Fiche du document numéro 34179

Num
34179
Date
Mardi 30 avril 2024
Amj
Auteur
Fichier
Taille
321863
Pages
3
Urlorg
Titre
« 30 ans, ça suffit ! » : en RDC, la promotion de l’ethnicisme comme seule boussole
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Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation


Alors que le Rwanda commémore les 30 ans du génocide contre les Tutsi de 1994, la RDC, via son ministère de la communication, organise les émissions débats « 30 ans, ça suffit ! ». Cette stratégie promeut la théorie négationniste et complotiste du double génocide, qui vise à faire disparaître le génocide contre les Tutsi – seul génocide reconnu dans la région – dans un soi-disant crime plus grand et plus sombre.

Ancrée dans l’Afro-pessimisme et le racisme intériorisé, cette stratégie efface le poids de l’idéologie coloniale – hamitique et négrophobe – qui servit aux Belges à diviser pour mieux régner en classant la population locale en « vrais » et « faux » Africains ; en « autochtones » et en « envahisseurs ». Elle présente désormais une situation simpliste de pilleur-pillés qui efface convenablement les noms des multinationales et pays auxquelles la RDC brade effectivement son sous-sol.

Dans l’émission « 30 ans, ça suffit ! Nécessité de la cohabitation pacifique » du 26 avril, les protagonistes ont tous délivré un discours racialiste décomplexé et ce au nom de l’État congolais.

Tandis que le Rwanda se bat depuis 30 ans contre l’idéologie coloniale, rappelant que « Hutu » « Tutsi » étaient des catégories sociales mouvantes racialisées en ethnies par les Européens, le Ministre de l’Industrie congolais Julien Paluku se situe dans la droite lignée du Hutu Power génocidaire en parlant de peuples majoritaires et minoritaires, arguant du fait « qu’une minorité, ça se voit » et que « les Hutu au Rwanda représentaient avant et après le génocide 85% de la population ».



Le Professeur José-Adolphe Voto évoque « des génocides rwandais », une stratégie élaborée par les génocidaires Hutu ainsi que François Mitterrand, afin d’échapper aux condamnations pour génocide, et pour complicité de génocide.



Linda Bauma parle de l’accueil par le Zaïre des génocidaires Hutu au sein des camps situés à quelque pas de la frontière (violant ainsi le droit international). Des camps où ces derniers ont été reçus comme des frères, réarmés et soutenus idéologiquement dans une alliance des « bantous » contre les « hamites » qu’elle choisit d’évoquer telle une simple problématique de répartition des ressources et de partage des champs. Elle renforce également l’idée des ethnies Hutu et Tutsi lorsque l’ensemble des historiens reconnus experts des Grands Lacs déconstruisent ce principe raciste et colonial, depuis plus de 30 ans.



Le « notable » banyamulenge Énoch Sebineza délivre un discours confus, au sein duquel il admet subir des discriminations au faciès au Congo tout en parlant d’ « instrumentalisations politiques ».



Le modérateur, Omar Mbal Kahij posera une question d’un racisme criant : « Hutu rwandais et congolais ont pratiquement le même faciès, comment les démarquer ? », une idéologie qui n’est plus tolérée au sein des pays occidentaux, mais que chaque observateur, ONG, journalistes, chercheurs et politiques, semblent accepter et excuser pour des Africains qu’ils considèrent certainement trop peu évolués pour comprendre ou respecter les droits humains.

L’intégralité de l’émission présentera des lieux communs et mensonges à propos d’une prétendue paix entre toutes les ethnies congolaises sauf les Tutsi, un prisme maintes fois partagé par le nombre des commentateurs congolais ignorants sur les réseaux sociaux. Le niveau intellectuel démontre une pure et simple bêtise, qui serait risible si elle n’était pas ancrée au plus profond des stratégies des penseurs européens du racisme, reprises et sans cesse réadaptées à un contexte local par leurs meilleurs serviteurs.

Pendant que les invités au débat prétendent ignorer les violences réelles contre les Tutsi Congolais, Hema, Banyamulenge ainsi que toutes personnes ayant un faciès ou une nationalité « douteuse » au Congo, ils pérorent contre leur ennemi imaginaire, le Rwanda, encore accusé du pire : avoir profité d’une crise identitaire majeure pour « prendre le pouvoir ». Comprenez-ici : « le génocide contre les Tutsi, ils l’ont bien cherché ! ».

Un couteau dans les plaies des survivants et familles de victimes qui se recueillent en ce moment même, se remémorant leurs familles brutalement assassinées pour une idéologie que les leaders de la RDC promeuvent chaque jour, sur toutes leurs plateformes et ce sans conséquences.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024