanxade also went to Rwanda to fly over the Safe Humanitarian Zone where some three million people are often in fairly organized camps. After reluctance about the military presence, humanitarian associations, such as the ICRC or Caritas, are starting to join in.
- Calm reigns in the area according to Admiral Lanxade. But the situation is far from being resolved with serious food shortages.
- France is going to get away from Rwanda. The elite of the special operations command and the ALAT helicopters have already started their withdrawal. Only the logistics and humanitarian base in Goma could be maintained. Jacques Lanxade: "We will not leave without others having taken our place and it is likely that in Zaire itself, we will continue our action beyond August 21".
- Le Nouvel Observateur dated today has decided to pay five francs per copy sold in newsstands at Médecins sans frontières.
Citation
[Dominique Bromberger :] Edouard Balladur se rendra dimanche [31 juillet] auprès des troupes françaises de l'opération Turquoise sur la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. Il l'a annoncé ce matin alors qu'il se trouvait au Sénégal, première étape d'une tournée africaine qui le mènera également en Côte d'Ivoire et au Gabon. Isabelle Torre suit le voyage du Premier ministre.
[Isabelle Torre :] Edouard Balladur est un peu contrarié : il a organisé il y a deux mois ce voyage dans le but de prendre ses marques en Afrique francophone et d'expliquer aux Africains qu'il ne rompt pas avec la politique traditionnelle de la France à l'égard de l'Afrique.
Seulement voilà, les évènements survenus entre temps au Rwanda brouillent un peu son message et l'obligent à parler plus qu'il ne l'aurait souhaité de la présence de la France au Rwanda. Comme cet après-midi par exemple devant les forces françaises basées au Sénégal [on voit Edouard Balladur au milieu d'une fanfare militaire en train de jouer La Marseillaise].
[Edouard Balladur, "Premier ministre", devant les micros des journalistes : "Et voilà que tous les pays du monde découvrent -- alors que nous étions sincères --…, découvrent l'exceptionnelle gravité de la situation et commencent à se mobiliser".]
Le Premier ministre aura trouvé en tout cas en la personne du Président du Sénégal, Abdou Diouf, un partenaire. Ensemble, il s'efforcent de convaincre d'autres chefs d'État africains de prendre la relève de la France au Rwanda.
[Abdou Diouf, "Président du Sénégal" : "La France a été très bien inspirée de lancer l'opération Turquoise qui a permis à un pays africain comme le Sénégal de s'associer. Et ensuite d'autres pays africains sont venus. Donc c'était ce qu'il fallait faire à ce moment-là".]
[De Dakar, face caméra, Isabelle Torre : "La présence des Américains à Kigali, Edouard Balladur la juge voyante et il ne cesse de répéter depuis le début de son voyage que les Français ont été les premiers à réagir au drame du Rwanda. Il n'est d'ailleurs pas exclu que le Premier ministre se rende dimanche [31 juillet] à l'intérieur de ce pays, plus exactement dans la zone humanitaire du sud-ouest, histoire de marquer un peu plus la présence française".]
[Dominique Bromberger :] À son tour la Grande-Bretagne se prépare à envoyer des troupes au Rwanda. Mais cela ne se fera pas avant une quinzaine de jours. Les Américains, eux, hésitent encore sur la quantité de soldats à expédier sur place.
Le chef d'état-major de l'armée française, l'amiral Lanxade, a rendu visite aux troupes françaises. Tout d'abord à celles qui enterrent les dépouilles des victimes du choléra, à Goma, puis aux militaires qui tiennent la zone de sécurité humanitaire. À Goma nous retrouverons nos envoyés spéciaux Denis Brunetti et Jean-Étienne Mach.
[Denis Brunetti :] Ils enterrent les cadavres par milliers, 4 000 par jour ici depuis dimanche [24 juillet] [une incrustation "Goma, Zaïre" s'affiche à l'écran]. Ils organisent le ramassage des morts du choléra. Ils creusent ces fosses communes à la pelleteuse dans une odeur insoutenable sans en voir la fin. Telle est la tâche des soldats français de Goma, celle que le chef d'état-major des armées, l'amiral Lanxade, est venu honorer en premier [on voit Jacques Lanxade venir serrer la main d'un militaire français en train de superviser l'ensevelissement des corps ; une incrustation indique par erreur "Région de Cyangugu"].
Jacques Lanxade, "Chef d'état-major des armées", devant une fosse commune : "Ce sont les Français qui font le sale boulot. C'est leur honneur. C'est… l'honneur des…, de l'armée française, euh [sourire]"].
L'amiral Lanxade est aussi allé au Rwanda survoler ce vaste territoire [vue aérienne du camp de Nyarushishi], cette Zone humanitaire sûre où quelque trois millions de personnes sont souvent dans des camps assez organisés. Après des réticences sur la présence militaire, les associations humanitaires, comme le CICR ou Caritas, commencent à y entrer. Mais le relais par l'ONU, prévu le 21 août en plusieurs phases, a pris quelque retard.
Le calme règne dans la zone selon l'amiral Lanxade. Mais la situation est loin d'être résolue avec de grosses insuffisances alimentaires [diffusion d'images de gens en train de se faire soigner par des médecins militaires de l'armée française]. Mais la France va bien décrocher du Rwanda. L'élite du commandement des opérations spéciales et les hélicoptères de l'ALAT auraient déjà engagés leur repli selon nos informations. Seule la base logistique et humanitaire de Goma pourrait se maintenir [vue aérienne sur la base].
[Jacques Lanxade, toujours devant la fosse commune : "Nous ne partirons pas sans, euh…, que d'autres aient pris notre place et il est vraisemblable notamment que… au Zaïre même, nous continuerons, euh, notre action au-delà du 21 août"].
"L'opération Turquoise a rempli sa mission jusque là", a-t-il conclu.
[Dominique Bromberger :] À noter que Le Nouvel Observateur daté d'aujourd'hui a décidé de verser cinq francs par exemplaire vendu en kiosque à Médecins sans frontières.