Fiche du document numéro 32529

Num
32529
Date
Mardi 30 mars 1993
Amj
Auteur
Fichier
Taille
2117405
Pages
3
Titre
TD Kigali 361. Objet : Entrevue avec le Président Habyarimana
Nom cité
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Résumé
President Habyarimana foresees a new RPF offensive for April 7 or 8, 1994. He complains that in Arusha, Colonel Marley, an observer from the United States, proposes that the rebels be integrated into the army up to 45% , which is unacceptable for the FAR. The president told the French ambassador that he would consider not running again after the transition period provided that his safety was assured and that he was safe from any legal proceedings. On this point he asks for the support and guarantee of France.
Source
Fonds d'archives
Type
Document diplomatique, TD
Langue
FR
Classification
SD
Declassification
Déclassifié par décision du ministre des Affaires étrangères 28/01/2016
Citation
Paris, le 30 Mars 1993

A l'attention de Monsieur le Président
de la République
- pour lecture.

TD KIGALI 361 30/03/93 10H15 - 726982 - 1/2

A-MSG SECRET DEFENSE | PR4

PR4 lecture du Président

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- PR4 MONSIEUR BRUNO DELAYE -

OBJET : ENTREVUE AVEC LE PRESIDENT HABYARIMANA

J'AI EU HIER UNE CONVERSATION DE PRES DE DEUX HEURES AVEC LE PRESIDENT HABYARIMANA. APRES QUELQUES COMMENTAIRES SUR LES RESULTATS DES ELECTIONS FRANCAISES, IL M'A DEMANDE OU EN ETAIENT NOS DEMARCHES AUPRES DES NATIONS UNIES POUR L'APPLICATION DE LA RESOLUTION 812 DU CONSEIL DE SECURITE. JE LUI AI DECRIT NOS EFFORTS POUR CONVAINCRE LE SECRETAIRE GENERAL DE NE PAS TARDER A ENVOYER DES OBSERVATEURS A LA FRONTIERE RWANDO-OUGANDAISE ET DE PROPOSER DANS SON RAPPORT UN SERIEUX APPUI TECHNIQUE DE L'ONU A L'OUA AFIN DE RENFORCER L'EFFICACITE DU GOMN. LE PRESIDENT M'A CONFIRME SON SCEPTICISME A L'EGARD DE CE DERNIER. IL S'EST ETONNE QUE LE SECRETAIRE GENERAL DE L'OUA, M. SALIM SALEH, PERSISTE A REFUSER L'AIDE DE L'ONU. LE PRESIDENT DIOUF LUI AVAIT POURTANT PROMIS D'INTERVENIR AUPRES DE CELUI-CI POUR QU'IL REVIENNE SUR CE REFUS.

LE PRESIDENT HABYARIMANA PARTAGE NOTRE SENTIMENT SUR LA SITUATION TRES PREOCCUPANTE QUI REGNE DANS LA ZONE TAMPON. LE FPR NE L'A PAS COMPLETEMENT EVACUEE, IL Y A LAISSE DES OBSERVATEURS ET IL S'Y LIVRE A UNE PROPAGANDE POLITIQUE ASSEZ ETONNANTE, QUI CONSISTE A RECRUTER, NON PAS POUR SON PROPRE COMPTE, MAIS POUR CELUI DU MDR, UNE MANIERE POSSIBLE DE BROUILLER LES CARTES ET D'ACCENTUER LE CLIVAGE ENTRE CE PARTI ET LE MRNDD.

LE CHEF DE L'ETAT M'A CONFIRME LES BRUITS SELON LESQUELS LE FPR ENVISAGERAIT UNE NOUVELLE OFFENSIVE POUR LE 7 OU LE 8 AVRIL PROCHAIN, PRENANT PRETEXTE D'UN EVENTUEL BLOCAGE DE L'ACCORD DE PAIX. A CET EGARD, LES NEGOCIATIONS D'ARUSHA SUR LES POURCENTAGES DE PARTICIPATION A L'ARMEE NOUVELLE EN SERAIENT TOUJOURS AU MEME POINT. LE PRESIDENT S'EST PLAINT QUE L'OBSERVATEUR AMERICAIN, LE COLONEL MARLEY, PENCHAIT POUR LE FPR EN RECOMMANDANT A LA DELEGATION GOUVERNEMENTALE D'ACCEPTER L'INTEGRATION DES REBELLES A HAUTEUR DE 45 O/O, POURCENTAGE QUI SERAIT INACCEPTABLE POUR LES FAR.

MAIS LE VERITABLE OBJET DE NOTRE ENTRETIEN ETAIT D'ORDRE PERSONNEL. LE PRESIDENT M'A FAIT CONNAITRE QU'IL ENVISAGEAIT DE CEDER LA PRESIDENCE DU MRND ET DE SE CONSACRER AINSI ENTIEREMENT À LA GESTION DE LA TRANSITION. IL M'A AUSSI LAISSE ENTENDRE QU'A L'ISSUE DE CETTE TRANSITION IL NE VERRAIT PAS D'UN MAUVAIS OEIL LA PERSPECTIVE D'ABANDONNER LA PERSPECTIVE DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE APRES L'AVOIR EXERCEE PENDANT VINGT ANS. ENCORE FALLAIT-IL QUE SA SECURITE ET CELLE DE SA FAMILLE SOIENT ASSUREES. CEPENDANT LES ATTAQUES DONT IL ETAIT L'OBJET, LES CALOMNIES DONT IL VENAIT ENCORE D'ETRE VICTIME A L'OCCASION DE LA PUBLICATION DU RAPPORT DE LA COMMISSION INTERNATIONALE D'ENQUETE SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME AU RWANDA, LUI FAISAIENT CRAINDRE QU'IL NE SOIT PRIS DANS UN ''MONTAGE'' QUE SES ADVERSAIRES ORGANISERAIENT POUR PROVOQUER SA CONDAMNATION PAR UNE COUR SPECIALE DE JUSTICE. IL M'A CITE, A TITRE D'EXEMPLE, LE FAIT QUE LA COMMISSION D'ENQUETE AVAIT RETENU COMME UN ELEMENT ESSENTIEL LE TEMOIGNAGE DE JANVIER AFRIKA, JOURNALISTE ACTUELLEMENT EN

KIGALI 361 30/03/93 10H15 - 26902 - 2/2

PRISON, QUI A AFFIRME QU'IL AVAIT, EN QUALITE DE MEMBRE DES ''ESCADRONS DE LA MORT'' PARTICIPE A UNE REUNION CHEZ LE PRESIDENT, AU COURS DE LAQUELLE AURAIT ETE DECIDE LE DECLENCHEMENT DU MASSACRE DES BAGOGWE. OR, LE CHEF DE L'ETAT M'A AFFIRME QU'IL NE CONNAISSAIT PAS JANVIER AFRIKA. COMMENT, DANS CES CONDITIONS, CELUI-CI AURAIT-IL PU PARTICIPER A UNE TELLE REUNION DONT TOUS LES AUTRES MEMBRES AURAIENT ETE EN REVANCHE DES PARENTS OU DES PROCHES ?

LE PRESIDENT HABYARIMANA NE RECHERCHE PAS NOTRE PROTECTION SUR LE TERRITOIRE FRANCAIS. IL N'A PAS, EN EUROPE, LA FORTUNE QU'ON LUI PRETE. EN REVANCHE, IL NE DEMANDE QU'A VIVRE EN PAIX DANS SON PAYS, COMME KEREKOU OU SASSOU NGUESSO. IL AURAIT AIME CONSULTER DIRECTEMENT LE PRESIDENT MITTERRAND A CE SUJET S'IL N'AVAIT PENSE QUE CELUI-CI AVAIT ACTUELLEMENT DES PREOCCUPATIONS PLUS PRESSANTES. MAIS IL TENAIT, M'A-T-IL DIT, A CE QUE CE MESSAGE LUI SOIT TRANSMIS PAR MON INTERMEDIAIRE ET DANS LA PLUS GRANDE DISCRETION. IL SOUHAITERAIT QUE SON RETRAIT DE LA PRESIDENCE DU MRND ET SON ENGAGEMENT EVENTUEL A RENONCER A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE APRES AVOIR GERE LA TRANSITION AIENT POUR CONTREPARTIE UNE PROMESSE FORMELLE DE SES ADVERSAIRES DE NE PAS ENGAGER DE PROCES CONTRE LUI ET LES SIENS. IL COMPTE POUR CELA SUR L'APPUI ET LA GARANTIE QUE POURRAIT LUI APPORTER LA FRANCE EN QUALITE D'OBSERVATEUR À LA NEGOCIATION D'ARUSHA.

CETTE ENTREVUE AVEC LE PRESIDENT APPELLE DE MA PART LES OBSERVATIONS SUIVANTES. L'IDEE QU'IL DEVRAIT S'EFFACER DE LA SCENE POLITIQUE TOUT EN GARDANT UN ROLE D'ARBITRAGE ET DE GESTION DE LA TRANSITION ETAIT DEJA SOUTENUE PAR BEAUCOUP DE MEMBRES DE L'OPPOSITION INTERIEURE ET PLUS RECEMMENT PAR CERTAINS ADHERENTS DE SON PROPRE PARTI (NOTAMMENT LE MINISTRE DE L'INTERIEUR, M. FAUSTIN MUNYAZESA, QUI M'EN AVAIT PARLE). LE DEBAT AUTOUR DE LA PERSONNE DU PRESIDENT POURRAIT AINSI ETRE DEPASSIONNE. SON RETRAIT DE LA PRESIDENCE DE SON PARTI ET L'EVENTUALITE QU'IL NE REPRESENTE PAS SA CANDIDATURE A LA MAGISTRATURE SUPREME POURRAIENT BIEN METTRE EN PLEINE LUMIERE LES DIVISIONS QUI SONT LATENTES ENTRE LES COURANTS DE L'OPPOSITION INTERIEURE, NOTAMMENT AU SEIN DU MDR, ET DANS LES RANGS DU FPR LUI-MEME. LA VIE POLITIQUE DU RWANDA Y GAGNERAIT EN CLARTE ET EN COMPLEXITE ET IL N'EST PAS CERTAIN QUE LE PRESIDENT HABYARIMANA NE RETROUVERAIT PAS AINSI UNE PARTIE DU CHARISME QU'IL A PERDU.

LE CHEF DE L'ETAT SOUHAITERAIT RECEVOIR LA REPONSE A SA QUESTION PAR MON CANAL
MAIS DE LA MANIERE LA PLUS DIRECTE./.


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