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Le 3 juil - Un accrochage limité a opposé dimanche des soldats français et des combattants de l'opposition rwandaise, dans le sud-ouest du Rwanda, où les hommes de l'opération Turquoise ont escorté près de 1.000 civils hors de la zone des combats.
Selon les responsables militaires français, une patrouille de parachutistes a répliqué à des tirs de combattants du Front patriotique du Rwanda (FPR, rébellion tutsie), dans le premier incident de ce genre depuis le début de la mission des troupes françaises au Rwanda, il y a dix jours.
L'échange, non loin de la localité de Butaré, d'où les soldats français évacuaient des civils, a duré trente secondes et n'a pas fait de victime dans les rangs des hommes de l'opération Turquoise.
Aucune indication sur d'éventuelles victimes du coté du FPR n'était disponible dimanche soir.
Dans le même temps, à Bruxelles, un responsable du FPR a dénoncé le projet français de création d'une "zone de sécurité" pour accueillir les déplacés dans le sud-ouest du Rwanda, dans une nouvelle démonstration de la méfiance de l'opposition rwandaise à l'égard de l'action de Paris au Rwanda.
Le gouvernement français a annoncé samedi à l'ONU son intention de créer une enclave où pourraient se réfugier les civils chassés par les combats qui tournent à l'avantage du FPR.
Le Conseil de sécurité doit transmettre mardi son "avis" sur cette propositon au secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali qui en fera ensuite part à la France.
Paris considère que le mandat que lui a conféré le Conseil de sécurité dans sa résolution 929 est suffisant pour aller de l'avant avec un tel projet.
La France a menacé de retirer ses troupes du Rwanda et de les replier sur l'est du Zaïre -au cas où une telle enclave ne verrait pas le jour- pour éviter qu'elles ne soient confrontées à l'avancée du FPR.
"La proposition française, c'est pour protéger les assassins", a assuré le responsable du FPR à Bruxelles. "Là où il y a des soldats français, les assassins circulent librement et ils donnent même des renseignements aux Français", a ajouté ce responsable.
A Butaré, les militaires de Turquoise ont évacué dimanche 700 orphelins -tutsis et hutus confondus- de la ville et 270 adultes.
Combats à Kigali
C'est la première évacuation aussi massive de personnes victimes des combats au Rwanda -commencés début avril- par les hommes de l'opération Turquoise.
Des religieuses menacées avaient notamment été évacuées par hélicoptères, il y une semaine, de la localité de Kibuyé, sur la rive du lac Kivu, frontalier du Zaïre.
Les orphelins, escortés par une unité de 45 soldats français, ont été conduits par la route jusqu'à la frontière burundaise pour être pris en charge par l'association humanitaire Terre des Hommes.
Ces évacuations faisaient suite à la progression du FPR dans la région de Butaré.
Le convoi militaire français visé escortait des véhicules transportant les 270 adultes, dont une dizaine de religieux européens. Il était composé de 15 véhicules et de 55 soldats, et avait franchi sans encombre un barrage du FPR composé d'une cinquantaine d'hommes.
Peu après, il a été pris sous des tirs venant d'une colline. Les soldats français ont répliqué notamment au fusil-mitrailleur et un seul impact de balle a été relevé sur un de leurs véhicules.
A Kigali, les combats se sont poursuivis autour du camp de la gendarmerie, dans le nord de la ville, l'un des derniers bastions des FAR (forces armées rwandaises).
Les forces gouvernementales, majoritairement hutues, ont réussi à conserver cette position essentielle dont la chute, selon les experts militaires onusiens, marquerait pour elles le "début de la fin".
L'état-major français avait annoncé samedi que Kigali était totalement encerclé par le FPR et que l'armée régulière était en difficulté, mais le général Roméo Dallaire, chef des casques bleus dans la capitale rwandaise, s'est refusé à confirmer l'isolement hermétique de la ville.
jch/mif/mfo