Fiche du document numéro 34395

Num
34395
Date
Mardi 13 septembre 2022
Amj
Auteur
Fichier
Taille
213167
Pages
16
Urlorg
Titre
Destruction de l’esprit du peuple, processus de conditionnement au génocide
Mot-clé
Source
Type
Conférence
Langue
FR
Citation
Prof. Isaïe NZEYIMANA
Université du Rwanda

Comment est-ce qu’un pouvoir arrive à détruire les structures de la morale collective d’un peuple jusqu’à le conditionner au génocide ? Il semble que l’association État-Nation est trompeuse, qu’entre la Nation et l’État, le gouffre est encore très profond et que c’est dans ce vide entre l’État et la Nation que se faufilent les destructions de « l’ethos » collectif d’un peuple.

Sinon, comment peut-on expliquer qu’un État moderne qui vient de conquérir concomitamment son indépendance et sa république revient sans trop d’effort au régionalisme, au pouvoir encore des « lignages » et de territorialité « Akazu » ? Est-elle une question de philosophie politique ou d’ethnologie ?

Dans l’association État-Nation, « Nation » vient de « nascere » ou naître. Primairement, des familles importantes font des lignages qui font des clans et des regroupements assez importants ou ethnies. « Ethnie » vient de « ethnos » et signifie « peuple », « nation », « patria » ou patrie ou « ville commune » où l’on est né. En ce sens, la Nation est plus naturelle que l’État.

Assurément, et d’une manière générale, ramener un peuple aux « clans » et aux « lignages » territorialisés et régionalisés, d’où il est anthropologiquement issu, est plus facile que le maintenir dans un État moderne, rationnel et abstrait.

Quelles sont alors les structures morales de « l’ethos » collectif du peuple ? Quels sont les lieux de structuration de « l’ethnisme populaire » et de « l’ethnisme de l’État » ? L’approche voulue est un dialogue entre l’anthropologie politique et la philosophie. l’anthropologie politique permet de tracer l’origine naturelle de la politique et les structurations de « l’ethos » collectif, tandis que la philosophie permet d’élever, dialectiquement, c’est-à-dire dans l’intégration de l’un en l’autre, l’État-Nation à l’État moderne.

Le concept de l’Esprit du peuple

Le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda a été planifié et exécuté dans le brouillage des « ethnies », scientifiquement contestés au Rwanda. Étonnement, comment-est-ce qu’un peuple en arrive à se savoir une « lignée » ou un « lignage », un « clan », une « ethnie », une « race », « une nation fragmentée », « une religion », tout ce qui divise et collabore aux crimes humanitaires et aux génocides dans le monde, comme son essence ?

La terminologie philosophique distingue « esprit du peuple » qui est un ensemble de représentations, souvent fausses sur soi, sur son chef d’État et sur le réel politique et « l’Esprit du Peuple », comme conscience de soi du Peuple, coïncidant avec la raison, le droit et l’éthique.

Chez les philosophes critiques, alors qu’une représentation est une image, souvent collective, façonnée du réel, une illusion de percevoir le réel surtout tel qu’il n’est pas, en revanche, la raison est une évidence ou intelligibilité ou clarté avec laquelle le réel apparait à l’esprit. Les facultés de représentations sont la sensibilité, l’imagination, l’émotivité ou la sentimentalité ; tandis que les facultés des raisons sont l’intellect, l’entendement, la raison et l’esprit. Mais puisque l’entendement est rarement autonome dans ses jugements, les conditionnements se déploient dans l’ordre de la sensibilité, de l’imagination et de l’émotivité et donc de la volonté qui conditionne le jugement. Ainsi, provisoirement, l’ethnisme comme le racisme sont d’abord des erreurs de jugement.

Conceptuellement le philosophe Hegel, dans ses précieuses « Leçons de Philosophie de l’histoire », insiste :

« L’histoire n’est pas celle des esprits populaires. Ils se distinguent selon la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes, selon la superficialité ou la profondeur avec laquelle ils ont saisi l’Esprit. Uniquement, l’Esprit profondément saisi, c’est leur nature, c’est leur conscience. Cette conscience contient et oriente tous les buts et les intérêts du peuple. C’est elle qui constitue ses mœurs, son droit, son État et toutes ses institutions,… l’Eprit du peuple est la conscience qu’il a et exprime de son être, rationnel, éthique, universel ».

Les études sur les génocides dans le monde sont concordantes : le génocide est l’acte de l’État, plutôt d’un gouvernement, par mobilisation de son peuple. Pourrions-nous penser que le génocide est aussi un long processus de conditionnement, « processus génocidaire », selon aussi l’expression de cette « table ronde » par destruction de l’idée du Peuple? Le génocide est l’acte d’un peuple qui n’est plus identique à soi, rendu étranger de soi, selon le concept de l’« étrangeté de soi », qu’utilise le philosophe Hegel.

Le concept de « Ibihugu » ou pays dans l’histoire du Rwanda : configuration humaine et territoriale

Les traditions inscrivent la formation du Rwanda sur une ligne, plutôt, dans un processus anthropologique : le foyer « urugo » évolue en complexité et, par un descendant important, donne un lignage « inzu » ; plusieurs lignages se font un clan « ubwoko » ; ubwoko s’organise en « Igihugu ». Tandis que « Ibihugu » ou pays sont dans le pluriel des clans, chefferies ou royaumes mineurs ; ils font le Rwanda par effet de conquête, de fédération, d’infiltration, de coalition et d’autres astuces politiques dans un long processus d’unification. Marcel d’Hertefelt apporte cette précision :

« Les appellations des « clans » désignent les gouvernants et la population d’un certain nombre d’entités territoriales auxquelles les historiens du Rwanda se référent par des termes de « chefferies », « principautés », royaumes », « empires » ou « états ». Les traditions parlent « d’ibihugu », « pays » et leurs dynasties (clans principaux) ».

Pour les anthropologues, les frontières entres lignages mineurs (Inzu), lignages majeurs (Umuryango), un groupe corporatif et clans (Ubwoko) ne sont pas très tracées. En réunissant plusieurs listes provenant des anthropologues et historiens, Marcel D’Hertefelt retient la liste des clans « Ibihugu » ou pays suivants : Bassinga (Siinga), Basindi (Siindi), Bazigaba (Zigaaba), Bagesera (Gesera), Banyiginya (Nyiginya), Bega (Eega), Babanda (Baanda), Bacyaba (Cyaaba), Bungura (Uungura), Bashambo (Shaambo), Batsobe (Tsobe), Bakono (Kono), Baha (Ha), Bashingo (Shiingo), Banyakaarama (Nyakarama), Basita (Sita), Bongera (Oongera, Benengwe (Eenengwe) .

Ces royaumes existent à leur stade de « royaumes mineurs », sur leurs territoires tels qu’ils se distribuent en royaume Enengwe au Sud ouest, royaume des Singa dont le Nord au Bugoyi, le Centre au Nduga, l’Ouest à Kinyaga, le Sud-Est, royaume Banda au Centre, royaume Ongera au Centre, royaume des Zigaba à l’Ouest au Mubari, royaume Gesera à l’Est, royaume de Gara au Nord .

Ici, l’exactitude du nombre et de l’étendue n’est pas le plus déterminant pour une pensée politique, mais leurs unités et configuration à la fois humaine et territoriale, dans le Rwanda oriental, dans le Rwanda médiane, dans le Rwanda occidental ainsi que le devenir de leur unification.

Principes actifs de l’unité du peuple : Ubuvandimwe et royauté

Les Banyarwanda, écrit P. Pagès, « Ils étaient persuadés avant la pénétration européenne que leur pays était le centre du monde, que c’était le royaume le plus grand, le plus puissant et le plus civilisé de toute la terre ».

Seule la force politique, militaire et dissuasive d’un monarque, même théocratique, autocratique et hétéro-cratique ne semble pas suffire pour expliquer la formation, l’unité et la densité du royaume, en vertu que les armes et la force brute conquièrent le pouvoir, mais ne gouvernent pas.

« Igihugu » doit être plus naturel que construit. Le Royaume du Rwanda est une architecture à la manière d’une pyramide, avec une base et un sommet. À la base, se trouve le foyer, « urugo », compris sous les sentiments naturels de « ubuvandimwe » ou littéralement « provenir de la même maternité », élargi à tous les liens de parenté, de lignages et de clans. Il est l’élément spirituel qui les traverse tous, en les reliant, de sorte que le pôle du royaume au sommet est le lieu où tous les Rwandais se disent : « Muvandimwe ». Tandis qu’en haut, la cour royale est animée par les habitus de la royauté. L’ethnologie d’Ubuvandimwe intéresse l’association État-Nation, État (loi et administration) et Nation (cœur), pour un roi agissant en roi et en muvandimwe.

Ce paragraphe n’est pas inutile. Si la politique, par ses délégués, est nécessaire, alors elle doit être présente. Avec un roi quasi omniprésent, d’une présence personnelle physique ou en ses chefs et armées omniprésents, d’une présence aussi rituelle symbolique, tout le royaume est instruit des habitus de la royauté. Ces vertus du roi instructeur sont, informellement, prescrites dans les codes et les interdits du roi. En les regroupant on l’on obtient les vertus telles que la primauté et la transcendance même vis-à-vis de la culture et de religion, la pudeur, la pureté, l’ascèse, la sécurité et la force physique, physiologique et spirituelle .

À la base, dans ce système communautaire et politisé (polis=civil), les liens naturels de communier, aimer, protéger,…sont structurés horizontalement entre les parentés et verticalement dans un système socio-politico-économique où tout le peuple est à la fois client et parton jusqu’au premier parton, le roi. Horizontalement, le peuple est uni par plusieurs liens : -les rapports des besoins et d’échanges en troc, selon les types de productions alimentaires ou domestiques souvent localisés ; des petites choses domestiques mais qui produisent de gros effets amicaux : banalement, « kuvumba », « kuvumbika umuriro», « kurahurirana umuriro », « gutira isekuru », « gutira urushyo », « gutira umweko n’umukenyero », « gutwerera », « guheka umurwayi cyangwa umubyeyi », « gusaba umugeni», kubika no guhana imbuto,… littéralement générosité de donner et recevoir bière, feu, mortier en pierre ou bois, habit de cérémonie, port d’un malade, dots et mariage, conserver et donner des semences,…; - les besoins culturels et sociaux : les ritualistes, devins, sorciers, « Abase » de famille en famille ; -l’ascendance des anciens et chefs des familles et des lignages, -les professions: forgeron; charpentiers… ; - les saisons et tous les lieux communs ; -les cérémonies et les festivités, … tous ces rapports des besoins font des structures morales de « l’ethos » collectif du peuple.

Etat-Nation : le se retrouver à la cour royale (convergence des familles, lignages et clans)

Sur le terrain politique et dans un système de lignages, tout est rangé pour que chaque clan principal, du moins par représentation, trouve une place à la cour royale qui préfigure le centre du royaume. -Certaines familles y sont d’origine mythique, parce que descendantes de « Gihanga »; -les autres y sont par des liens matri dynastiques au même titre que la famille royale, puisque, selon la légende des origines, la première Umugabekazi, Gasani Nyirankuba, est, comme le roi Shyerezo Nkuba, la reine au Ciel ; -les autres encore y sont pour des fonctions vitales au royaume, comme les ritualistes (les familles ritualistes), les multiples travailleurs et ravitailleurs de la cour royale, les courtisans et les favoris. Sur cette liste, l’historien Jan Vansina ajoute que les chefs sont tenus de se rendre régulièrement à la cour royale et qu’à la même cour se tiennent régulièrement des veillées qui réunissent le roi, les commandants militaires, certains favoris (Abatoni) et courtisans du roi et d’autres personnes en visite à la cour royal. Là, écrit-il, se discute, dans une littérature sophistiquée, la santé politique de tout le royaume .

Une capitale et une royauté ambulantes

La capitale royale n’est pas seulement fixée sur un lieu, elle est aussi ambulante. Sur certains de ses passages dans les territoires du royaume, le roi y laisse des traces « Ibigabiro », sous la direction d’Inshoreke (épouse). Selon les traditions orales, dans chaque District, il y a en principe une résidence royale où le roi vient séjourner de temps en temps, soit 80 districts. Jamais, le pouvoir n’est absent parce qu’en plus de ces passages du roi, sur les frontières potentiellement menacées, les armées y assurent la permanence. Certains territoires portent les noms des armées royales : Imvejuvu et Nyaruguru au Sud sont en même temps des territoires, mais aussi des noms des Armées. Une telle assimilation entre le territoire, l’armée, et au-delà, la cour royale et la population localisée à ces endroits a pour avantage de créer une conscience collective convergente vers l’unité.

D’un style, bien qu’il soit hautain, Marcel D’hertefelt écrit :

« Un des phénomènes les plus surprenants de géographie humaine que présente le Ruanda, c’est assurément le contraste entre la pluralité des races et le sentiment de l’unité nationale. Les indigènes de ce pays ont bien le sentiment de ne former qu’un seul peuple, celui des Banyarwanda, qui a donné son nom au territoire. … Le sentiment national ne se fonde pas uniquement sur le loyalisme dynastique, mais encore sur des éléments qui lui sont antérieurs : l’unité linguistique qui, presque absolue d’un bout à l’autre du territoire, conditionne la facilité de relation entre toutes les gens ; l’unité d’institution, de coutumes et d’usages dans la vie privées, la vie sociale et la vie publique, entre concitoyens de race et de conditions différentes ; l’unité religieuse enfin … Une langue, une foi, une loi ».

Par ces trois éléments : « une langue, une foi, une loi », Igihugu est ce pays d’Imana, Dieu qui échappe aux grossièretés des religions polythéistes et la pluralité de leurs rituels et représentations, qui échappe aux incompréhensions de la multiplicité des langues, qui échappe à l’anarchie et à l’arbitraire des coutumes et des lois du talion fréquentes dans des sociétés traditionnelles. De tous ces éléments de royauté et de la politique partout présente, les premiers explorateurs s’étonnent d’un peuple civilisé, disons, d’une civilisation de soi par soi, sans devoir attester ses contacts avec l’extérieur.

Association État-Nation: la nation est donnée et naturelle, l’État est une construction, toujours plus élaborée

L’association « État-Nation » est une construction laborieuse; au départ, entre la Nation et l’État, le gouffre est profond. Une autre difficulté vient lorsqu’on doit remonter et déterminer l’origine de la politique parmi les hommes. Est-elle une question de la philosophie rationaliste, de science politique ou d’anthropologie ? Est-elle une question de l’idéalisme ou du naturalisme? Le philosophe Aristote qui réunit les deux, dans son œuvre « Le politique », fait émerger la politique, par ordre de complexité et d’élévation, de la famille au village et à la cité.

Tout naturellement, dans l’association État-Nation, la nation vient de « nascere » ou naitre. Primairement, des familles font des lignages qui font des clans et des groupements assez importants. L’association entre nation et peuple serait alors plus naturelle que l’association État-Nation qui peut (Nation ou État) demeurer en situation d’accommodation de l’une ou l’un à l’autre si l’ingéniosité politique n’intervienne, ce qui doit avoir été le mérite de la politique dans le Rwanda ancien.

D’ailleurs, la philosophie de la connaissance et de l’action n’a pas encore tranché sur la question de savoir si le rationnel est dans la continuité du naturel ou s’il est une rupture totale contre le naturel. Toutefois, puisque la Nation est réelle et concrète et que l’État est abstrait dans les lois, les institutions et l’administration, toujours plus élaborées, l’État est une construction rationnelle qui peut même s’avérer, dans certains éléments, une rupture d’avec ce naturel.

Sans initier une discussion des thèses complémentaires entre l’historien Ferdinand Nahimana pour qui l’État au Rwanda est antérieur à la dynastie Nyiginya contre l’historien Jan Vansina pour qui l’État au Rwanda est une création par la dynastie Nyiginya, le terme « État » est contenu dans celui de «Igihugu=Pays.

Dans sa longue histoire d’unification, Igihugu « pays » réunit, d’un côté : - « Nation» de « nascere », par extension et interpénétration des lignages, clans et peuple et « territorialité », -de l’autre côté : l’État en ses qualités d’abstrait dans l’administration, par des agents de l’État, tous technocrates, rationalistes et administratifs. Sous ces lumières, l’on apprend que le pouvoir n’a rien de sacré, qu’il est un phénomène naturel, rationnel et un bien public ouvert d’avantage aux technocrates.

De la Nation-État : un lien rompu pendant les périodes préparatoires du génocide

Utilisons le terme « inclusif ». L’État et la Nation ne devraient pas exister en situation d’autonomie de l’un ou l’une de l’autre, mais dans la fusion de l’une ou l’un dans l’autre. Igihugu ou Royaume du Rwanda est inscrite sur cette ligne continue (non discontinue), parce qu’il n’y a pas de vide entre familles, lignages et clans territorialisés ou régions, désignés indistinctement « Ibihugu » ou « pays ». Il semble que pour les Républiques indépendantes, depuis les moments de « révolution » et de « mouvement révolutionnaire », le passage à l’État moderne n’a pas été rassuré. Dans la même hypothèse que Nation est associée à territorialité, que la Nation est plus naturelle que l’État, entre le naturel et l’élaboré, les pouvoirs d’État moderne courent le risque de revenir au naturel, à la Nation fragmentée.

Les avertissements du roi
« Abiru » ou gardiens des codes royaux pressentent ce dangers. À chaque investiture d’un nouveau roi, ils répètent: « Izina rye akiri Umututsi, ni : … » ou : son nom quand il était encore Umututsi, était…. « Désormais, roi du peuple, son nouveau nom est :… ». Pendant ces instants, le même rituel entraine le nouveau roi dans sa généalogie, jusqu’au ciel : "Gihanga ni uwa Kazi ka Kira cya Gisa cya Randa rya Merano ya Kobo ka Kijuru cya Kimanuka cya Muntu wa Kigwa cya Nkuba, ari we Shyerezo. Ngaho iyo mwama, Mukuru wa Samukondo, mu mizi yanyu mikuru ».



Assurément, ramener un peuple aux lignages fragmentés et régionalisés est plus facile que le maintenir dans un État abstrait

Le temps de l’histoire du Rwanda, à la veille des indépendances, est « un choc » dans le flou des « ethnies » et de mobilisation massive selon l’expression « rubanda nyamwinshi » ou peuple majoritaire par opposition à peuple minoritaire. La seule expression « peuple majoritaire » et « peuple minoritaire » est une erreur politique. L’histoire commune montre qu’il n’existe pas un clan régnante royal », mais une famille régnante, le reste des familles appartenant à la catégorie de « rubanda rw’umwami » ou peuple du roi. Il est de commun destin, sur les collines et villages.
Les deux républiques mobilisent la « majorité », mais n’incluent toute leur « majorité » envisagée ethnique dans le pouvoir ; ils organisent un pouvoir régionaliste et, après, de « Akazu », littéralement maisonnée, localisée « territorialité ». Par contre, la composition des partis politiques lors de la révolution de 1959-1960 fait signe à ce destin commun ; nombreux regroupent des adhérents « Hutu » et « Tutsi » qui croient en ces révolutions de destin commun.

Incontestablement, l’hypothèse de l’association incomprise entre État-Nation explique comment un État moderne qui vient de conquérir son indépendance et sa république contre un pouvoir qu’il juge de lignage et négligeant de la classe montante des intellectuels revient au même pouvoir basé sur les mêmes idéologies d’« ethnies », « lignages », « Akazu » et « régions ». Il fallait s’y attendre : l’État moderne, en sa complexité interne et externe entre d’autres États et variété des organisations, nécessite plus de ressources intellectuelles, artistiques, scientifiques, éthiques, économiques, technocrates, talents et créativités et ne peut pas reposer sur un « lignage » ou une « maisonnée ».

Preuve d’une «nation ethniste », à peine raciale : Lettre de J.H. Gitera à l’adresse du Président Juvénal Habyarimana

Joseph Habyarimana Gitera est un intellectuel engagé de l’époque de la révolution de 1959-1960, d’indépendance et des deux premières républiques. À une occasion d’une visite rendue à la Préfecture de Butare par le Président de la République, Général Major Habyarimana Juvénal, en sortant du Guet House de l’Université du Rwanda, l’interpelle pour rédiger un « Protocole de réconciliation nationale entre les Rwandais » . Uniquement la structure de la Lettre, elle indique que, de l’association État-Nation, ne reste uniquement que la Nation, en son sens ethnologique, de « naitre » et d’un chef d’Etat, père naturaliste de cette nation. En notant que la lettre écrite par Gitera date de 1976 après 3 ans au pouvoir de la deuxième république.

La lettre comprend 6 paragraphes :
le 1e est une reconnaissance à une « invitation et un ordre paternel du père de la nation Rwandaise pour contribuer de son mieux à la solution de ce grand problème » (lettre, p.1) ;
le 2e est une description de « la fondation du royaume féodal d’une minorité sur une masse qui n’ont rien de commun (Lettre, p.4), sinon « domination et servage » (Lettre, p.4) ;
le 3e est un hymne « de victoire dans une la Révolution sanglante de 1959-1960 sur le pouvoir national Tutsi » (Lettre, p.4) ;
le 4e est un chant de joie et de commémoration de « la victoire d’un pouvoir des Hutu depuis seulement 15 ans contre les Tutsi, depuis 4 siècles » (Lettre, p.5) ;
Le 5e est une insistance à « la conservation du pouvoir que les Hutu détiennent conforment à la pure et parfaite démocratie» (Lettre, p.5) ;
le 6e est un chant d’exhortation qui « parle droit aux cœur et à l’âme brulant de désir de son Excellence le Président de la République » (Lettre, p.7).

Des catégories fréquentes dans la lettre pour une représentation sur le peuple, la politique et le chef d’État. La lettre est écrite en français, mais pour être plus expressive, elle utile le Kinyarwanda :
« Abatutsi n’Abahutu bapfuye iki ou qu’est-ce que les Tutsi et les Hutu ont en conflit ? » (lettre, p.2) ;
« Twapfuye kandi turapfa ubutegetsi ou nous eûmes et avons en conflit le pouvoir : le pouvoir national Rwandais » (lettre, p.2) ;
« Mutare III Rudahigwa et son Conseil d’ignorance écrasante, Kigeli V et son entourage et leur solution sanglante, Kayibanda dans ses vues courtes du Parmehutu raciste et régionaliste, seul le MRND un vrai Manifeste, un vrai programme et un bon statut » (lettre, p.6) ;
« Ubusa (rien) de minorité Tutsi, contre les masses Hutu, menu Peuple » (lettre, p.5 et p.8) ;
« Sois (pour le président) l’unique et le premier, le premier Père de tous les fils du Rwanda » (lettre, p.7), « de la nation rwandaise, purifiée, fortifiée parce qu’unifiée » (lettre, p.8) ;
« Sois pur et sans mélange » (lettre, p. 8) ;
«Sois l’unique, sois icyamamare cy’ubukombe ou célèbre et géant, ce géant, cet homme fort et d’une puissance étendue… au-delà des limites, hundwa ubugeri » ou sois entouré des richesses ;
« kurura wishyira » ou tire toutes les richesses vers toi (lettre, p.11) ;
« Umugome ou l’ennemi méchant, une fois identifié, il serait suffisamment lié par une loi constitutionnelle de bannissement et de dénationalisation » (lettre, p.10).

Résultat : « Ethnisme populaire » et « ethnisme d’État » et ses structurations dans les institutions étatiques, langages et ressentiments

Les premiers explorateurs du Rwanda, ethnologues, qui l’approchent faussement utilisent « race » ou « l’ethnie ». Mêmes dans des lieux, ailleurs, où l’ethnie a un sens, il est une élaboration sociologique à l’époque où les personnes se regroupaient sur des territoires limités et selon le critère de leurs affinités familiales, tribales, claniques, nationales.
« L’ethnisme » ou le « racisme », selon les contextes historiques où se trouve un État-Nation, ces mauvaises représentations qu'un peuple puisse acquérir... existent sous deux modes : de représentations mentales et de structuration dans les institutions publiques administratives, éducatives, de fonction publique, économiques, politiques, judiciaires, sécuritaires, urbaines et dans les lois et outils administratifs de l'État.

Conclusion. Le peuple et son « éthos » collectif

De nombreux titres des livres d’histoire sont ambitieux, chaque fois qu’ils se disent « des origines à nos jours ». Malgré ces titres, l’histoire scientifique n’a pas encore réussi à aller coïncider avec les origines du Rwanda. Ce qui sera le Rwanda doit être plus ancien que le 14e siècle après Jésus Christ. D’intuition, comment peut-on poser cette date et que le Rwanda n’existe qu’après que les autres nations ont presque fini de bâtir leurs civilisations? Dans une discussion avec Gérard Nyirimanzi, très attaché à l’histoire orale du Rwanda, nous nous proposons qu’il faudrait un pont, par d’autres méthodes ou « piste toponymique », notamment des noms des collines, des lieux, des personnes historiques, des événements, entre les faits connus des historiens et les traditions orales pour aller encore très loin. Les mythes et les légendes ne sont pas faux, selon l’expression « umugani ugana akariho », littéralement un conte s’approche de ce qui est, ne sont pas non plus de l’histoire, mais ils ont leurs méthodes d’approche ; en les approchant allégoriquement, elles suggèrent à l’histoire scientifique des thèses ou des hypothèses à explorer.
En attendant, qu’est-ce qui constitue « l’éthos » d’un peuple, du Rwanda ? Pour une société, historiquement organisée à partir des unités des familles, des lignages, de clans, de voisinages, de rites, d’entrecroisement des liens : familiaux, d’échanges économiques, des professions complémentaires pour des biens de subsistance, d’entraides dans des petits besoins domestiques, des rituels, des devins, des guérisseurs, des sorciers, des interdits, des tabous ;
pour une société qui s’était protégée collectivement contre les menaces naturelles, sociales, militaires, économiques, politiques ;
pour une société qui s’était organisée en chefs des familles, en des chefs ritualistes, en cadets et ainés, qui s’était hiérarchisée et bâti des liens et des normes entre les rangs ;
pour conditionner une telle société au génocide, il fallait d’abord détruire son « éthos collectif». Le peuple, en son sens originel de «Nation » ou naitre, « ethnos », « pays », territorialité ou « patria », n’ignorait pas ses propres singularités des familles, des clans, des régions. Mais il avait construit naturellement son « ethos » collectif qui savait collectivement et socialement les gérer.
Si le philosophe Emmanuel Kant, dans son éthique de rapport à soi et à l’autre, formule cette impératif inconditionnel : « Traite l’humanité en toi-même », le conditionnement au mal radical doit aller commencer par la destruction de cette humanité en l’agent moral.
©Isaïe Nzeyimana

Bibliographie
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10.Id., Histoire et pragmatisme, Le Rwanda, sur sa route, Éditions du Net, 2017 (https://www.leseditionsdunet.com/lang-en/culture-and-societies/5268-histoire-et-pragmatisme-le-rwanda-sur-sa-route-nzeyimana-isaie-9782312055749.html).
11.Joseph HABYARIMANA GITERA, « Lettre écrite par J.H.GITERA B.P.99, Butare, à Butare le 7 mai 1976 à l’adresse de son Excellence le Général Major Habyarimana Juvénal, Président de la République Rwandaise, Président fondateur du M.R.N.D., dont l’objet est le protocole de la Réconciliation National entre les Rwandais ».
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14.Marcel d’HERTEFELT (•) André COUPEZ, La royauté sacrée de l’ancien Rwanda, Texte, traduction et commentaire de son rituel, Musée royale de l’Afrique Centrale – Terven, Belgique, Annales –Série IN-8° -Sciences Humaines –Monographies ethnographies – N° 6, 1962.
15.Naomi ZACK, Philosophy of race, Introduction Palgrave Philosophy today, (eBook), https://doi.org/10.1007/978-3-319-78729-9 pages 257, 2018, p. 51-52.
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Résumé. Destruction de l‘Esprit du Peuple, processus de conditionnement au génocide

Le Rwanda est ce peuple historique qui, laborieusement et dans une approche linéaire, s’organise en familles, en lignages, en clans ou royaumes mineurs « Ibihugu » ou pays en Royaume majeur ; il sait se protéger collectivement contre les menaces naturelles, sociales, militaires des armées partout, économiques des famines, politiques des zones des conquêtes permanentes. Ce peuple n’ignore pas ses propres singularités des familles, des lignages, des clans, des régions ou territoires. Mais il construit naturellement son « ethos » collectif.
Pour conditionner ce peule au génocide, il fallait d’abord détruire son « éthos » collectif». La destruction se trouve impliquée dans cette association encore moins réussie entre État et Nation ou même rompue pendant les périodes préparatoires du génocide. La « nation » vient de « nascere » ou naître ; l’« ethnie », en dehors des abus sémantiques, vient de « ethnos » et signifie « peuple » ou « nation ». Ainsi, nation, peuple, naissance et territorialité sont associables. En ces sens, la nation est naturelle alors que l’État est abstrait, construit, continuellement construit.
La mobilisation au génocide par des raccourcis de retour à l’ethnologie a joué sur ces entités : « naitre », « territorialité » « ennemi », étranger » « envahisseurs », en détruisant, à la fois la Nation et l’Etat.
Au dépassement, l’ethnologie et des vues politiques dans les limites de l’ethnologie n’est pas capable d’élever les pouvoirs des « nations », selon les entités « naitre et territorialité » à l’État-Nation, une et indivisible. Gitera les appelle « les vues courtes du Parmehutu », qu’il ne dépasse pas lui-même. Cette réflexion est alors un dialogue entre l’anthropologie politique et la philosophie, pour élever, dialectiquement, c’est-à-dire dans l’intégration de l’une dans l’autre, le naturel (la nation) au rationnel (l’État moderne). Ainsi, s’articule cette article : -Association l’État-Nation et passage à l’État moderne ; -structures morales de l’éthos collectif du peuple ; -structuration de l’ethnisme populaire et de l’ethnisme étatique.

Abstract. Destruction of the spirit of the people, process of conditioning for genocide

Rwanda is this historical people who, laboriously and in a linear approach, organize themselves into families, lineages, clans or minor kingdoms “Ibihugu” or countries into a major Kingdom; it knows how to protect itself collectively against natural, social, military threats from armies everywhere, economic threats from famines, political threats from zones of permanent conquest. These people are not unaware of their own singularities of families, lineages, clans, regions or territories. But he naturally constructs his collective “ethos”.
To condition this people for genocide, it was first necessary to destroy their collective “ethos”. Destruction is implied in this even less successful association between State and Nation or even broken during the preparatory periods of the genocide. The “nation” comes from “nascere” or to be born; “ethnic group”, apart from semantic abuses, comes from “ethnos” and means “people” or “nation”. Thus, nation, people, birth and territoriality are associated. In these senses, the nation is natural while the State is abstract, constructed, continually constructed.
The mobilization for genocide by shortcuts returning to ethnology played on these entities: “being born”, “territoriality” “enemy”, foreigner” “invaders”, destroying both the Nation and the State.
Beyond this, ethnology and political views within the limits of ethnology are not capable of raising the powers of "nations", according to the entities "being born and territoriality" to the Nation-State, one and indivisible. Gitera calls them “the short views of Parmehutu”, which he himself does not go beyond. This reflection is then a dialogue between political anthropology and philosophy, to raise, dialectically, that is to say in the integration of one into the other, the natural (the nation) to the rational (the modern state). This article is thus structured: -Association of the Nation-State and transition to the modern State; -moral structures of the collective ethos of the people; -structuring of popular ethnicity and state ethnicity.

[Notes :]

Hegel, La raison dans l’histoire, Kostas PAPAIOANNOU, 1955, p. 80.
Marcel d’Hertefelt, Les clans du Rwanda ancien, Musée royal de l’Afrique Centrale-Tervurien, Belgique, Annales série IN-8-Sciences Humaines –N° 70, 1971, p. 24.
Marcel d’Hertefelt, Les clans du Rwanda ancien, Musée royal de l’Afrique Centrale-Tervurien, Belgique, Annales serie IN-8-Sciences Humaines - N° 70, 1971, p.9-20.
MUZUNGU Bernardin, Histoire du Rwanda précolonial, L’Harmattan, Paris, 2003, p. 63-67.
Marcel d’Hertefelt, Les clans du Rwanda ancien, Musée royal de l’Afrique Centrale-Tervurien, Belgique, Annales serie IN-8-Sciences Humaines -N° 70, 1971, p. 24. p.25-31.
Marcel d’Hertefelt, Les clans du Rwanda ancien, Musée royal de l’Afrique Centrale-Tervurien, Belgique, Annales serie IN-8-Sciences Humaines -N° 70, 1971, p. 36-37.
Voir liste des interdits et codes au Roi. R. BOURGEOIS, Banyarwanda et Barundi, tome III, la coutume, Mémoire présentée à la séance du 13 juillet, 1953, à l’Institut Royal colonial Belge, Section des sciences morales et politiques. Bourgeois, p. 47-52. -Sur la Noblesse trouvée chez les Rwandais de la Cour du Roi, lire aussi P. Stefaan Minnaert . Du novembre 1889 à Février 1900. Premier voyage de Mgr Hirth au Rwanda, les éditions rwandaises, Kigali, 2006, p 669.
Jan VANSINA, Le Rwanda ancien, le royaume nyiginya, Paris, Éd. Karthala, 2001, p. 117-118.
Marcel D’HERTEFELT, A, A. TROUWBORST, J.H. SCHERER, Les anciens royaumes de la zone interlacustre merdonnale : Rwanda, Burundi, Buha, Musée royale de l’Afrique Centrale – Terven, Belgique. Monographies ethnographies – N° 6, 1962, p. 36-37.
Marcel D’HERTEFELT, A, A. TROUWBORST, J.H. SCHERER, Les anciens royaumes de la zone interlacustre merdonnale : Rwanda, Burundi, Buha, Musée royale de l’Afrique Centrale – Terven, Belgique. Monographies ethnographies – N° 6, 1962, p. 4-5.
Ferdinand NAHIMANA, Le Rwanda, émergence d’un État, Paris, Éd. L’Harmattan, 1993. Jan VANSINA, Le Rwanda ancien, le royaume nyiginya, Paris, Éd. Karthala, 2001. Alors que Ferdinand NAHIMANA insiste sur les royaumes pré-nyiginya du Nord et Nord-Ouest, Jan VANSINA insiste sur la dynastie Nyiginya.
Cf. Bernardin MUZUNGU, Histoire du Rwanda précolonial, p.20, sous le titre : « Ubucurabwenge = La généalogie des rois ».
« Mesures des chocs » : terme utilisé pour désigner des ruptures déterminantes qui distinguent une période d’une autre, par Catherine Coquery-Vidrovitch, dans « Afrique & histoire », 2004 / 1 (vol.2), p. 31 à 65.
Intitulé du document : « Lettre écrite par J.H.GITERA B.P.99, Butare, à Butare le 7 mai 1976 à l’adresse de son Excellence le Général Major Habyariman Juvénal, Président de la République Rwandaise, Président fondateur du M.R.N.D., dont l’objet est le protocole de la Réconciliation National entre les Rwandais ».
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