Citation
Cet appel, lancé par le collectif pour l'arrêt immédiat du génocide au Rwanda et
le soutien au mouvement démocratique a déjà recueilli 1 200 signatures dont
celles de : Mgr GAILLOT, Evêque d'Evreux, Laurent SCHWARTZ, membre de l'Institut,
Marc AUGE, président de l'EHESS : Bernard KOUCHNER, ancien Ministre de la Santé et
de l’Action Humanitaire ; Jacques PELLETIER, président du Comité Français pour la
Solidarité Internationale, ancien Ministre de la Coopération ; Gérard ISRAEL, ancien
député au parlement européen : Michel BONNOT, président de l'association Droit de
Parole ; Pierre VIDAL NAQUET, Historien : Edgar PISANI, président de l'Institut du
Monde Arabe, ancien ministre : Serge MICHAILOF, économiste : Andrée MICHEL,
ancien ministre des droits des femmes : Alain RUELLAN, président du CNEARC ;
Françoise HERITIER, professeur au Collège de France ; Mme. CHOMBAUT de LAUWE,
ancienne déportée, chercheur CNRS ; Anne SINCLAIR, journaliste ; Jean LACOUTURE,
journaliste-écrivain.
Appel pour l’arrêt immédiat du génocide au
Rwanda et le soutien au mouvement
démocratique
Des dizaines de milliers de morts au Rwanda, peut-être des centaines de
milliers. Ces hommes, ces femmes, ces enfants sont décimés
systématiquement par familles entières. Ils ont été tués, ils sont tués par
des membres de la garde présidentielle, par des militaires de l’armée
rwandaise, par les miliciens armés du MRND, l’ancien parti unique, par
des voyous qui profitent de la situation de désordre pour voler, piller et
assouvir des vengeances personnelles.
Quelles sont les cibles des tueurs, qui sont les victimes ?
. Massivement toutes les personnes considérées par les tueurs comme des
membres de l’une des composantes minoritaires de la nation rwandaise
l’ethnie Tutsi, indistinctement femmes, enfants, hommes.
. Massivement, mais de manière plus sélective, tous les dirigeants, cadres,
responsables, militants et sympathisants de tous les partis d'opposition au
pouvoir militaire actuel, qu'ils soient Hutus ou Tutsis. Ceux-ci sont
systématiquement assassinés ainsi que leur famille.
Sélectivement, mais de manière tout aussi massive, tous les
commerçants, les intellectuels, les cadres quelque soit leur appartenance
ethnique, s'ils ne sont pas proches du pouvoir en place. De même que les
religieux catholiques ou protestants qui tachent de s'opposer aux
massacres en cours qui se sont étendus de la capitale à l'ensemble du
pays.
. Ce massacre a été planifié : dès les premières heures de cette nouvelle
Saint Barthélémy les tueurs munis de listes se sont rendus chez leurs
victimes dans la capitale, les villes provinciales, puis les campagnes.
opinion politique sont "éliminées". Elles sont tuées pour une seule raison :
leur appartenance à un “groupe racial" donné.
. Ce massacre constitue un "coup totalitaire" comme en témoigne
l'élimination systématique de toutes les catégories d'opposants réels ou
potentiels au régime.
Soulignons que, là comme ailleurs et aujourd’hui comme hier, l'argument
ethnique est utilisé pour créer une confusion politique et permettre au
pouvoir en place de maintenir sa domination arbitraire.
Le Rwanda est loin, certes. Mais est-il si loin de nous ? Hier les Arméniens
ont été victimes d'un génocide, puis les Juifs et les Tziganes, aujourd'hui
les Tutsis. Hier, les Républicains espagnols, les antifascistes italiens, en
France les résistants à l'Allemagne nazie et aux collaborateurs, les
démocrates chiliens, les victimes du Goulag, aujourd'hui les démocrates
algériens et rwandais sont pareillement massacrés.
Les mécanismes historiques ne sont pas strictement les mêmes. Mais
l'ennemi est le même de Kigali à Gorazde et les victimes sont les mêmes,
celles de Kigali et celles du ghetto de Varsovie. Des hommes et des
femmes que l’on tue systématiquement, soit pour leur appartenance
ethnique, soit parce qu'ils sont des démocrates.
Aujourd'hui à Kigali, l'ONU retire ses casques bleus, le massacre va
pouvoir encore s’amplifier.
Alors que faire ?
Il ne faut pas que règne le silence propice à l’accomplissement des
crimes.
. Il ne faut pas que s’'étende encore le massacre, que tous les démocrates
Soient assassinés, qu’un peuple disparaisse.
. Ecrivez et téléphonez aux journaux, aux radios, aux télévisions pour qu'ils
continuent à parler du Rwanda.
. Ecrivez et téléphonez à vos élus pour qu'ils fassent pression sur notre
gouvernement et qu'une force internationale ou l'ONU soit rapidement
envoyée au Rwanda. Sa mission serait de protéger les victimes et son
mandat précis de s'opposer aux tueurs de la garde présidentielle et des
milices. Elle doit être dotée des moyens militaires nécessaires pour réaliser
efficacement cette tâche.
Aujourd'hui Kigali et Gorazde, demain où et qui ?
Nom Profession Signature