Fiche du document numéro 3520

Num
3520
Date
Samedi 2 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Auteur
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
12395079
Pages
0
Sur titre
Journal de 20 heures [3:52]
Titre
Parvenus à Butare à quelques kilomètres seulement des forces rwandaises, les militaires français ont dû se replier sous l'avancée des rebelles
Sous titre
À Kigali la ville est encerclée par le FPR et des milliers de réfugiés se dirigent vers l'Ouest du pays.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
Mot-clé
Mot-clé
ZHS
Résumé
- The rise of tensions in Rwanda with the encirclement of Kigali by the RPF and the difficulties of the French soldiers. The city is surrounded and thousands of refugees are heading towards the west of the country. A shell fell on the market this morning, killing 16 people and injuring many.

- This is not the first time that the Kigali market has been bombed. But this morning's attack is by far the deadliest. Three large caliber shells at 7:30 a.m. The market, the main source of supply for the 70,000 inhabitants who survive in Kigali, is crowded, despite the ongoing risk. 16 people die instantly. Within half an hour, the Red Cross hospital will receive 21 wounded, including several children who will have to be amputated immediately.

- It has been nearly two months now that the Patriotic Front of Rwanda has systematically pounded the city center from the hills it holds on the outskirts of the capital. It is true that the Rwandan government army, which defends Kigali, does not hesitate to place its mortars in the immediate vicinity of civilian buildings. Hospitals, refugee centers or market places thus become targets for the besiegers. This now seems to have become the rule in all contemporary conflicts which, in Rwanda even less than elsewhere, know no rules.

- At the border between Zaire and Rwanda, the French forces are continuing their deployment, but not without difficulties. The soldiers had reached Butare, only a few kilometers from the Rwandan forces. But they had to fall back under the advancing rebels.

- These nuns had a foretaste of hell: fleeing Kigali on April 15, they saw everything and lived through the massacres. Stranded in the town of Butare, a hundred kilometers from here, they were evacuated last night [July 1] to Zaire. The French soldiers also took in three orphans.

- But this operation, in which about 70 men were engaged, almost turned out badly because the RPF troops were attacking the town. Today the French only wanted to think about the success of their mission and the relief of the Poor Clares who until the end remained under the protection of the special forces. They had spent the night and the morning at the French HQ, at Bukavu airport, in a relaxed atmosphere.

- Nevertheless, two paratroopers were injured, officially in a car accident and during this unexpected meeting with the RPF forces. Colonel Rosier, "Deputy to General Lafourcade, Operation Turquoise": "The orders are clear. It is not at all a question of seeking a confrontation with the RPF since we are in the context of a humanitarian mission".

- The nuns were therefore lucky, they found refuge in a Zairian bishopric. They will probably be the last because a new problem arises in Operation Turquoise: Zaire now refuses to welcome Rwandan refugees on its soil.

- France today demanded that the zone of intervention of its soldiers in southwestern Rwanda be declared a military zone protected by the UN in the face of the push by these rebels of the Patriotic Front. Paris awaits a response from the Security Council within 24 hours. If the answer is no, the French forces could fall back on the border.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Claire Chazal :] Au sommaire de ce journal : la montée des tensions au Rwanda avec l'encerclement de Kigali par le FPR et les difficultés des soldats français.

[…]

Venons-en tout de suite à l'avancée des rebelles sur Kigali, la capitale rwandaise. La ville est encerclée et des milliers de réfugiés se dirigent vers l'Ouest du pays. Un obus est tombé ce matin sur le marché, faisant 16 morts et de nombreux blessés. Sur place, Loïck Berrou, Jean-François Monnet.

[Loïck Berrou :] Ce n'est pas la première fois que le marché de Kigali est bombardé [une incrustation "30 juin 1994" s'affiche à l'écran]. Ces images datent d'avant-hier [30 juin] et déjà quatre personnes y avaient trouvé la mort [on entend un bruit d'obus et on voit des gens en panique sur le marché à la recherche d'un abri]. Mais l'attaque de ce matin est de loin la plus meurtrière. Trois obus de gros calibre à 7 h 30 du matin. Le marché -- principal source d'approvisionnement des 70 000 habitants qui survivent à Kigali -- est bondé, malgré le risque permanent. 16 personnes meurent sur le coup. Dans la demi-heure qui suit, l'hôpital de la Croix-Rouge recevra 21 blessés, dont plusieurs enfants qui devront être immédiatement amputés [gros plans sur des personnes blessées, dont un enfant en train de crier].

Cela fait prêt de deux mois maintenant que le Front patriotique du Rwanda pilonne systématiquement le centre-ville depuis les collines qu'il détient à la périphérie de la capitale [gros plans sur des blessés ensanglantés]. Il est vrai que l'armée gouvernementale rwandaise, qui défend Kigali, n'hésite pas à placer ses mortiers dans la proximité immédiate de bâtiments civils. Les hôpitaux, centres de réfugiés ou places de marché deviennent ainsi autant de cibles pour les assiégeants [on voit des soldats de l'armée rwandaise marcher au milieu de civils]. Cela semble à présent être devenu la règle dans tous les conflits contemporains qui, au Rwanda moins encore qu'ailleurs, ne connaissent aucune règle [on voit un enfant, blessé et inconscient, se faire transporter sur une civière].

[Claire Chazal :] Et à la frontière entre le Zaïre et le Rwanda, les forces françaises poursuivent leur déploiement mais non sans difficultés. Les militaires étaient parvenus à Butare, à quelques kilomètres seulement des forces rwandaises. Mais ils ont dû se replier sous l'avancée des rebelles. C'est un reportage de nos envoyés spéciaux Catherine Jentile et Thierry Froissart.

[Catherine Jentile :] Ces religieuses ont connu un avant-goût de l'enfer : fuyant Kigali le 15 avril, elles ont tout vu et tout vécu des massacres. Échouées dans la ville de Butare à une centaine de kilomètres d'ici, elles ont été évacuées hier soir [1er juillet] sur le Zaïre [on voit les religieuses monter à bord d'un Transall]. Les militaires français ont également recueilli trois orphelins [on voit notamment un soldat français porter dans ses bras un enfant].

Mais cette opération, dans laquelle était engagée à peu près 70 hommes, a failli mal tourner car les troupes du FPR étaient en train d'attaquer la ville. Aujourd'hui les Français ne voulaient penser qu'au succès de leur mission et au soulagement des Clarisses qui jusqu'au bout sont restées sous la protection des forces spéciales [on voit les religieuses monter dans un hélicoptère Puma]. Elles avaient passé la nuit et la matinée au QG français, sur l'aéroport de Bukavu, dans une ambiance détendue.

Il n'empêche que deux parachutistes ont été blessés [on voit le lieutenant-colonel Hervé Charpentier sur une civière, avec un pansement sur le genou droit], officiellement dans un accident de voiture et lors de cette rencontre inattendue avec les forces du FPR [un militaire marche en sautillant le pied gauche bandé ; d'autres militaires le font monter par l'arrière d'un Transall].

[Colonel Rosier, "Adjoint du Général Lafourcade, Opération Turquoise" : - "Les ordres sont clairs, hein. Il n'est pas du tout, euh…, question d'aller chercher l'affrontement avec le…, le FPR puisqu'on est dans le cadre d'une mission humanitaire". Catherine Jentile : - "Et est-ce que ça veut dire que vous n'irez, euh, jamais dans les zones FPR même si, là, il y a des gens qui sont dans des conditions très difficiles ?". Jacques Rosier : - "Oui [sourire], ben, euh…, je ne peux pas…, pour le moment je ne peux pas vous répondre. Je sais que…, qu'aujourd'hui, il n'en est pas question"].

[Catherine Jentile, de nuit et face caméra, devant un véhicule militaire : "Les religieuses ont donc eu de la chance, elles ont trouvé refuge dans un évêché zaïrois [on voit l'hélicoptère Puma atterrir et débarquer les religieuses]. Elles seront probablement les dernières car un nouveau problème a surgi dans l'opération Turquoise : le Zaïre refuse dorénavant d'accueillir sur son sol des réfugiés rwandais".]

[Claire Chazal :] Et la France a demandé aujourd'hui que la zone d'intervention de ses soldats dans le Sud-Ouest du Rwanda soit décrétée zone militaire protégée par l'ONU face à la poussée de ces rebelles du Front patriotique. Paris attend une réponse du Conseil de sécurité dans les 24 heures. Si la réponse est négative, les forces françaises pourraient se replier sur la frontière.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024