Résumé
- The first French soldiers arrived in Goma at a base on the border between Zaire and Rwanda. A total of 2,500 will be engaged in Operation Turquoise to help civilian populations. This military action began with the green light from the UN.
- 10 votes for, five abstentions, the Security Council narrowly gave its authorization to French action in Rwanda yesterday [June 22] at the start of the evening. Almost immediately at the Zairian border, the start of Operation Turquoise: French forces, the number of which has not yet been communicated, were deployed to the border towns of Goma and Bukavu. They were sent from Bangui, their regrouping centre. At the same time, Jaguar planes prepositioned themselves at the Zairian airport of Kisangani.
- A total of 2,500 men must take part in the operation. Officially none of them had crossed the Rwandan border this morning. The staff indicated that the first objective of this operation, which is intended to be humanitarian, will be Cyangugu where 8,000 Tutsi refugees would be in danger.
- This very first mission obviously aims to convince the rebels of the Rwandan Patriotic Front, mostly Tutsis, of the impartiality that France wants to adopt in this conflict. For the time being, it has not succeeded: the leaders of the RPF still believe that the pro-Hutu policy pursued in the past by France disqualifies it from acting in Rwanda. For them, they reaffirmed, this is an aggression that will be fought with arms.
- This morning the Rwandan Patriotic Front reaffirmed its total opposition to the French intervention. However, its representatives promised that they would not have an aggressive attitude on the ground towards the French troops, unless the military prevented them from pursuing their objectives.
- Disappointed but not surprised the leaders of the RPF, present in Paris this morning, by the decision of the United Nations to support the French intervention in Rwanda. What these men expected from France was for it to equip UN troops for this mission, the humanitarian nature of which they do not deny, but above all not for Paris to send its own men into the field. What the opposition movement takes for pure provocation. Jacques Bihozagara, "representing FPR Europe": "We have no limit on our territory! If we have to move forward, we will do it where we want!".
- An aspect of things that will surely encourage the French soldiers on the spot to be very cautious. As for the French policy in Rwanda, it was not spared by the leaders of the RPF. Jacques Bihozagara denounces the partisan activism of certain collaborators of François Mitterrand who have so far prevented the President of the Republic from having a clear view of the situation in Rwanda. The leaders of the RPF, who do not lack arguments, are still wary of France, of its real good will, and think that this intervention remains a trap.
- France, taking this initiative, seemed rather isolated on the international scene. But Alain Juppé is not of this opinion. The head of diplomacy spoke before the Senate Defense and Foreign Affairs Committees. Alain Juppé: "I wanted to emphasize the fact that we obtained the resolution we wanted at the Security Council, which is not proof of France's isolation. Secondly, the reactions of principle from our American and European partners, Africans are very largely positive. Even if some and others obviously underline the difficult nature of this operation. We are aware of this more than others".
Citation
[Laurence Bobillier :] Les premiers soldats français sont arrivés à Goma sur une base à la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. Au total ils seront 2 500 engagés dans l'opération Turquoise pour venir en aide aux populations civiles. Cette action militaire a débuté dès le feu vert de l'ONU. Jean-Paul Gérouard.
[Jean-Paul Gérouard :] 10 voix pour, cinq abstentions [on entend le président de la séance dire à ses collègues : "Please raise the hands" ; une incrustation "New-York, hier soir [22 juin]" s'affiche à l'écran], c'est de justesse que le Conseil de sécurité a donné son autorisation à l'action française au Rwanda hier [22 juin] en début de soirée [on voit les membres du Conseil de sécurité en train de voter à main levée].
Presqu'aussitôt à la frontière zaïroise, déclenchement de l'opération Turquoise [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre indiquant les villes de Goma, Bukavu, Gisenyi, Cyangugu et Kigali] : des forces françaises, dont le nombre n'a pas encore été communiqué, ont été déployées sur les villes frontalières de Goma et Bukavu. Elles ont été acheminées depuis Bangui, leur centre de regroupement. Au même moment des avions Jaguar se sont prépositionnés sur l'aéroport zaïrois de Kisangani [diffusion d'une carte de l'Afrique centrale localisant les villes de Bangui en Centrafrique, de Kisangani et Kinshasa au Zaïre et de Kigali au Rwanda].
Au total 2 500 hommes doivent participer à l'opération. Officiellement aucun d'entre eux n'avait franchi la frontière rwandaise ce matin [diffusion d'images d'archives montrant des militaires français débarquer du matériel de gros-porteurs].
L'état-major a indiqué que le premier objectif de cette opération qui se veut humanitaire sera Cyangugu où 8 000 réfugiés Tutsi seraient en danger [rediffusion de la carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre précitée].
Cette toute première mission a évidemment pour but de convaincre les rebelles du Front patriotique rwandais [une incrustation "Goma (Zaïre)" s'affiche à l'écran ; on voit des réfugiés attendre devant un bâtiment] -- des Tutsi en grande majorité -- de l'impartialité que veut adopter la France dans ce conflit.
Pour l'heure elle n'y est pas parvenue [diffusion d'images d'archives de scènes de combat dans Kigali] : les dirigeants du FPR estiment toujours que la politique pro-hutu menée dans le passé par la France la disqualifie pour agir au Rwanda. Pour eux, ont-ils réaffirmé, il s'agit d'une agression qui sera combattue par les armes [on voit des soldats du FPR en train de tirer au fusil-mitrailleur dans une forêt].
[Laurence Bobillier :] Et ce matin le Front patriotique rwandais a réaffirmé son opposition totale à l'intervention française. Toutefois ses représentants ont promis qu'ils n'auraient pas sur le terrain d'attitude agressive envers les troupes françaises, à moins que les militaires ne les empêche de poursuivre leurs objectifs. Jean-François Gringoire, Marc Dou.
[Jean-François Gringoire :] Déçus mais pas surpris [une incrustation "Paris, ce matin" s'affiche à l'écran] les dirigeants du FPR, présents à Paris ce matin, par la décision des Nations unies d'appuyer l'intervention française au Rwanda [on voit Jacques Bihozagara, Théogène Rudasingwa et François Rutayisire en train de donner une conférence de presse]. Ce que ces hommes attendaient de la France, c'est qu'elle équipe des troupes de l'ONU pour cette mission dont ils ne démentent pas le caractère humanitaire mais surtout pas que Paris envoie ses propres hommes sur le terrain. Ce que le mouvement d'opposition prend pour de la pure provocation.
[Jacques Bihozagara, "représentant FPR Europe" : "Nous n'irons pas spécialement pour les rechercher. Mais si…, nous n'avons pas de limite sur notre territoire ! Le Rwanda c'est le Rwanda, et c'est le nôtre. Et si nous devons avancer, nous devons avancer où nous voulons !".]
Un aspect des choses qui incitera sûrement les soldats français sur place à la plus grande prudence [on voit Jacques Bihozagara montrer aux journalistes l'Ouest du Rwanda sur une carte affichée au mur]. Quant à la politique française au Rwanda, elle n'a pas été épargnée par les responsables du FPR.
[Jacques Bihozagara : - "Le drame, c'est que, euh…, dans ce milieu français, y'a des autorités qui ne veulent pas, euh, ouvrir la porte [ricanement]". Un journaliste : - "Lesquelles ?". Jacques Bihozagara : - "C'est le cas de l'Élysée, je dis".]
Jacques Bihozagara dénonce l'activisme partisan de certains collaborateurs de François Mitterrand qui auraient empêché jusqu'ici le président de la République d'avoir une vue claire sur la situation au Rwanda. Les responsables du FPR, qui ne manquent pas d'arguments, se méfient toujours de la France, de sa réelle bonne volonté, et pensent que cette intervention reste un piège.
[Laurence Bobillier :] La France en prenant cette initiative avait paru plutôt isolée sur la scène internationale. Mais Alain Juppé n'est pas de cet avis. Le chef de la diplomatie s'exprimait devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères du Sénat.
[Alain Juppé, "ministre des affaires étrangères" [une incrustation "le sénat, ce matin" s'affiche à l'écran] : "Je voulais souligner le fait que nous avons obtenu au Conseil de sécurité la résolution que nous souhaitions…, ce qui n'est pas une preuve d'isolement de la France. Et deuxièmement, les réser…, les réactions de principe de nos partenaires américains, européens, africains sont très largement positives. Même si les uns et les autres soulignent évidemment, euh, le caractère, euh…, difficile de cette opération. Nous en sommes conscients plus que d'autres".]
[Laurence Bobillier :] Et très logiquement c'est encore le Rwanda qui a inspiré Cabu [diffusion d'un dessin satirique montrant un soldat français dansant avec des Rwandais, dont certains sont blessés ou morts, sur un air de "Saga Africa"].