Citation
SYNTHESE MENSUELLE DE RENSEIGNEMENTS
1 - Situation Générale
Le mois de mars n'a pas vu d'accalmie dans les combats qui se déroulent
au nord à pays principalement dans les secteurs de RUHENGERI et BYUMBA, où
Les tirs de mortiers la nuit sont quotidiens. Il on est de même des infiltrations, à partir de l'OUGANDA, du F.P.R. Les F.A.R. tout comme les rebelles déplorent tous les jours des morts et des blessés.
Cette situation entraîne une désaffection des campagnes, et une recru-
descence des réfugiés qui sont de plus en plus démunis.
Le moral de la troupe rwandaise n'est pas brillant et il n'est pas rare
que des actes insensés soient commis. Ainsi, dans la nuit au 22 au 23 mars,
un bataillon des F.A.R. a abandonné la position de NYABWISHONGUESI (5 Kms
Ouest-Sud-Ouest de KAGITUMRA) car il ne voulait plus attendre la reléve. La
position a donc été prise par les rebelles mais non renforcée car ceux-ci
ont cru au piège. Cette position a été reprises par les F.A.R. après plu-
sieurs attaques infructueuses.
D'autre part, le ministre de la défense Rwandaise craint une pénurie de
munitions et un envoi de 2000 obus a été demandé à la France.
Au cours des O7, O8, 09 et 10 mars 1992 des massacres inter-ethniques
ont eu lieu dans le BUGESERA (50 kms Sud-Sud-Est de KIGALI). Plusieurs cen
taines de morts principalement Tutsis sont à déplorer, et il est reproché à
l'Armée ainsi qu'à la Gendarmerie Rwandaises d'être intervenues trop tard
volontairement. Ces massacres ont entraîné des réfugiés (1500 dans la paroisse de NGENDA et 7300 dans celle de NYAMATA ). Le parti Libéral a formu-
lé des reproches à l'encontre des Français, allégant leur passivité pour
soutenir le régime Présidentiel à l'origine des massacres.
2 - Activité Diplomatique
Une réunion de la communauté un pays des grands lacs (RWANDA - ZAIRE -
BURUNDI) devait avoir lieu les 14 et 15 mars 1992 à GISENYI. Cette réunion
a été annulée la veille de son ouverture, sans raison valable connue.
A la suite de pressions émanant de l'opposition, principalement du M.D.R.,
la France a envisagé le retrait de l'Assistance Militaire Technique apportée
par le Commandant - (G.S.P.R.) à la garde présidentielle-A l'heure actuel-
le, ce retrait semble être reporté à août 1992.
Les ambassadeurs occidentaux semblent impuissants devant le refus du
Président d'ouvrir son gouvernement aux partis de l'opposition.
"2 Déèctassifre pa Cérit Fa
; du ministre de la Détense
. 1992
001153 du 12 HR 2021 Mars
3 - Politique intérieure
- Dans le cadre d'un remaniement ministériel, soi-disant souhaité par le
Président pour ouvrir son gouvernement au multipartisme, après maintes difficultés un protocole d'accord a été signé par les partis de l'opposition
qui se sont prononcés pour le choix d'un Premier Ministre appartenant au
M.D.R. Cet accord date depuis la mi-mars mais le Président jusqu'à présent
malgré de nombreuses pressions internes et externes, ne veut pas se pronon-
cer. Ceci provoque une incertitude politique inquiétante même si l'espoir
(vain de l'avis général) des partis de l'opposition les incite à ne pas
provoquer des manifestations qui pourraient dégénérer, mais cette situation
ne peut pas perdurer.
- Les finances du RWANDA semblent être au plus bas, la. guerre coûte cher,
et les employés de certaines administrations, P.T.T, notamment, ne sont pas
sûrs d'être payés au mois d'avril. De plus la paye des Gendarmes a été diminuée, d'où mécontentement.
—- À KIGALI, la situation intérieure se dégrais et des attentats sont perpétrés :
+ Le 04.03.1992 à 19H30, explosion entendue dans le centre de KIGALT,
aucune explication plausible donnée par les autorités légales.
+ Le 07.03.1992 à à 07H50, sur une piste située dans l'agglomération de -
KIGALI, explosion d'une mine anti-char qui a détruit un camion sans faire
de victime.
+ Le 19.03.1992 à 13H30, à la gare routière de KIGALI, explosion criminelle d'un
taxi-brousse, bilan trois morts, une trentaine de blessés dont trois graves.
++ Le 24.03.1992 à 12H00, trois grenades. ont explosé à proximité du
Golf de KIGALI, sans faire de victime.
+ Le même jour à 20H00, une grenade a explosé derrière l'hôtel du
Méridien, et une autre a été decouverte non explosée mais dégoupillée. Cette
seconde action semble être le fait de cambrioleurs qui ont lancé ces grena-
des pour protéger leur fuite.
+ Le 26.03.1992 à 09130, dans le quartier de Nyamirambo (sud-ouest do
la capitale), une mine anti-personnel a explosé au passage d'un véhicule,
aucune victime.
+ Le 28.03.1992 à 20H30, zone industrielle de KIGALI, deux explosions,
dont l'origine n'a pû être déterminée, ont été entendues.
Ces genres d'attentats sont également perpétrés dans le reste du pays
et provoquent parfois des morts.
Sur l'origine de ces actes, deux versions s'opposent :
+ celle émanant des partis de l'opposition qui accusent le pouvoir
qui légitimerail ainsi son refus à l'ouverture au multipartisme.
« - Divers
- La population coopérante est inquiète de la dégradation intérieure du
pays. Elle craint pour sa sécurité en cas de conflits civils.
- La présence militaire française est jugée, soit pas assez engagée par
le parti au pouvoir, soit trop engagée au soutien du Président par les partis de l'opposition, Cependant, pour l'instant aucune animosité à son encontre ne se ressent.
5 - Forces françaises stationnées sur le territoire
Le détachement NOROIT est stationné. à KIGALI, et ses sorties sont pour
l'instant limitées. Cependant, un groupe est installé en permanence au
camp militaire de MUKAMIRA (20 kms de RUHENGERI)
Le détachement NOROIT a escorté des convois d'aiide humanitaire offerte
par la C.E.E. aux réfugiés du BUGESERA, de BYUMBA et de RUHENGERI .
I - Situation et évolution au cours du mois écoulé, évolution prévisible.
- Aucune évolution marquante n'est intervenue dans les zones de.combat.
- La dégradation du climat intérieur est nette, et tout est possible,
aussi bien un embrasement civil, qu’un apaisement. Cependant le pessimisme
des diplomates occidentaux n'encourage pas l'espoir de voir évoluer favora-
blement la situation, et ceci en raison de l'entêtement du Président à ne
pas vouloir désigner un premier ministre issu de l'opposition.
Ueclassifié par décision
du ministre de la Détense
N° #01153-du 1212021
- AMBIANCE GENERALE :
Le 06 mars 1992 a vu l'arrivée du 2e R.I.M.A. en remplacement du 2e
R.E.P. Il est composé de 168 Officiers et Sous-officiers stationnés dans
six cantonnements différents bénéficiants de tout le confort souhaité, à
l'exception d'un (météo aéroport) auquel les aménagements nécessaires
vont être apportés.
Le plus grand danger pour les militaires en place est le manque d'ac-
tion caractérisé par l’absence de sorties sur 1e terrain, due à la situa-
tion conflictuelle du pays. Cet état est en voie de changement, et la pers-
pectives de sorties a été appréciée par tous.
Les éléments du 2° R.I.M.A. se sont vite intégrés à la vie locale et
les rapports militaires - coopérants occidentaux ainsi que militaires -
Rwandais sont bons.
De l'avis général, 1e séjour actuel au RWANDA est qualifié de '" bonne
tournante " par les militaires français du 22e. R.I.M.A. qui sont agréable-
ment surpris par les conditions de vie du pays.
Fa SSiTIÉ par décision
U ministre de la Détense
N°. 001153 du 12H 2021
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