«
On a de la chance ! Ça n’a pas traîné », se félicite Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles du Rwanda (CPCR) qui traque, depuis vingt ans, les génocidaires supposés vivants en France. Mardi 19 septembre 2023, Pierre Kayonda [Kayondo], haut dignitaire rwandais, a été mis en examen pour «
génocide, complicité de génocide, complicité de crimes contre l’humanité et entente en vue de commettre ces crimes » et écroué à Paris. L’ancien préfet et député rwandais est suspecté d’avoir activement participé au génocide du Rwanda en 1994. Depuis plusieurs années, il vivait au Havre sous son véritable nom.
« Il aurait organisé des massacres »
C’est un journaliste du média indépendant
Le Poulpe qui repère et révèle la présence du politique rwandais au Havre en 2019. «
Il a dû obtenir la nationalité française », estime Alain Gauthier. Des membres du Collectif des parties civiles du Rwanda se sont rendus à l’ouest du pays, dans la province où Pierre Kayonda [Kayondo] aurait organisé le massacre systématique des Tutsis.
«
Pierre Kayonda [Kayondo]
était préfet de Kibuye, près de la frontière avec le Congo à côté du fleuve désormais nommé Karongi. Puis il a été député de la préfecture de Gitarama. Lorsque le génocide a commencé, il est rentré dans son village. C’est là qu’il aurait organisé des massacres. Nous avons recueilli des témoignages non seulement de rescapés mais aussi de tueurs qui l’ont connu et côtoyé durant le génocide », confie Alain Gauthier à
Paris Normandie.
En septembre 2021, muni de tous ces éléments, le CPCR dépose une plainte contre l’ancien édile auprès du pôle crimes contre l’humanité du tribunal de grande instance de Paris. «
Le parquet a ouvert une information judiciaire et une commission rogatoire a permis de mener l’enquête au Rwanda. Cette dernière vient d’aboutir avec la mise en examen de Pierre Kayonda [Kayondo] », confirme Alain Gauthier.