Cette bande dessinée suit Alain et Dafroza Gauthier, un couple franco-rwandais, fondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, qui cherchent à recueillir des témoignages afin que soient poursuivis et condamnés les deux à trois cents Rwandais soupçonnés d’avoir participé au génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 et vivant tranquillement en France depuis. Les couleurs de Roudeau montrent la lumière des champs d’arbres à thé, mais des aplats plus foncés retournent la terre : «
mon pays est un cimetière », dit Dafroza. Massacres à l’église de Kibeho, à l’école technique de Murambi et sur les collines de Bisesero : l’ouvrage inscrit le génocide de 1994 dans l’histoire de la colonisation (allemande puis belge), qui importe l’idée d’une hiérarchie des races, et évoque les compromissions des autorités françaises. Les Gauthier ont toujours la foi, mais ils n’ont plus confiance en l’institution ; ils ont mis leur vie au service de la justice, qui «
restaure l’humanité », comme l’écrit Gaël Faye dans sa préface.