Résumé
- Operation Turquoise, which began 24 hours ago in Rwanda, is taking place under satisfactory conditions. At least that is what the French general staff confides tonight. The soldiers have indeed begun their patrols within the country itself. And already the French forces are protecting several refugee camps.
- On the road to Cyangugu, here are the first French soldiers who crossed the Rwandan border yesterday afternoon [June 23]. About fifty men came as scouts. Their mission has been clearly defined: to protect human lives and if necessary to use their weapons. Pierre-Jean Segnier, "commander": "The experience of humanitarian operations that have taken place recently proves that it is necessary to be able to show enough force to avoid using it and being forced to engage in combat".
- The news of the arrival of the first French soldiers spreads quickly. Spontaneously, the population massed at the edge of the roads cheers the soldiers considered as saviors. Many of them didn't even dare to hope anymore. It's the end of a long nightmare.
- First stage of this intervention without the slightest shot, the Nyarushishi camp where 8,000 Tutsi refugees live. The French soldiers disarm the Hutu militias. For the first time in months residents who feel protected will manage to get some sleep.
- Jacques Lanxade: "The deployment is continuing. The means are being put in place. And gradually we will continue our reconnaissance operations to determine exactly what the situation is, what are the problems we will be confronted with".
- The French paratroopers, as they progress, proclaim loud and clear that henceforth all civilians without exception, Hutu as well as Tutsi, are placed under their protection.
- The killings must stop. Going up towards the North they will however discover the first mass graves, witnesses of the genocide which struck Rwanda. The horror. Those who only yesterday disapproved of this French intervention are tonight more and more of them changing their minds.
- But in Kigali, on the spot, the situation remains very tense: bombardments, in particular on the Red Cross hospital, today left five dead.
- On the diplomatic level, it seems that France's action receives the support of several African countries. As for our European partners, they also plan to help the French operation. In short for Alain Juppé, who is at this very moment at the European summit in Corfu, "France, he says, finally awakens apathy". Alain Juppé: "I was able to see today that all our partners approved of France's initiative and, in various forms (sending planes, sending medical units), were ready to join in logistically. This is an action in which France took the initiative. The United Nations gave it the green light. It is being deployed on the ground under the conditions we had planned. I hope that the example thus given can then involve the international community".
Citation
[Gilles Leclerc :] Madame, Monsieur, bonsoir. L'opération Turquoise entamée depuis 24 heures au Rwanda se déroule dans des conditions satisfaisantes. C'est du moins ce que confie ce soir l'état-major français. Les soldats ont entamé en effet leurs patrouilles à l'intérieur même du pays. Et déjà les forces françaises protègent plusieurs camps de réfugiés. Jean-François [Joël-François] Dumont.
[Joël-François Dumont :] Sur la route qui mène à Cyangugu, voici les premiers soldats français qui ont franchi hier après-midi [23 juin] la frontière rwandaise [un bandeau blanc "aujourd'hui Rwanda" s'affiche en haut de l'écran ; on voit un camion militaire rempli de soldats français passer devant un panneau indiquant la direction de Cyangugu]. Une cinquantaine d'hommes venus en éclaireurs. Leur mission a été clairement définie : protéger les vies humaines et s'il le faut utiliser leurs armes.
[Pierre-Jean Segnier, "commandant" [il porte un béret vert] : "Euh, l'expérience des… ex…, euh, des opérations humanitaires qui ont eu lieu, euh, dernièrement prouve que, en fait, il faut pouvoir montrer suffisamment de force pour éviter justement de s'en servir et d'être obligé d'engager le combat".]
La nouvelle de l'arrivée des premiers soldats français se propage vite. Spontanément, la population massée au bord des routes acclame les militaires considérés comme des sauveurs [on voit des gens qui acclament les militaires français le long de la route en tenant un drapeau tricolore ; d'autres brandissent un panneau sur lequel est écrit "VIVE LA FRANCE"]. Beaucoup d'entre eux n'osaient même plus espérer. C'est la fin d'un long cauchemar [gros plan sur le camp de Nyarushishi].
Première étape de cette intervention sans le moindre coup de feu, le camp de Nyarushishi où vivent 8 000 réfugiés tutsi. Les militaires français désarment les milices hutu. Pour la première fois depuis des mois les habitants qui se sentent protégés réussiront à trouver le sommeil [diffusion d'images de réfugiés du camp de Nyarushishi].
"Amiral Jacques Lanxade, chef d'Etat-Major des armées" [on le voit en train de donner une conférence de presse ; une incrustation "Paris" s'affiche à l'écran] : "Le déploiement se poursuit. Euh…, les moyens se mettent en place. Et progressivement nous allons, euh, poursuivre nos opérations de reconnaissance pour déterminer exactement quelle est la situation, quels sont les problèmes auxquels nous serons confrontés".]
Les parachutistes français, au fur et à mesure de leur progression, clament haut et fort que désormais tous les civils sans exception -- hutu comme tutsi -- sont placés sous leur protection [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre localisant les villes de Goma, Bukavu, Gisenyi, Cyangugu et Kibuye ; une flèche au départ de Cyangugu pointe en direction de Kibuye].
Les massacres doivent cesser. En remontant vers le Nord ils découvriront pourtant les premiers charniers, témoins du génocide qui a frappé le Rwanda. L'horreur [diffusion de scènes de massacre]. Ceux qui hier encore désapprouvaient cette intervention française sont ce soir de plus en plus nombreux à changer d'avis [diffusion d'images de réfugiés].
[Gilles Leclerc :] Mais à Kigali, sur place, sur le terrain, la capitale, la situation reste toujours très tendue : des bombardements, notamment sur l'hôpital de la Croix-Rouge, ont fait aujourd'hui cinq morts.
Sur le plan diplomatique il semble que, euh, l'action de la France reçoive l'appui de plusieurs pays africains. Quant à nos partenaires européens, ils envisagent également, euh, d'aider l'opération française. Bref pour Alain Juppé, qui se trouve en ce moment même au sommet européen de Corfou, "La France, dit-il, réveille enfin les apathies".
[Alain Juppé, "ministre des affaires étrangères" [il s'exprime devant des journalistes ; une incrustation "Corfou" s'affiche à l'écran] : - "J'ai pu constater aujourd'hui que tous nos partenaires approuvaient l'initiative de la France et -- sous des formes diverses : envoi d'avions, envoi d'unités médicales -- étaient prêts à s'y associer sur le plan logistique. Un journaliste : - "Est-ce qu'on peut parler d'acte de politique étrangère et de sécurité commune dans ce cas de figure ?". Alain Juppé : - "Non, cette initiative n'est pas une action commune pour être tout à fait [sourire], euh, dans le langage officiel de la politique extérieure et de sécurité commune. C'est une action dont la France a pris l'initiative. Les Nations unies lui ont donné le feu vert. Elle se déploie sur le terrain dans les conditions que nous avions prévues. Je forme le vœu que, euh…, -- j'peux utiliser le mot -- l'exemple ainsi donné puisse entraîner ensuite la communauté internationale".]