Par SudOuest.fr avec AFP - m.turck@sudouest.fr
L’ancien secrétaire général de l’Élysée Hubert Védrine a perdu mardi un procès en diffamation intenté au journaliste Patrick de Saint-Exupéry, qui l’avait qualifié de «
révisionniste » au sujet du génocide perpétré au Rwanda en 1994.
L’affaire concerne un entretien vidéo du journaliste avec Mediapart en mars 2021, où il disait d’Hubert Védrine : «
C’est un négationniste […] qui de fil en aiguille se retrouve presque dans un rôle de Faurisson. » Robert Faurisson est connu comme l’un des fondateurs en France du négationnisme, qui nie l’existence de l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis.
D’après Patrick de Saint-Exupéry, Hubert Védrine a le tort de minimiser voire nier par divers moyens la responsabilité de la France, qui n’a pas empêché le génocide contre les Tutsis entre avril et juillet 1994.
« Un jugement de valeur »
Le tribunal correctionnel de Paris a estimé dans son jugement que «
les propos poursuivis ne peuvent […] être considérés comme diffamatoires, même s’ils sont péjoratifs et peuvent de ce fait légitimement déplaire à la partie civile ». Les juges y ont vu «
un jugement de valeur » et «
une appréciation purement subjective dont la pertinence peut être librement discutée dans le cadre d’un débat d’idées mais dont la vérité ne saurait être prouvée ».
L’avocat du prévenu, M
e Vincent Tolédano, s’est félicité de ce jugement.
«
Le tribunal a fait justice de la tentative du gardien du temple mitterrandien, reconverti dans le conseil aux entreprises, de bâillonner tout discours critique sur le jeu trouble de l’Élysée de 1990 à 1994 », a-t-il affirmé au sujet d’Hubert Védrine, qui conseillait à l’époque le président de la République François Mitterrand.
Également visés par la plainte, Edwy Plenel, à l’époque directeur de publication de Mediapart, et Valentine Oberti, la journaliste qui menait l’entretien, ont aussi été relaxés. À l’audience le 25 mars, Hubert Védrine avait expliqué ne pas se reconnaître dans l’idée d’un «
négationnisme ».