Fiche du document numéro 35291

Num
35291
Date
Lundi 11 juillet 1994
Amj
Hms
19:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
23679
Pages
2
Sur titre
Journal de 19 heures
Titre
Sur l'aéroport de Goma comme à l'hôpital de campagne de Cyangugu, quelques dizaines de victimes secourues pour quelques dizaines de milliers d'autres délaissées, faute de moyens suffisants
Sous titre
Le Premier ministre français à New York, accompagné d'Alain Juppé, lance un appel aux Nations unies.
Nom cité
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Résumé
- Edouard Balladur in New York. The French Prime Minister, accompanied by Alain Juppé, appeals to the United Nations. In order to break France's isolation in Rwanda, yesterday [July 10], the G7 in Naples praised Paris's efforts. Edouard Balladur, for his part, hopes that humanitarian organizations will get involved and that UN forces will take over from French soldiers. Edouard Balladur: "It is now essential that France's efforts be supported by the entire international community".

- Edouard Balladur also does not rule out the possibility of the French remaining on the ground a little beyond the deadline of July 31.

- On the ground, French forces are saving lives. And given the magnitude of the situation, France still appears very much alone. In the far west of the country, French soldiers can do little to address the influx of refugees streaming back toward the town of Kibuye.

- The entire country seems to have set out on the move. From every hill, from every path, entire families emerge, carrying all their belongings on their heads. Many have remained on the side of the road, too old, too young, or too sick.

- All these streams unite into rivers and then into a veritable human tide. Wherever a market, a village, or a crossroads serves as a confluence or a checkpoint.

- From the heights of their eyrie in Mugunga, the French soldiers helplessly watch this surge.

- There are those who are still hiding for fear of further massacres and whom the French rescue in the early morning at the advanced military posts. These people will be fortunate, in their great misfortune, to be rescued and even to receive treatment.

- At Goma airport and at the Cyangugu field hospital, a few dozen victims were rescued, while tens of thousands were abandoned, due to a lack of sufficient resources, and especially the lack of peacekeepers to stop this hemorrhage that has been bleeding to death: the Rwandan population, for exactly three months and four days now.
Source
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Gilles Leclerc :] Edouard Balladur à New York. Le Premier ministre français, accompagné d'Alain Juppé, lance un appel aux Nations unies. Afin de rompre l'isolement de la France au Rwanda, hier [10 juillet], le G7 à Naples avait loué les efforts de Paris. Edouard Balladur, lui, souhaite que les organisations humanitaires s'engagent et que les forces de l'ONU prennent le relais des soldats français. Écoutons Edouard Balladur.

[Edouard Balladur lit un texte devant le Conseil de sécurité [le début de son intervention est coupé] : […] la France, que lie à l'Afrique des liens anciens d'amitié et de solidarité, devait mobiliser son énergie au service d'un peuple martyr [une incrustation "New-York - ONU, cet après-midi" s'affiche en haut de l'écran et une incrustation "Edouard Balladur, premier ministre" s'affiche en bas de l'écran]. Il est aujourd'hui essentiel que son effort soit relayé par l'ensemble de la communauté internationale".]

[Gilles Leclerc :] Oui, Edoula…, Edouard Balladur n'exclut pas d'autre part que les Français restent sur place un peu au-delà de la date limite prévue le 31 juillet prochain.

Sur place en effet les forces françaises sauvent des vies. Et face à l'ampleur de la situation, la France paraît tout de même bien seule. Témoin, ce reportage de Pierre Babey, notre envoyé spécial, dans l'extrême est [ouest] du pays où les soldats français ne peuvent pas grand-chose devant l'afflux de réfugiés qui refluent vers la ville de Kibuye.

[Pierre Babey :] Le pays tout entier semble s'être mis en marche. De chaque colline, de chaque sentier sortent des familles entières, tous leurs biens sur leur tête [on voit en effet des gens marcher avec un sac sur la tête ; une incrustation "Mungunga [Mugunga] (Rwanda)" s'affiche à l'écran]. Beaucoup sont restés sur le bord de la route, trop vieux, trop jeunes ou trop malades.

Tous ces ruisseaux se réunissent en fleuves puis en véritable marée humaine. Là où un marché, un village, un croisement tient lieu de confluent ou de barrage de retenue [vue surplombante sur un marché où sont regroupés des milliers de gens].

Du haut de leur nid d'aigle de Mugunda [Mugunga], les soldats français assistent impuissants à ce déferlement [on voit notamment un militaire français au béret noir en train d'observer le bas de la colline avec ses jumelles].

[Le même militaire français : "Mais…, mais la piste qui vient d'en bas, là, c'est…, c'est par là où passent tous les réfugiés. Puis…, puis ils vont sur, euh…, sur Kibuye".

Un autre soldat français au béret noir, qui porte le drapeau tricolore en guise de brassard, explique à son collègue : "Là ils étaient cachés dans la forêt. Y'en a un qu'est venu ce matin à 5 heures du matin, très tôt. Ils nous a dit : 'Voilà, j'en ai, euh, 15 qui sont cachés dans la forêt, est-ce que vous pouvez venir les chercher ?'. Parce qu'ils ont peur de s'faire, euh [il mime un égorgement]…, machetter. Donc on y est allé, euh, [inaudible]".]

Car il y a ceux qui se cachent encore par peur d'autres massacres… et que les Français recueillent au p'tit matin dans les postes militaires avancés. Ceux-là auront la chance, dans leur grand malheur, d'être recueillis et même de recevoir des soins [on voit des soldats français entrer dans une pièce où se trouvent des réfugiés, dont de jeunes enfants].

Sur l'aéroport de Goma comme à l'hôpital de campagne de Cyangugu, quelques dizaines de victimes secourues pour quelques dizaines de milliers d'autres délaissées, faute de moyens suffisants, faute de Casques bleus surtout pour stopper cette hémorragie qui saigne à mort : la population rwandaise, depuis maintenant très exactement trois mois et quatre jours [diffusion d'images de médecins militaires français en train de soigner des blessés].

[Gilles Leclerc :] Reportage au Rwanda signé Pierre Babey et Joseph Tual.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024