Citation
RESUME : LA VISITE AU RWANDA DU MINISTRE DELEGUE INTERVIENT
ALORS QUE LES INSTITUTIONS DE LA TRANSITION NE SONT TOUJOURS PAS EN
PLACE. OUTRE SON ASPECT HUMANITAIRE, ELLE DOIT NOUS PERMETTRE
D'APPELER À UNE MISE EN OEUVRE RAPIDE DES ACCORDS D’ARUSHA.
TEXTE : LA VISITE AU RWANDA DE MME MICHAUX-CHEVRY EST LE
PREMIER DEPLACEMENT D'UN MINISTRE FRANCAIS DANS CE PAYS DEPUIS
PRESQUE UN AN. AUCUN MEMBRE DU GOUVERNEMENT NE S'EST EN EFFET RENDU
À KIGALI DEPUIS M. DEBARGE, ALORS MINISTRE DE LA COOPERATION, EN
FEVRIER 1993. C'EST AUSSI LE PREMIER DEPLACEMENT MINISTERIEL AU
RWANDA D'UN PAYS OBSERVATEUR DEPUIS LA SIGNATURE DE L'ACCORD DE PAIX
A ARUSHA, LE 4 AOÛT DERNIER.
CETTE VISITE INTERVIENT DANS UN CONTEXTE D'INCERTITUDE. SI
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A PRETE SERMENT LE 5 JANVIER DERNIER DANS
LES FORMES REQUISES PAR L'ACCORD DE PAIX, LES AUTRES INSTITUTIONS DE
LA TRANSITION, NOTAMMENT L'ASSEMBLEE NATIONALE ET LE GOUVERNEMENT,
NE SONT TOUJQURS PAS EN PLACE.
AUCUN ACCORD N'A EN EFFET ETÉ TROUVE POUR L'INSTANT SUR-LA
PARTICIPATION DE 2 DES PRINCIPAUX PARTIS POLITIQUES, LE MDR ET LE
PARTI LIBERAL. AU MDR, LE CONFLIT OPPOSE M. TWAGIRAMUNGU, FUTUR
PREMIER MINISTRE DU PROCHAIN GOUVERNEMENT (APPUYE PAR TOUS LES
MEMBRES MDR DE L'ACTUEL GOUVERNEMENT) À UNE FRACTION DE SON PROPRE
PARTI QUE TOUS LES OBSERVATEURS S’ACCORDENT À RECONNAITRE COMME
LARGEMENT MAJORITAIRE. LE PROBLEME PORTE SUR QUELQUES SIEGES À
L'ASSEMBLEE NATIONALE ET PLUS ENCORE SUR LES PORTEFEUILLES
MINISTERIELS, QUE LE FUTUR PREMIER MINISTRE ENTEND TOUS RESERVER À
SES PROPRES PARTISANS. AU PL, LE DESACCORD CONCERNE À LA FOIS LA
REPARTITION DES PORTEFEUILLES ET LA DESIGNATION DES DEPUTES, LE
PRESIDENT DU PARTI OPPOSANT À LA LISTE DES DEPUTES QUI AVAIT ETE
ARRETEE DEBUT SEPTEMBRE UNE NOUVELLE LISTE. À LA DIFFERENCE DU MDR,
LE CONFLIT A PRIS AU PL UN TOUR NETTEMENT ETHNISTE, LE PRESIDENT
HUTU S’OPPOSANT A LA MAJORITE TUTSI DE SON PARTI.
LA COMPLEXITE ET L'APRETE DES OPPOSITIONS TIENNENT POUR UNE
PART À LEUR DOUBLE DIMENSION. IL S'AGIT DE CONFLITS DE PERSONNES,
DANS UNE COURSE AUX PORTEFEUILLES OU LES INTERETS PRIVES, LES
OPPOSITIONS ETHNIQUES ET REGIONALES, JOUENT UN ROLE DETERMINANT. PAR
AILLEURS, LE DEBAT OPPOSE LE PRESIDENT HABYARIMANA AU FPR, BIEN QUE
L'UN COMME L'AUTRE AFFECTENT DE SE PLACER AU-DESSUS DE LA MELEE.
L'ENJEU EST DE SAVOIR SI LE CHEF DE L*ETAT DISPOSERA AU SEIN DES
INSTITUTIONS D’UNE MINORITE DE BLOCAGE D'UN TIERS LUI PERMETTANT DE
FAIRE ECHEC A DES DECISIONS QUI LUI SERAIENT TROP DEFAVORABLES ET
SURTOUT À SA MISE EN ACCUSATION, QUI AUX TERMES DES ACCORDS PEUT
ETRE DECIDEE PAR L'ASSEMBLEE À LA MAJORITE DES DEUX TIERS.
LES TENTATIVES DE PRESSION INTERNATIONALE SUR LES UNS ET LES
AUTRES N’ONT PAS MANQUE AU COURS DE CES DERNIERES SEMAINES : LA
COMMUNAUTE DIPLOMATIQUE RESTREINTE (LE NONCE APOSTOLIQUE ET LES 4
PAYS OCCIDENTAUX OBSERVATEURS), OU PLENIERE, A MULTIPLIE LES
CONTACTS EN INSISTANT SUR LES ECHEANCES, NOTAMMENT LE DEBAT AU
CONSEIL DE SECURITE LE 5 JANVIER ET LE CALENDRIER FIXE AVEC LES
INSTITUTIONS DE BRETTON-WOODS. M. BOUTROS-GHALI S’EST POUR SA PART
ENTRETENU PERSONNELLEMENT AVEC LE PRESIDENT HABYARIMANA. CES EFFORTS
ONT ETE VAINS, LES PARTIES RWANDAISES NE CHERCHANT PAS À NEGOCIER
MAIS À PRENDRE L’AVANTAGE TACTIQUE ET PSYCHOLOGIQUE EN MULTIPLIANT
LES MANOEUVRES ET LES ARGUTIES JURIDIQUES. UNE RENCONTRE ORGANISEE
PAR LE REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS-UNIES
ENTRE LE CHEF DE L’EIAT ET LE FPR N’A PAS DAVANTAGE ABOUTI. CEUX QUI …
ONT VOULU ALLER PLUS LOIN ET SUGGERER DES FORMULES DE COMPROMIS
PRÉCISES Y ONT PERDU UNE PART DE LEUR CREDIBILITE SANS FAIRE
PROGRESSER LE DEBAT TEL À ETE LE CAS NOTAMMENT DES EVEQUES.
DANS CE CONTEXTE, LA VISITE DU MINISTRE REVETIRA UNE DIMENSION
POLITIQUE IMPORTANTE. MME MICHAUX-CHEVRY RENCONTRERA LES PRINCIPAUX
PROTAGONISTES : LE CHEF DE L'ETAT, BIEN ENTENDU; MAIS AUSSI MME
UWILINGYIMANA, ACTUEL PREMIER MINISTRE MDR TRES PROCHE DE M.
TWAGIRAMUNGU, M. LANDOALD NDASINGWA, MINISTRE DU TRAVAIL ET DES
AFFAIRES SOCIALES ET DIRIGEANT DE LA ''FACTION TUISI’’ DU PL, ENFIN
M. BIHOZAGARA, FUTUR VICE-PREMIER MINISTRE ET SECRETAIRE D'ETAT A LA
RECONSTRUCTION NATIONALE, FPR. SA VISITE SERA SCRUTEE PAR LES UNS ET
LES AUTRES QUI CHERCHERONT A S'ATTIRER NOTRE SOUTIEN OU CRITIQUERONT
NOTRE ''INGERENCE'' SI NOUS NE PARAISSONS PAS ACQUIS À LEURS THESES.
LA VISITE DU MINISTRE, SANS ENTRER DANS LE DETAIL DE LA
QUERELLE, DEVRAIT ETRE L'OCCASION DE DELIVRER UN MESSAGE DE FERMETE
À L'EGARD DE TOUTES LES PARTIES CONCERNEES : LES PROGRES OBTENUS
JUSQU'À PRESENT - SIGNATURE DE L'ACCORD DE PAIX, ENGAGEMENT DE LA
COMMUNAUTE INTERNATIONALE PAR LE BIAIS NOTAMMENT DE LA MINUAR - ONT
ETE RENDUS POSSIBLES PAR L’EXPRESSTON DE LA VOLONTE POLITIQUE DE
TOUS LES INTERESSES RWANDAIS.
LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE EST PRETE À POURSUIVRE SON EFFORT
POLITIQUE POUR ASSURER LE SUCCES DE LA MISE EN OEUVRE DES ACCORDS,
ECONOMIQUE ET FINANCIER POUR PERMETTRE AU PAYS D'AMORCER SON
REDRESSEMENT.
ENCORE FAUT-IL QUE LES RESPONSABLES RWANDAIS SE RESSAISISSENT
ET METTENT FIN AUX JEUX ACTUELS. LES INSTITUTIONS DE LA TRANSITION
DOIVENT ETRE MISES EN PLACE SANS TARDER. ELLES DOIVENT BENEFICIER
DANS LE PAYS DU SOUTIEN POLITIQUE ET POPULAIRE LE PLUS LARGE
POSSIBLE. LES SIGNATAIRES DES ACCORDS D’ARUSHA SONT TOUS LIES PAR
CES ACCORDS ET DEVRONT ENSEMBLE MENER À BIEN LA TRANSITION. LES
CALCULS POUR ELIMINER OU NEUTRALISER LES UNS OU LES AUTRES N’ONT
DONC PAS LIEU D'ETRE./.
MARLAUD
